Archive dans 2022

La boulangerie Poilâne a activé une procédure de sauvegarde

Le jeudi 31 octobre 2002, un hélicoptère s’abîmait dans la baie de Cancale (Ille-et-Vilaine). Aux commandes, le boulanger Lionel Poilâne, qui se rendait avec son épouse sur l’île des Rimains. Après ce tragique accident, leur fille Apollonia Poilâne, âgée d’à peine 18 ans, reprenait avec courage le flambeau de cette fabrication d’un pain artisanal cuit au feu de bois. Vingt ans plus tard, l’entreprise familiale, établie depuis 1932 au 8 rue du Cherche-Midi, dans le 6e arrondissement de Paris, traverse une zone de turbulences.

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Selon une annonce commerciale publiée le 20 octobre, la société Poilâne fait l’objet d’une procédure de sauvegarde. Le jugement a été prononcé par le tribunal de commerce de Paris, mardi 4 octobre. Un administrateur et un mandataire judiciaires ont été désignés. Un coup dur pour cette entreprise emblématique, qui a fait du « pain Poilâne » une marque, mais surtout une référence de la boulangerie française sur les cinq continents.

Avec sa croûte épaisse et dorée, sa mie dense à la saveur acidulée, la miche maison ne laisse pas les palais des gourmands indifférents. Depuis les années 1980, elle est fabriquée dans une manufacture installée à Bièvres, dans l’Essonne, avec de la farine de blé broyée à la meule de pierre, du sel de mer et du levain prélevé sur la panification de la veille. Et, bien évidemment, la cuisson se fait au feu de bois.

Moins de visites en magasin

Avec son réseau de cinq boutiques à Paris – dont la dernière en date, dans le 17e arrondissement, s’est ouverte en mars – et une à Londres, l’entreprise familiale emploie au total 147 personnes. Ses comptes ont viré au rouge avec la crise liée à la pandémie de Covid-19. La PME a, en effet, affiché une perte de 1,7 million d’euros sur l’exercice clos en mars 2021, et une nouvelle perte de 1,9 million d’euros sur l’exercice fiscal suivant, pour un chiffre d’affaires avoisinant les 10 millions d’euros.

Avec les périodes de confinement, les touristes ont déserté Paris. Même les clients habituels ont espacé leurs visites en magasin. D’autant que les Français ont pris goût, pendant cette parenthèse du Covid-19, au pain fait maison. Ils n’hésitaient d’ailleurs pas à venir s’approvisionner en farine ou en œufs chez Poilâne.

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L’entreprise, qui confectionne également des gâteaux, n’a pas manqué de prendre de plein fouet les hausses des prix des matières premières, des transports, de l’emballage et de l’énergie. Elle affirme toutefois avoir connu des hausses du prix des céréales limitées, grâce aux relations étroites nouées avec ses partenaires en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France. Les prix des produits Poilâne, eux, n’avaient pas subi de réelle inflation.

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Time for the Planet, une « start-up climatique » qui séduit les jeunes et veut lever 1 milliard d’euros d’ici 2030

Les réveils en sursaut sont certes désagréables mais ils peuvent s’avérer salutaires. Celui de Mehdi Coly se range dans cette catégorie. En 2017, le jeune entrepreneur se trouve aux Etats-Unis où il développe ses activités autour d’un logiciel de référencement. Sur Facebook, celui qui se dit alors « un pur start-upper de la start-up nation » se fait interpeller par des partisans de la collapsologie. « Ils me disaient que la croissance infinie dans un monde fini, ce n’était plus possible. »

Mehdi Coly se lance alors dans la lecture des livres de l’ingénieur Jean-Marc Jancovici et de Pablo Servigne, théoricien de l’effondrement. « Après ça, je n’avais plus du tout envie de continuer », raconte-t-il. La naissance de son premier enfant, en 2018, enfonce le clou. « Je sais bien qu’il est trop tard pour éviter la catastrophe. Mais je veux pouvoir dire à mon fils que j’aurai tout fait pour la limiter. »

