Archive dans avril 2022

Avant le 1er-Mai, Philippe Martinez appelle le gouvernement à préférer les hausses de salaires aux aides ponctuelles

Les salaires, l’emploi, les retraites. Dans un entretien court et dense avec Le Parisien, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, appelle au rapport de force avec le gouvernement sur ces trois sujets, à la veille de la traditionnelle mobilisation syndicale du 1er-Mai.

Pour lui, la priorité est d’augmenter tous les salaires, et notamment de porter le smic à 2 000 euros brut, bien au-delà des 1 645 euros prévus à partir de dimanche. M. Martinez déplore qu’en matière de pouvoir d’achat, le gouvernement insiste surtout sur le dispositif de la prime versée par l’employeur et les aides ponctuelles :

La prime Macron reste au bon vouloir du patronat. Et les retours que nous avons nous disent que personne n’a touché le maximum prévu. Et beaucoup de salariés n’ont rien touché. Il faut des choses plus contraignantes. Les primes mettent du beurre dans les épinards mais elles sont bien souvent dépensées tout de suite. Or l’année fait douze mois !

« Problème de qualité de l’emploi »

Quant aux aides ponctuelles, « tous ceux qui sont dans la galère ne crachent pas sur des chèques », concède-t-il, mais « le problème du pouvoir d’achat est pérenne : la meilleure aide, c’est d’augmenter les salaires ». A ses yeux, l’exécutif peut également « agir, en tant qu’Etat employeur, sur le point d’indice des fonctionnaires ». Après les débrayages chez Amazon, Dassault ou Thales, « il faut que ces grèves se généralisent dans tous les secteurs pour exiger des augmentations de salaires », selon Philippe Martinez.

Au sujet de l’emploi, « l’autosatisfaction du gouvernement n’est plus possible », dénonce le dirigeant syndical, qui alerte sur « un développement de la précarité et un problème de qualité de l’emploi ». Du fait du mode de calcul, « on considère que travailler une journée ou une semaine dans le mois, ça fait baisser les chiffres [du chômage]. Mais peut-on payer son loyer et manger correctement quand on travaille une semaine par mois ? », demande-t-il.

Concernant enfin l’une des mesures phares prévues par Emmanuel Macron, « nous n’irons pas parler de la retraite à 65 ans », déclare tout net Philippe Martinez.

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Le Monde

Derrière la folie des « government jobs » en Inde, une génération en mal d’avenir

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Publié le 30 avril 2022 à 03h27, mis à jour à 09h48

Le lieu tient davantage du hangar que de la salle d’examen. Dans cet espace austère, 2 500 élèves, assis sur d’étroits bancs de bois, épaule contre épaule, planchent frénétiquement sur leur copie. Cette classe préparatoire de Patna, dans le Bihar (est de l’Inde), est spécialisée dans les examens d’entrée dans la fonction publique. The Platform accueille quotidiennement des milliers d’élèves, avides de tester leurs connaissances. Deux fois par jour, moyennant 10 roupies à peine, soit 12 centimes d’euros, ils peuvent venir passer un concours blanc.

Ici, on ne vise pas les très prestigieux examens d’entrée dans la haute fonction publique indienne. Les aspirants ont en ligne de mire les postes les moins qualifiés, qui ne nécessitent ni diplôme universitaire ni maîtrise de l’anglais. Même dans ces catégories, seulement une fraction des candidats parvient à décrocher un emploi public, souvent désigné sous le terme de « government job ». Les emplois de balayeur, de dactylo ou encore de réceptionniste pour le compte du gouvernement sont convoités, et la compétition est féroce.

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A Patna, le quartier de Musallahpur Hat, véritable jungle du coaching, est symptomatique de cette ruée vers l’emploi public qui obsède toute une génération d’Indiens. Il abrite un nombre incalculable de prépas similaires à The Platform. Cette partie de la ville en compte à elle seule un millier. Sur l’artère principale, l’horizon est bouché par l’empilement des pancartes publicitaires qui envahissent les façades tout en hauteur. Les silhouettes des instructeurs au statut de vedette font figure de produits d’appel, à l’instar de « Khan Sir », un enseignant dont la chaîne YouTube totalise plus de 15 millions d’abonnés.

