Laurent Berger : « Ce n’est pas en réduisant les droits des chômeurs qu’on atteindra le plein-emploi »
Laurent Berger considère que la réforme de l’assurance-chômage envisagée par le gouvernement relève de la « pure idéologie », mais il ne compte pas s’associer à la journée de mobilisation interprofessionnelle annoncée par la CGT le 29 septembre.
La hausse des prix continue de générer un fort mécontentement parmi les travailleurs. Est-il susceptible de se traduire par des grèves ou des conflits sociaux ?
La conflictualité est importante sur la question du salaire et du pouvoir d’achat. La caisse de grève de la CFDT, qui aide nos adhérents lorsqu’ils cessent le travail à l’occasion d’un différend avec leur employeur, a été nettement plus sollicitée au cours du premier semestre : dans 75 % des cas, les revendications portaient sur la fiche de paye. Tout laisse à penser que la question va rester très sensible cet automne. L’inflation demeure extrêmement forte. Quelque 140 branches professionnelles ont des minima salariaux inférieurs au smic. C’est inadmissible.
Que préconisez-vous pour atténuer les tensions ?
La puissance publique a un rôle à jouer. Elle doit notamment conditionner le versement des aides publiques au respect du smic par les conventions collectives de branches. Mais les employeurs ont aussi leur part de responsabilité : s’ils ne veulent pas être confrontés à des mouvements sociaux, ils doivent mettre du grain dans le moulin.
Les chefs d’entreprise répondent-ils présent ?
Les situations sont disparates selon les secteurs, mais nous ne sommes pas au bout de la discussion sur la question des rémunérations et du partage de la valeur. Le patronat, à l’échelon des entreprises, des branches et au niveau interprofessionnel, doit se mettre autour de la table afin qu’il y ait des avancées sur les salaires, l’intéressement, la participation.
La loi sur la préservation du pouvoir d’achat, adoptée durant l’été, ne répond-elle pas à vos attentes ?
Personne ne pourra dire qu’elle n’accorde rien, mais le thème du partage des richesses dans les entreprises n’a pas été suffisamment intégré. Celui-ci doit revenir sur le devant de la scène. On a un peu l’impression, du côté des employeurs, que crise après crise, on peut s’exonérer de toute responsabilité. Il faut au contraire que les efforts soient partagés. Les aides doivent par ailleurs être davantage ciblées sur les ménages les plus modestes.
La CFDT va-t-elle se mobiliser pour faire avancer ses demandes ?
Sur la question salariale, notre organisation est à l’action, lors de négociations ou de conflits dans des entreprises ou durant des négociations salariales de branches. Des secteurs sont en mouvement : les agents de la Sécurité sociale réclament une revalorisation du point d’indice, qui détermine le montant de leur rémunération. Les salariés du secteur des transports ont également des revendications salariales. Idem dans l’agroalimentaire ou la métallurgie.
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