De retour en France, le trentenaire titulaire d’un master de droit européen partage ses réflexions avec Nicolas Sabatier, un comparse de ses années de fac de droit à Lyon-III pour co-construire avec lui le projet. Les deux amis ont monté, quelques années auparavant, une société de colonies de vacances inclusive. Puis chacun a repris sa route… Mais l’urgence climatique les rattrape. Reste à savoir comment agir. « L’idée c’était de prendre le meilleur de l’associatif et le meilleur de la start-up, résume Mehdi Coly. Côté associatif, c’est évidemment la cause. Côté start-up, c’est de partir de rien et impacter très fort sur le monde. »

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12 millions d’euros collectés en trois ans

C’est ainsi qu’en 2019, la start-up Time for the Planet voit le jour, portée par les deux hommes rejoints par Laurent Morel et Denis Galha Garcia, puis par Coline Debayle et Arthur Aubœuf. Le principe de Time for the Planet ? Il trouve sa source dans les rapports du GIEC qui insistent sur l’importance de l’innovation dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Beaucoup de gens ont des idées mais peinent à les mettre en œuvre, explique Nicolas Sabatier. Nous, on repère les innovations, on y adjoint l’exécution puis on amène massivement de l’argent. » Comprendre : les scientifiques ont de bonnes idées mais ne sont pas formés au business. Time for the Planet recrute les entrepreneurs qui pourront favoriser le développement mondial de l’innovation et assure le financement.

« Au-delà des marches pour le climat, il faut des solutions concrètes », affirme Victoria Falcone, 23 ans, étudiante à l’EM Lyon et actionnaire

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« Servir les riches », d’Alizée Delpierre : dans le huis clos de la domesticité

Livre. Ce sont des théâtres où les pièces se jouent à huis clos. Dans ces grandes maisons au calme apparent, les joies succèdent aux drames, et la comédie humaine s’exprime à plein dans un face-à-face entre grandes fortunes et domestiques. Durant plusieurs années, la sociologue Alizée Delpierre a poussé les portes de prestigieuses demeures pour donner la parole aux gouvernantes, aux majordomes, aux cuisiniers et autres nannies, mais aussi à leurs patrons. De cette enquête fouillée elle a tiré un essai, Servir les riches (La Découverte), qui offre une plongée saisissante dans le monde de la domesticité.

Un monde où les patrons jouent une partition des plus ambiguës. Pour les aristocrates et les nouvelles fortunes, « se faire servir relève d’un besoin, et non pas d’un confort ». Un besoin qui doit permettre de libérer du temps productif, mais aussi d’afficher son rang. Ils tissent souvent avec les domestiques une relation complexe, les considérant comme partie intégrante de leur famille, les initiant au savoir-être de leur milieu.

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Dans le même temps, « les grandes fortunes achètent le droit d’exercer la domination chez elles, sans distance, sans répit », exigeant une disponibilité sans faille. Elles n’ont pas la même rigueur sur le plan administratif : le travail des domestiques n’est souvent que partiellement déclaré, sans contrat écrit. En outre, dans l’intimité des grandes maisons, on croise des exigences folles (se faire réveiller par une berceuse chantée par deux domestiques en canon), des cas d’humiliation, de racisme décomplexé, d’exploitation, d’agression sexuelle.

Plus de 10 000 euros par mois

Les relations de domesticité sont faites d’un « mélange d’attachement et de répulsion, de proximité et de distance, de confiance et de méfiance », décrit Mme Delpierre. Cette ambivalence transparaît dans les témoignages des employés. Les corps s’usent, leur vie personnelle peut être inexistante, mais beaucoup d’entre eux se disent malgré tout satisfaits de cette « exploitation dorée ». Ils ont le sentiment que « [leurs] patrons [les] grandissent ».

Les avantages matériels sont parfois considérables (bons salaires, logement et repas fournis, cadeaux en nature, consultations médicales chez de grands spécialistes…). Des « belles histoires » circulent dans ce petit milieu qui regroupe quelques milliers de professionnels en France. Telle celle de Marius, 55 ans, qui gagne plus de 10 000 euros par mois et possède un appartement à New York. Une success story pour l’immigré roumain arrivé sans ressources en France à 18 ans, aujourd’hui assistant d’un riche PDG du CAC 40.