Des panneaux publicitaires de centaines de centres de coaching et de centres d’études, à Patna (Inde), le 31 mars 2022.

Les rickshaws et les vélos, transformés en véhicules publicitaires, crachent les horaires des différents cours de soutien. Des dizaines d’échoppes installées sur la chaussée ne semblent vendre que des polycopiés artisanaux à prix réduit des sujets de concours des années précédentes. A l’intérieur de ces immeubles, plusieurs milliers de jeunes Indiens passent des examens blancs et suivent des cours de maths appliquées aux chemins de fer, de culture générale ou encore de raisonnement logique, dispensés par des professeurs équipés de micros serre-tête. Par 40 °C, ils s’entassent chaque jour dans ces salles sans climatisation, dans l’espoir de décrocher un jour un emploi public.

« C’est déprimant »

Enfants d’agriculteurs ou de petits commerçants, beaucoup sacrifient plusieurs années à l’unique préparation de ces concours, renonçant à un cursus universitaire. « Ma famille a tout misé sur moi et leur futur dépend de ma réussite », explique Purushottam Kumar, installé dans sa minuscule chambre d’étudiant de moins de 10 m2, sans fenêtre, qu’il partage avec un autre étudiant. Son père, un agriculteur, lui envoie tous les mois les maigres sommes gagnées grâce à la vente des récoltes. Des livres aux acronymes obscurs pour les néophytes s’entassent derrière lui. A 24 ans, il prépare depuis plus de six ans les concours de catégorie D des chemins de fer, soit ceux qui donnent accès aux emplois non qualifiés, s’infligeant des journées de dix à quatorze heures.

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Les défis du choix des réfugiés ukrainiens accueillis en France

Des Ukrainiennes participent à une réunion pour trouver un emploi en France à bord du ferry « Méditerranée » à Marseille, le 26 avril.

Face aux machines à coudre, les réfugiées ukrainiennes s’affairent. Attentives à ne pas perdre le fil, symbole du retour à la vie normale. « Elles sont très motivées et extrêmement courageuses », s’étonne, admirative, Louise Manière. La chargée de communication du groupe Altaïr a participé, mi-avril, à cette séance de tests de couture organisée par l’entreprise d’insertion, dans le but de recruter des réfugiées ukrainiennes.

Sur la vingtaine de participantes, douze vont être embauchées en CDD sur des postes de couturière et d’entretien d’espaces verts. Sans comprendre, ou presque, un mot de français. « En tant qu’entreprise d’insertion, on a l’habitude de travailler avec des personnes réfugiées, explique Louise Manière. On a des accompagnateurs et elles vont prendre des cours de langue. »

Selon les chiffres du ministère de l’intérieur, au 21 avril, près de 50 000 Ukrainiens fuyant la guerre avaient gagné la France. Les hommes ayant été réquisitionnés, ce sont principalement des femmes et des enfants qui ont trouvé refuge sur le sol français. Les employeurs leur ont rapidement ouvert les bras.

En réponse à l’initiative « Les entreprises s’engagent » lancée par le gouvernement, plus de 600 entreprises se sont manifestées sur la plate-forme, avec « 7 000 propositions d’emploi », principalement dans le secteur tendu de l’hôtellerie-restauration, a indiqué, le 1er avril, la ministre du travail, Elisabeth Borne. Dès la mi-mars, Adecco a lancé une plate-forme de recrutement à dimension européenne consacrée à la mise en relation entre Ukrainiens et employeurs. Au 26 avril, 4 000 réfugiés et 1 300 entreprises s’y étaient déjà inscrits.

« La plupart veulent être actives »

Bien que ces femmes soient arrivées il y a peu en France, souvent déboussolées et avec des enfants à charge, « il n’est pas trop tôt pour parler d’emploi, revendique Lydia Meyronnet, présidente de l’association Care 4 Ukraine. La plupart veulent être actives, travailler ».

Un tiers des Ukrainiennes suivies par l’association ont déjà trouvé du travail en France. Dans la commune de Potigny (Calvados), en Normandie, un producteur de fraises, qui recherchait des saisonniers pour sa récolte, a profité de cette main-d’œuvre bienvenue. L’association humanitaire Care 4 Ukraine a travaillé main dans la main avec la mairie, qui a mis en place deux habitats gratuitement et sans limitation de durée.