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Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron sur France 2 : réforme des retraites, critiques contre la Nupes et le RN, lutte contre inflation

Le président parle de sa « colère » contre la motion de censure de la Nupes votée par le Rassemblement national et appelle à une alliance avec Les Républicains

Emmanuel Macron revient sur la motion de censure qui, à 50 voix près, était adoptée sur le projet de loi de finances. « Jai vu aussi ce qui s’est passé ces derniers jours. Ça s’est joué à 50 voix près. Mais qu’est-ce qui s’est joué à 50 voix près ? J’ai entendu les déclarations triomphalistes de M. Mélenchon, “à 50 voix près, on y était”. Mais qui est ce “on” ? L’alliance de socialistes, écologistes, communistes, LFI, avec ceux du Rassemblement national. Vous pensez que nos compatriotes qui ont voté pour un député socialiste ou écologiste lui ont demandé de porter une majorité avec des députés du Rassemblement national et lui ont demandé de déposer une motion de censure qui a, à dessein, été changée par cette coalition baroque de la Nupes ? »

« Ce qui me met en colère c’est le cynisme et c’est le désordre. C’est ça, ce qui s’est passé, c’est qu’ils ont prouvé une chose : ils n’ont pas de majorité, mais ils ont surtout prouvé quoi ? Qu’ils étaient prêts, socialistes, écologistes, communistes et LFI, à se mettre main dans la main avec le Rassemblement national alors qu’il y a la guerre en Europe. Ils ont montré une chose : ils ne sont pas du côté du mérite, de l’ordre, du travail, de la solution de l’avancée. Ils sont du côté du désordre et du cynisme. Et je vous le dis, ça ne mènera à rien parce que ces gens-là ne sauront pas demain gouverner ensemble. »

« Le gouvernement a raison, avec la majorité relative, à porter le 49.3 », assure Emmanuel Macron. Quant à une éventuelle dissolution, le président répond : « Pourquoi voudriez-vous que je me lie les mains et que je vous dise ce que je ferais ? La dissolution est l’un de ces outils. Je connais notre Constitution. »

Emmanuel Macron a dit souhaiter « une alliance » avec les députés LR et ceux du groupe centriste Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) pour l’adoption de textes à l’Assemblée, estimant que ceux-ci avaient « envoyé un message clair » en ne votant pas les motions de censure déposées sur les budgets.

« J’ai vu en même temps ces derniers jours au Parlement qu’il y a des députés d’un groupe intermédiaire du centre, qu’on appelle Liot, qu’il y a les parlementaires Les Républicains qui n’ont pas voté cette motion de censure. (…) Moi, je pense qu’avec ces parlementaires-là, qui aujourd’hui ne sont pas dans la majorité, le gouvernement et la majorité à l’Assemblée ont intérêt à travailler pour passer la réforme sur le travail, la réforme sur les retraites, la réforme sur l’immigration que nous allons faire, la réforme que nous allons faire sur les énergies renouvelables. Et, oui, je souhaite qu’il y ait une alliance. »

L’enseigne Pimkie est reprise par Lee Cooper et Kindy

Pimkie sort du giron des Mulliez. Lors d’une réunion en comité social et économique, mercredi 26 octobre, au siège de Villeneuve-d’Ascq (Nord), les dirigeants de l’enseigne d’habillement féminin ont annoncé le projet de la céder à un consortium de trois investisseurs.

A savoir, d’après nos informations : la marque de jeans Lee Cooper, à hauteur de 70 % du capital ; Salih Halassi, repreneur du fabricant de chaussettes Kindy et des slips Mariner, à hauteur de 15 % ; et le groupe turc Ibisler Tekstil, l’un des fournisseurs de la chaîne nordiste, à hauteur de 15 %. L’opération doit être finalisée en début d’année 2023.

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Cette cession met un terme à près de six mois d’attente au sein de l’entreprise détenue par l’Association familiale Mulliez. Déficitaire depuis plusieurs années, à la tête de 230 boutiques exploitées en propre en France, pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 200 millions d’euros en 2020, Pimkie avait été mise en vente en mai. Depuis, les 1 200 salariés de cette chaîne fondée en 1971 pour suivre la mode du pantalon féminin craignaient que ce processus échoue.

Restructuration jugée inévitable

Car le retournement de la conjoncture économique n’encourage guère les investisseurs à s’intéresser aux entreprises du commerce de l’habillement. La liquidation judiciaire de Camaieu, au 28 septembre, et sa brutale cessation d’activité, trois jours plus tard, avaient d’autant plus inquiété les salariés de Pimkie. Tous redoutaient l’ouverture d’une procédure collective, quatre ans après un plan de sauvegarde de l’emploi, début 2018, qui avait débouché sur la fermeture de 37 magasins et la suppression de 208 emplois.