D’origine slave, ces réfugiés ont aussi pour eux « une réputation de travailleurs », ajoute, non sans ironie, Lydia Meyronnet. Depuis le 2 avril, les Ukrainiens sont en outre dispensés de demande d’autorisation de travail en France, ce qui allège grandement les démarches pour leur recrutement.

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Airbnb : « Peu de compagnies de cette taille sont allées aussi loin dans la liberté accordée à leurs salariés »

Les pieds dans le sable et l’ordinateur sur les genoux, ou sur la table du bar face à la plage. Le travail, cette torture infligée à Adam et Eve par un Dieu courroucé, peut-il s’accommoder de liberté et de loisir ? Brian Chesky en est persuadé. Le patron d’Airbnb a envoyé à ses 6 000 employés, jeudi 28 avril au soir, un mail qui pourrait bien changer leur vie.

Persuadé que la crise sanitaire ouvre une nouvelle ère en matière d’organisation du travail, il propose que tous les employés de l’entreprise puissent travailler d’où ils veulent. Désormais, chacun pourra choisir de travailler chez lui ou au bureau, s’installer dans n’importe quel endroit de son pays sans que son salaire change, ou n’importe où dans le monde. Pour compenser cette liberté absolue, des réunions d’une semaine seront organisées chaque trimestre.

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Airbnb n’est pas la seule société, notamment dans le numérique, à s’organiser ainsi. Elle n’a, à vrai dire, pas beaucoup le choix. L’informaticien est une denrée rare, et s’il a décidé de tenir ses réunions Zoom depuis son bungalow de Phuket, en Thaïlande, ou sur les Ramblas de Barcelone, il sera difficile de l’en dissuader. Toutes les entreprises du secteur se sont adaptées à cette nouvelle donne. La firme californienne y est d’autant plus sensible que plus de 20 % des locations qu’elle organise sont désormais de plus d’un mois et destinées à des télétravailleurs. C’est ce qui lui a permis de traverser la crise sanitaire dans de bien meilleures dispositions que les hôtels traditionnels.

Casse-tête

Peu de compagnies de cette taille sont allées aussi loin dans la liberté accordée à leurs salariés. « Il y a vingt ans, les entreprises de la Silicon Valley ont popularisé les bureaux ouverts et accueillants, qui ont été ensuite adoptés par toutes les entreprises, assure Brian Chesky. Aujourd’hui, les start-up se convertissent au travail à distance et à la flexibilité. Ce sera le mode de travail prédominant dans les dix ans qui viennent. »

Mais peut-on marier aussi facilement la flexibilité du travail à distance et le maintien d’un collectif dans l’entreprise, l’efficacité froide des réunions Zoom et la convivialité du café du matin entre collègues ? Choisir son lieu d’habitation ou de séjour sans contrainte peut résoudre bien des casse-tête pour trouver du travail, faire des économies et concilier vie privée et professionnelle.

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Cette évolution porte en germe une redéfinition profonde du travail, de la vie en société, et la destruction des structures collectives, souvent liées à l’entreprise. Les loisirs sont déjà largement à domicile, avec la télévision, la musique ou le sport ; les services publics se dématérialisent, même le médecin. Et maintenant le bureau. Par quoi seront-ils remplacés pour recréer du vivre-ensemble ? La liberté n’est jamais loin de la solitude. Et la solitude, du mal-être.

La hausse du smic met les entreprises sous pression

Sous l’effet de l’inflation, le salaire minimum va être revalorisé pour la troisième fois en sept mois. En hausse de 2,65 %, il atteindra au 1er mai 1 302,64 euros nets mensuels. Un peu plus de deux millions de salariés payés au smic vont ainsi percevoir 33 euros nets de plus par mois. Soit, pour eux, une augmentation cumulée de 5,75 % depuis l’automne 2021, rare pour le reste des salariés, qui n’ont droit à aucune revalorisation automatique. Avec ce nouveau relèvement, le smic rattrape donc mécaniquement le niveau des plus bas salaires.

Ainsi, au 1er mai, 83 branches professionnelles de plus vont voir le ou les premiers échelons de la grille de leur convention collective rattrapés par le niveau du smic, selon un décompte de la CFDT. En ajoutant celles qui s’étaient vu rattraper par les revalorisations précédentes, ce seront 144 sur 171 branches professionnelles de plus de 5 000 salariés qui auront des minima sous le smic, soit 84 %. Ce qui met les entreprises sous pression, alors que le sujet a provoqué nombre de grèves et de manifestations ces derniers mois.