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Les nouveaux actionnaires « attendent d’être dans les murs » pour prendre des décisions de restructuration jugées inévitables, selon une source syndicale. Depuis janvier, Pimkie est dirigée par Philippe Favre, manager dit « de transition » du cabinet Prosphères, spécialiste des entreprises en difficulté. Les élus syndicaux redoutent une nouvelle vague de fermetures et un plan social. « Le respect des intérêts des salariés a (…) guidé le processus de sélection » des repreneurs, assure ce dernier par communiqué.

L’annonce de ce projet de cession intervient alors que, selon nos informations, l’Association familiale Mulliez a mis un terme à la structure Fashion Cube, créée en fanfare à Roubaix en décembre 2020. Présidée par Erwan Punelle, membre de la famille Mulliez, Fashion Cube chapeautait Pimkie, la chaîne masculine Jules, les enseignes féminines Grain de malice et RougeGorge, et mutualisait certains de leurs services de back-office.

La RATP condamnée pour « détournement de procédure » dans des conflits du travail

La RATP vient d’essuyer un revers sur le terrain judiciaire. Dans deux arrêts rendus le 19 octobre, les magistrats de la Cour de cassation ont estimé que l’entreprise avait commis « un détournement de procédure » à l’occasion de litiges, plutôt atypiques, avec d’anciens salariés. Ces derniers avaient été licenciés au motif qu’ils auraient pu représenter une menace pour leurs collègues et des usagers. Pour l’un d’eux, les juges ont ordonné sa réintégration dans les effectifs du groupe. L’autre pourrait connaître un sort identique – son cas devant être à nouveau examiné par la cour d’appel de Paris dans les prochains mois.

L’une de ces deux affaires concerne Salim, 32 ans, dont le prénom est modifié afin de maintenir son anonymat. En novembre 2017, la RATP le recrute en qualité d’« élève-conducteur de métro ». Parallèlement, la direction saisit le Service national des enquêtes administratives de sécurité (Sneas), rattaché au ministère de l’intérieur, pour vérifier si cet homme est « susceptible de commettre un acte portant gravement atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics ». Promulguée peu après les attaques terroristes à Paris, la loi du 22 mars 2016 permet, pour des fonctions sensibles, de réclamer de telles vérifications sur des candidats à l’embauche et sur des personnes déjà en poste qui souhaitent être mutées ou dont le comportement inspire des craintes. La RATP le fait systématiquement.

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En février 2018, le Sneas livre un « avis », communiqué uniquement à l’entreprise et dépourvu de la moindre motivation, dans lequel il estime que l’attitude de Salim n’est « pas compatible » avec le métier de conducteur de métro. Quelques semaines plus tard, la direction flanque son collaborateur à la porte en se prévalant des appréciations formulées par le Sneas.

« Exécution déloyale du contrat de travail »

S’ensuit une longue bataille devant plusieurs juridictions. Salim réfute l’idée selon laquelle il serait un individu dangereux. Il conteste également la procédure à son égard, pour plusieurs raisons. D’abord, l’avis du Sneas aurait dû lui être transmis pour qu’il puisse engager, le cas échéant, des recours contre celui-ci (devant l’administration puis le juge administratif). En outre, si de telles démarches avaient été accomplies, la RATP aurait dû attendre leur issue et proposer un autre poste à son salarié. Ce n’est que si le reclassement était impossible (ou refusé par l’intéressé) que le licenciement pouvait être décidé.

Le 18 mai 2021, la cour d’appel de Paris valide l’argumentaire de Salim et rend un arrêt favorable à celui-ci. Elle condamne le transporteur à 2 000 euros de dommages et intérêts « pour exécution déloyale du contrat de travail », tout en jugeant que le licenciement est sans « cause réelle et sérieuse ». Mais cette décision ne satisfait pas pleinement le plaignant : il veut l’annulation de la rupture du contrat de travail et sa réintégration dans la société de transport.