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« On n’était plus habitués à gérer l’inflation, cette gymnastique de refaire les tarifs et les salaires en permanence, reconnaît Eric Chevée, vice-président chargé des affaires sociales à la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Si la question du salaire est cruciale, tant pour conserver nos effectifs que pour recruter, répercuter l’inflation et la hausse du smic à tous les salaires n’est pas simple. Cela dépend beaucoup du modèle économique de l’entreprise. »

« On ne peut donner que ce que l’on a »

A Limoges, l’entreprise de location de matériel de chantier BLS location a relevé en tout les salaires de 5 % en 2022. A la négociation annuelle obligatoire s’est ajoutée une hausse imposée par la branche, qui a renégocié la grille de la convention collective. « Heureusement qu’on a les reins solides, mais c’est très lourd pour les PME déjà en flux tendu pour leur trésorerie avec la flambée des prix de l’énergie, des matières premières, et le début des remboursements des prêts garantis par l’Etat », souligne sa DRH, Laurence Beaubelique, également présidente de la CPME de Haute-Vienne.

« On ne peut donner que ce que l’on a », observe de son côté Philippe Jouanny, président de la Fédération des entreprises de propreté. La branche va voir son premier échelon passer 1 centime sous le smic au 1er mai, alors que la dernière hausse, de 1,05 %, ne date que du 1er avril. « Quand vous faites entre 1 % et 3 % de marge et que votre masse salariale c’est 80 % du prix de la prestation, si vous augmentez les salaires de 2 % , vous ne faites plus de marge ! » détaille-t-il.

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Le retour en force du « team building » en entreprise

Etre salarié au sortir d’une pandémie peut mener à tout. Tenter de se photographier en groupe près d’un goéland qui s’envole dès qu’on l’approche, former à plusieurs un logo humain de l’entreprise, corps tordus en tous sens, ou se filmer traversant en file indienne, pieds nus, un passage piéton, tels les Beatles sur la pochette d’Abbey Road – et essuyer le commentaire goguenard d’un passant : « Vous manquez un peu de cheveux, messieurs ! »

Au centre-ville de La Rochelle (Charente-Maritime), sous un ciel ensoleillé, ils sont 70 à s’agiter par équipes, chronomètre en main, pour relever des défis loufoques. Au beau milieu d’un séminaire de trois jours, cette après-midi de team building (« renforcement d’équipe ») est voulue par Catana, le fabricant des catamarans Bali, après deux années de réunions à distance puis une explosion des ventes poussant à recruter à tout-va. D’âges et de nationalités variés, la petite troupe se prend étonnamment au jeu obligatoire. La glace se brise entre inconnus, des stratégies communes s’élaborent, dans un anglais de survie commerciale.

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« On s’était déjà parlé au téléphone mais, maintenant, on n’utilisera plus le même ton », sait déjà Mathilde, avec une énergie de meneuse, qui a sympathisé avec une homologue portugaise. Son équipe compte aussi Cyrille, quinquagénaire, concessionnaire pour la marque dans la ville. « On ne vous mettra pas sur TikTok, promis ! Allez… Bon, 100 euros par personne ? », propose-t-il, en désespoir de cause, à une bande d’ados croisée en ville, peu pressée de rejoindre une chorégraphie filmée. Peine perdue… « On joue mais on échange, une dynamique s’installe, on partage les valeurs de l’entreprise, on renforce le sentiment d’appartenance à la marque », croit percevoir Kasia Stodolska, responsable distribution pour l’Europe.

« C’est reparti comme jamais »

Le groupe Autreman, qui a imaginé ce « City express » pour Catana, fait face à une « très forte demande », selon son directeur Laurent Ouillet. Séminaires, team building, soirées d’entreprise… tous ces « plaisirs » vécus en société ont repris à l’été 2021. Cruelle, la cinquième vague du Covid-19, six mois plus tard, a repoussé la chasse au trésor avec Philippe, de la compta.

Mais depuis le début de l’année, le secteur de l’événementiel corporate sort le champagne du mini-frigo. « C’est reparti comme jamais, depuis le 3 janvier. En un mois, nous avons égalé le chiffre d’affaires 2019, calcule Thomas Faizant, cofondateur de Prochaine escale, qui crée de l’événement pour des start-up. Il y a un énorme enjeu à ce que les gens se voient physiquement. »

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Chômage : baisse de 5 % du nombre de demandeurs d’emploi sur le premier trimestre 2022

Le marché du travail semble rester en bonne santé en dépit de la guerre en Ukraine. Au premier trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a diminué de 5 % sur l’ensemble du territoire – outre-mer compris –, selon les statistiques publiées, jeudi, par la Dares – la direction chargée des études au ministère du travail. Cet indicateur se situe désormais à un peu plus de 3,19 millions et passe même sous la barre symbolique des trois millions (à 2,963 millions) si l’on ne tient compte que des variations pour la métropole, ce qui est sans précédent depuis près d’une décennie. Autant de bonnes nouvelles pour Emmanuel Macron, qui s’apprête à effectuer un second mandat, et pour le gouvernement sortant.

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Les évolutions sont favorables pour toutes les tranches d’âge, en particulier pour les inscrits dans la catégorie A de Pôle emploi qui ont moins de 25 ans : – 10,8 % entre début janvier et fin mars dans l’Hexagone, le recul étant encore plus ample sur un an (– 25,4 %). Une tendance sans doute imputable, en grande partie, à la forte croissance de l’apprentissage, soutenue par les aides accordées aux entreprises qui recrutent ce type de main-d’œuvre.

Emploi plus ou moins précaire

Ces chiffres sont toutefois contrebalancés par un autre phénomène, nettement moins positif. Le nombre de femmes et d’hommes qui recherchent un poste tout en exerçant une activité réduite (catégories B et C) continue, lui, de progresser (+ 0,6 % sur un trimestre en métropole). Il est probable qu’une partie des personnes auparavant inscrites dans la catégorie A en sont sorties en retrouvant un travail – à durée déterminée dans bien des cas –, si bien qu’elles continuent de pointer à Pôle emploi, mais dans les catégories B et C. Autrement dit, leur situation s’est améliorée, grâce à la reprise d’un emploi plus ou moins précaire.

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Le fait que les effectifs de la catégorie A continuent de refluer de façon aussi franche au cours des trois premiers mois de l’année était loin d’être acquis. Plusieurs données récemment publiées montrent, en effet, que l’économie tricolore est entrée dans une zone d’incertitude. Ainsi, au premier trimestre, le nombre de déclarations d’embauche de plus d’un mois hors intérim a très légèrement baissé ( – 0,5 %), selon l’Urssaf.

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« Politiques sociales : l’état des savoirs » : Une genèse sous influences

Le livre. Elles sont omniprésentes dans le quotidien des Français. Pension de retraite, congé de paternité, remboursement de frais médicaux, dispositif d’accompagnement de chômeurs de longue durée… Les politiques sociales recouvrent de multiples champs de nos vies personnelle et professionnelle et représentent, pour la puissance publique, un enjeu financier considérable : elles « absorbent aujourd’hui plus de la moitié de la dépense publique, pour les seules prestations sociales, ce qui représente 31 % du PIB de la France en 2018 », indiquent Olivier Giraud, directeur de recherche au CNRS et Gwenaëlle Perrier, maîtresse de conférences à l’université Sorbonne-Paris-Nord.

Dans l’ouvrage dont ils assurent la direction, Politiques sociales : l’état des savoirs (La Découverte), les deux auteurs proposent une analyse approfondie de ces politiques sociales, et avec elle de l’état de la recherche sur le sujet, en France et dans le monde.

Protection et accompagnement

De la mise en place de l’Etat social à la fin du XIXe siècle aux évolutions contemporaines (la création d’une cinquième branche de Sécurité sociale consacrée à l’autonomie), on assiste à la construction, complexe, de mécanismes de protection et d’accompagnement. Pour chacun d’eux, une constante : la multiplicité des acteurs qui entrent en jeu pour assurer son édification, ses réorientations successives, sa mise en œuvre.