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Chômage : le nombre de demandeurs d’emploi reste stable au troisième trimestre

Après la baisse, la stagnation. Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, a fait du plein-emploi, autour de 5 % de chômage l’objectif de son second quinquennat, le nombre de demandeurs d’emploi ne connaît aucune évolution marquée au troisième trimestre. Selon les statistiques diffusées, mercredi 26 octobre, par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), qui dépend du ministère du travail, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a baissé de façon minime (− 0,1 %) au troisième trimestre, avec 3,164 millions de personnes sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte) contre 3,165 millions au deuxième trimestre. La variation est cependant plus importante à plus long terme avec une baisse de 10,9 % sur un an.

La stagnation du troisième trimestre est identique si l’on inclut les demandeurs d’emploi en activité réduite (catégorie B et C). Le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B et C), s’élève ainsi à 5,435 millions de personnes, en baisse de 7,1 % sur un an.

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Net coup de frein sur les recrutements

Une telle situation était relativement attendue dans un contexte économique compliqué et elle tend à montrer que le marché de l’emploi français résiste plutôt bien au ralentissement de la croissance (+ 0,2 au troisième trimestre), à la crise de l’énergie et à l’inflation. Début octobre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) avait annoncé « un ralentissement prononcé » de l’investissement des entreprises et d’une dégradation de leurs résultats, conduisant à un net coup de frein sur les recrutements.

Il faut par ailleurs noter une évolution plus défavorable pour les jeunes, puisque le nombre d’inscrits dans la catégorie A de Pôle emploi ayant moins de 25 ans augmente de 1,5 % au troisième trimestre, selon la Dares, à 372 300 demandeurs d’emploi. Un coup d’arrêt après une période de forte baisse (− 16,1 % sur un an) liée notamment à la forte croissance de l’apprentissage.

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L’autre évolution négative concerne le nombre de personnes en recherche d’emploi tout en exerçant une activité réduite courte (catégorie B) qui augmente de 5,5 % au troisième trimestre (750 600 contre 711 300 au deuxième trimestre) en métropole alors qu’en revanche, ceux qui exercent une activité réduite longue sont moins nombreux (− 2,7 %, à 1,456 million). Il est ainsi fort probable que de nombreuses personnes en contrat long soient passées en contrat court.

Des données qui correspondent plutôt à d’autres indicateurs publiés récemment. Ainsi, au troisième trimestre, selon l’Urssaf, le nombre des déclarations d’embauche de plus d’un mois hors intérim a progressé de 2,2 %. Une évolution portée notamment par les embauches en CDD de plus d’un mois (+ 3,4 %), tandis que celles en CDI enregistraient une hausse bien plus mesurée (+ 1 %).

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Appel à témoignages : retraité(e), vous conservez une activité professionnelle ? Racontez-nous

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Quelles pistes pour protéger les salariés de la sous-traitance ?

Carnet de bureau. « Chronopost, Accor, Carrefour, GM&S, on vit les mêmes choses. Donc c’est à ça qu’il faut s’attaquer », lance Vincent Labrousse, en parlant des dégâts de la sous-traitance sur les conditions de travail, sur l’emploi et, in fine, sur l’activité économique. « A La Souterraine, de rachat en rachat s’est organisée la destructuration de l’entreprise au sein de ses savoir-faire. » L’ex-délégué CGT de l’entreprise sous-traitante d’équipementiers automobiles GM&S La Souterraine intervenait au Sénat vendredi 21 octobre devant un parterre de salariés, de syndicalistes, de députés, réunis pour échanger sur ce qui fait « système » dans la sous-traitance et sur les pistes pour faire avancer la protection des salariés.

Dans la salle Médicis du Palais du Luxembourg, les témoignages poignants se sont succédé, à la tribune et dans l’assemblée, de salariés de l’aérien, de la distribution, du nettoyage, etc., parlant de « salariés qui ont peur », « traités comme des robots », sans respecter leurs temps de repos ni leur fournir de matériel de protection. Percevant des salaires inférieurs à ceux pratiqués pour le même métier chez le donneur d’ordre. Menacés de fin de mission immédiate à la moindre protestation.