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L’Etat est bien évidemment aux avant-postes, mais il n’est pas seul. Les collectivités locales ont aussi leur place, à la faveur des mouvements décentralisateurs, tout comme les institutions supranationales, au premier rang desquelles l’Union européenne. Associations, groupes professionnels (médecins libéraux, mouvements mutualistes, par exemple) ont aussi joué de leur partition, tout comme le patronat, de la politique familiale paternaliste dans l’industrie du XIXe siècle à la « bataille des charges » menée face aux cotisations sociales.

L’ouvrage détaille comment ces politiques sont le produit de compromis et de batailles d’influence entre ces différents acteurs. Portées par les vents économiques dominants et les dynamiques politiques, elles se sont également adaptées aux enjeux de leur temps, sous l’influence des luttes sociales (pour les retraites) et sociétales (pour les crèches et modes d’accueil pour enfants).

« Assistanat » et « figure du chômeur volontaire »

L’essai collectif rend en outre compte de thématiques de recherche originales, propres à renouveler l’approche du sujet et permettre de mieux comprendre les inclinations des politiques sociales. L’influence des représentations culturelles sur les systèmes de protection sociale, par exemple.

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Inflation : les PME prises en étau entre fournisseurs gourmands et clients mécontents

L’un des espaces de stockage des pièces en métal de Gauthier & Cie, entreprise de fabrication de tringles à rideau depuis 1888, à Gellainville (Eure-et-Loir), le 19 avril 2022.

« Au début, c’est le coton qui a flambé. Le prix de la matière brute a été multiplié par trois en deux ans. Le fil teint, lui, a pris 50 % en un an. Puis le polyamide, puis l’élasthanne, puis les pigments pour teindre les chaussettes, qui ont augmenté de près de 50 % sur le seul mois de mars, car ils viennent d’Europe de l’Est. Le tout avec une explosion des frais de transport. Faire venir un conteneur de coton d’Inde nous coûte sept fois plus cher [qu’en 2021] ! » A la tête de Maison Broussaud, une PME familiale qui fabrique des chaussettes pour plusieurs marques dans le Limousin depuis 1938, Alexandra Broussaud passe désormais une grande partie de son temps à calculer et recalculer ses coûts de revient.

Elle tente de desserrer l’étau dans lequel elle est prise, entre fournisseurs gourmands et clients mécontents. « Les premiers mois, on a essayé de ne pas répercuter cette hausse, en mangeant sur nos marges. Mais c’est intenable. La pérennité de l’entreprise est en jeu. Mes clients me disent qu’ils ne peuvent plus accepter d’augmentation de prix. Ils ne peuvent pas vendre une paire de chaussettes plus de 14 ou 15 euros. Ça ne passe plus. »

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Dans un tout autre secteur d’activité, Aurore Lebon doit se colleter avec les mêmes difficultés. « Tous les matériaux sont concernés : le laiton, qui n’est filé que dans deux pays d’Europe, l’Italie et l’Allemagne, a grimpé de 20 % environ depuis septembre [2021]. Tout comme les peintures. On manque de métaux, de composants électroniques pour fabriquer les moteurs de nos stores », explique la présidente de Gauthier & Cie, une entreprise artisanale installée près de Chartres, qui fabrique des tringles et stores haut de gamme.

Morvan Le Doze, dans l’atelier de Gauthier et compagnie, à Gellainville (Eure-et-Loir), le 19 avril 2022.

L’inflation ne ronge pas seulement le pouvoir d’achat des ménages, elle met aussi des milliers de TPE ou de PME dans une situation délicate. Pas besoin d’importer des matières premières, d’utiliser des machines-outils sophistiquées ou des métaux rares pour être touché. La flambée de l’énergie frappe toutes les entreprises, même dans le domaine des services à la personne.

« Négociations parfois très âpres »

A Creutzwald, en Moselle, Ludovic Faroult exploite une petite salle de sport dans le centre-ville. « La facture d’électricité pour chauffer et éclairer la salle, qui est ouverte sept jours sur sept, de 6 heures à 23 heures, a grimpé de 30 % depuis la fin 2021. Impossible de jouer sur le prix de nos abonnements, alors que nous sommes déjà dans une situation financière très délicate, avec trois concurrents dans la commune. Et nous venons d’apprendre qu’une nouvelle salle va ouvrir ! »

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Les horaires « atypiques » concernent désormais plus les femmes que les hommes, notamment parmi les moins qualifiés

Travailler avant 7 heures le matin, après 20 heures le soir, la nuit ou bien le week-end… Ces horaires dits « atypiques » concernaient 36 % des salariés en France en 2019, selon une étude publiée mercredi 27 avril par l’Institut national d’études démographiques (INED). Une proportion « massive », selon Anne Lambert, sociologue et autrice de cette étude, interrogée mercredi sur France Inter. Le chiffre est stable sur la dernière décennie, selon le rapport de l’INED, mais en augmentation sur vingt ans, notamment en raison de l’ubérisation de l’économie et du développement du travail le samedi et le dimanche.