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Quel que soit le secteur d’activité, leur avenir est suspendu au renouvellement du contrat commercial avec le donneur d’ordre. « La sous-traitance est un système qui permet ce genre de dérive, puisqu’elle remplace le contrat de travail par un contrat commercial, dans une relation triangulaire qui met le travailleur au milieu. Le donneur d’ordre peut ainsi ne pas se soucier des conditions de travail du salarié du sous-traitant, explique Clément Ruffier, chargé de mission à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. Dans le nucléaire, par exemple, 80 % du risque d’irradiation est porté par des travailleurs sous-traitants. »

Revoir la relation entre donneur d’ordre et sous-traitant

Ils n’ont d’ailleurs souvent aucun interlocuteur vers qui se tourner : salariés, voire – pire –autoentrepreneur sous-traitant de sous-traitant, personne ne les connaît chez le donneur d’ordre. Ce « système pervers et dangereux » génère « de nouvelles formes de vulnérabilité par une invisibilité de l’individu au regard de son organisation, déplore Pascal Savoldelli, sénateur communiste du Val-de-Marne. Les entreprises ont ainsi transformé des CDI en emplois de plus en plus précaires dans des boîtes de plus en plus petites ».

L’enjeu est dans les chiffres : « en 2017, 88,3 % des établissements de onze salariés et plus étaient impliqués dans la chaîne de sous-traitance en tant que donneurs d’ordre, preneurs d’ordre ou les deux », a rappelé l’économiste Julie Valentin. Actuellement c’est le donneur d’ordre qui met au travail, qui contrôle le travail, mais sans responsabilité à long terme. « Concernant les risques professionnels, dans les entreprises preneuses d’ordre, il y a plus de travail pénible et dangereux, mais pas davantage de moyens de prévention. Il faut réfléchir à la communauté de travail à partir d’une notion d’entreprise éclatée », suggère Nadine Thévenot, chercheuse au Centre d’économie de la Sorbonne.

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Recrutement : face aux pénuries de candidats, les entreprises se tournent vers l’international

Se tourner vers l’étranger ne garantit pas de trouver le candidat recherché, car la pénurie est générale. La plupart des pays recherchent les mêmes compétences dans les mêmes secteurs.

En matière de recrutement, « les entreprises n’ont pas eu beaucoup le temps de souffler entre la pandémie de Covid-19 et la crise actuelle. Des secteurs comme le médical, l’informatique, l’ingénierie manquent cruellement de personnel. La seule option pour certains profils est d’aller les chercher dans d’autres pays », explique Olivier Desurmont, président et cofondateur d’Anywr (anciennement Cooptalis), spécialiste du recrutement et du placement de candidats, freelance ou salariés, dans le monde entier.

L’accélération de la transformation numérique a accentué la demande et donc la pénurie de candidats en gestion de projets de transformation, en numérique, en télécommunications, etc. Mais la formation et la reconversion aux nouveaux métiers prennent du temps. Parallèlement, le télétravail a conduit nombre de salariés à déménager ou à démissionner, parfois pour travailler en indépendant. En conséquence, le marché de l’emploi est particulièrement tendu.

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Et se tourner vers l’étranger ne garantit pas de trouver le candidat recherché, car la pénurie est générale. La plupart des pays recherchent les mêmes compétences dans les mêmes secteurs. Les hôpitaux manquent de médecins et d’infirmiers, les informaticiens sont une denrée rare, la réindustrialisation prônée dans les pays occidentaux manque d’ouvriers et d’ingénieurs, et les chantiers de construction ralentissent ou sont reportés faute de personnel qualifié.

Trouver la bonne personne

« Partout, tous les profils dans tous les secteurs sont concernés. Il est aussi difficile de recruter des consultants que des gestionnaires, des développeurs ou des commerciaux », constate Nicolas Recapet, directeur de l’organisation et des ressources humaines de la société de services numériques Talan.

Le parcours du recruteur à l’échelle mondiale commence par l’identification des candidats, qu’il s’agira ensuite d’« impatrier » ou d’intégrer à distance, s’ils veulent rester dans le pays où ils sont installés. Il ne suffit pas de poster une annonce sur un job board, mais bien de s’engager à long terme, de part et d’autre, avec un contrat de travail en bonne et due forme, généralement à durée indéterminée.

S’il s’agit d’un candidat senior, qui s’expatrierait avec sa famille, l’entreprise devra l’aider à obtenir les visas, à trouver un logement, une école pour ses enfants, etc. La complexité du recrutement à l’international (recherche, démarches, validation de la candidature) a inspiré des sociétés qui en ont fait leur métier, comme Anywr ou Remote.

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