Il cache surtout des réalités divergentes entre les niveaux de qualification, et entre les sexes. Selon l’un des principaux enseignements de cette étude, les femmes sont désormais proportionnellement plus nombreuses que les hommes à travailler avec des horaires atypiques (37 % contre 35 %). Parmi elles, les moins qualifiées sont les plus concernées et celles dont l’exposition aux horaires atypiques a le plus augmenté. Les cadres, à l’inverse, connaissent une « relative normalisation de leurs horaires de travail », mais doivent toujours composer avec des horaires « imprévisibles et variables ».

« La part des femmes cadres en horaires atypiques diminue de 23 % entre 2013 et 2019 tandis qu’elle augmente de 11 % pour les ouvrières non qualifiées. Chez les hommes, la polarisation sociale est moins marquée. La part des cadres en horaires atypiques diminue de 14 % tandis que celle des ouvriers non qualifiés stagne », constate l’étude, réalisée à partir des enquêtes « Conditions de travail » de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.

Les femmes travaillent davantage le week-end

L’étude explique :

« D’un côté, les politiques de conciliation du travail et de la famille dans les grandes entreprises ont pu contribuer à améliorer les conditions de travail des plus qualifiées (…). De l’autre, les femmes peu qualifiées sont surreprésentées dans les métiers du commerce où le travail dominical a progressé (vendeuse, agent de nettoyage…) ainsi que dans les métiers des services à la personne (aide-soignante, aide à domicile, aide ménagère), où les horaires atypiques sont structurels. »

« Toutefois, tandis que le travail du soir et de nuit a légèrement reculé entre 2013 et 2019, le travail du samedi, du dimanche et du matin (de 5 heures à 7 heures) a augmenté pour certaines catégories de salariés », selon l’étude. Les auteurs y voient une conséquence des lois qui ont étendu le recours dérogatoire au travail dominical et favorisé la modulation du temps de travail.

Là encore, les différences sont marquées entre les sexes. Les femmes travaillent plus souvent le samedi et le dimanche tandis que les hommes restent proportionnellement plus nombreux à travailler tôt le matin, le soir et surtout la nuit. Leur exposition aux horaires atypiques tend cependant à se réduire.

Cumul des contraintes

Parmi ces salariés soumis à des horaires atypiques, nombreux sont ceux qui cumulent d’autres contraintes : des horaires variables d’un jour sur l’autre pour 35 % d’entre eux, des journées discontinues, avec des interruptions de travail d’au moins trois heures (9 %) ou encore des horaires connus au maximum la veille (12 %). L’association entre les horaires atypiques et le sexe varie à la fois selon la catégorie socioprofessionnelle et selon le secteur d’activité, note également le rapport de l’INED. « Les ouvrières non qualifiées travaillent fréquemment comme agentes d’entretien tandis que les hommes sont plus souvent manœuvres dans le BTP, où les heures diurnes et en semaine sont plus fréquentes », cite en exemple l’étude.

Là encore, les femmes peu qualifiées sont particulièrement concernées. Les ouvrières et employées non qualifiées font ainsi plus souvent face à des journées discontinues et des horaires imprévisibles. Selon l’étude, ce groupe des « petits temps fragmentés et horaires imprévisibles » rassemble 18 % des salariés.

L’étude ne permet cependant pas de savoir si ces horaires atypiques sont le fruit d’un choix des salariés ou d’une contrainte. Sur France Inter, Anne Lambert a évoqué une proportion de deux tiers des salariés qui y seraient contraints. Parmi le tiers des personnes qui en font le choix, la sociologue estime qu’il s’agit majoritairement de femmes avec de très jeunes enfants.

Le Monde avec AFP