Archive dans avril 2022

Les Américains reviennent sur le marché de l’emploi

A Arlington (Virginie, Etats-Unis), le 16 mars 2022.

Deux ans après l’apparition du Covid, les séquelles de la pandémie sur le marché de l’emploi sont quasiment effacées aux Etats-Unis. Le taux de chômage a en effet reculé à 3,6 % en mars (-0,2 % par rapport à février), soit un niveau quasi identique aux 3,5 % qui prévalaient en février 2020, son plus bas niveau en 50 ans, selon les chiffres publiés vendredi 1er avril par le ministère du travail.

L’économie a créé 431 000 emplois au mois de mars. C’est un peu moins qu’attendu, mais il s’agit du onzième mois de hausse consécutive supérieure à 400 000. Résultat : le pays qui avait détruit 21,6 millions d’emplois lorsque éclata la pandémie, n’accuse plus qu’un retard de 1,6 million d’emplois par rapport à février 2020. « Les Américains sont de retour au travail. Et c’est une bonne nouvelle pour des millions de familles qui ont un peu plus de marge de manœuvre et la dignité conférée par un bulletin de paie », s’est immédiatement réjoui le président Joe Biden.

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Surtout, le phénomène qui fut qualifié de « grande démission » ces derniers mois, laissant penser que des Américains ne souhaitaient pas revenir sur le marché du travail, s’estompe progressivement. Le taux de participation à l’emploi (personnes ayant un emploi ou en recherchant un) a en effet progressé en mars d’un dixième de point, à 62,3 %. C’est moins bien que les 63,4 % d’avant crise, mais mieux que le 60,2 % d’avril 2020.

Un sursaut

Parmi les explications de ce sursaut : de moins en moins d’Américains se disent incapables de travailler en raison du Covid et des problèmes de garde d’enfants – leur nombre est passé de 8,8 millions en janvier à 2,8 millions en mars. Les retraités reprennent également un emploi : 3 % d’entre eux sont revenus en février selon le Wall Street Journal. Aujourd’hui, les effectifs des 25-54 ans présents sur le marché du travail dépassent en outre ceux de début 2020.

Les salaires horaires ont augmenté de 5,6 % sur un an et ceux hebdomadaires, de 4,6 %. Cette hausse reste inférieure à l’inflation et il n’y a pas d’emballement d’un mois sur l’autre, avec une hausse d’environ 0,5 % en mars. Le marché reste toutefois extrêmement tendu, avec deux offres d’emploi par chômeur. Ce qui devrait conforter la Reserve fédérale, la banque centrale américaine, dans son analyse selon laquelle le marché de l’emploi est extrêmement robuste, voire en surchauffe. Elle peut donc s’autoriser à provoquer un ralentissement économique en relevant ses taux directeurs – une hausse jugée nécessaire pour juguler la hausse des prix.

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L’aide au recrutement de chercheurs, pour favoriser les partenariats public-privé

Politique de l’emploi

[La politique de l’emploi s’appuie sur des dispositifs créés au fil des besoins, qui restent parfois méconnus longtemps après leur création. Quelle est leur efficacité contre le chômage ? Elle n’est pas toujours évaluée. Le Monde publie une série d’articles sur les aides à l’emploi pour tenter d’estimer ce que l’on en sait – leur objectif initial, leurs résultats.]

L’objectif du dispositif

Pour développer les partenariats entre le public et le privé tout en soutenant l’emploi des chercheurs, le gouvernement a mis en place dans le cadre du plan France Relance, en 2020, une aide permettant de financer l’emploi de personnel en R&D dans le cadre de projets menés en partenariat entre des laboratoires de recherche publics et des entreprises du privé.

Cette aide a été mise en place pour compenser la disparition de la règle dite du « doublement de l’assiette » du crédit d’impôt recherche (CIR), qui visait à inciter les entreprises à se tourner vers des organismes publics de recherche pour mener leurs projets. « La fin du doublement du CIR a inquiété les acteurs de la recherche publique, ce qui a incité le gouvernement à mettre en place ce nouveau dispositif », explique Florent Detroy, fondateur de POC Media, spécialisé dans la recherche partenariale entre public et privé.

Le fonctionnement

Dans le cadre de cette aide, de jeunes diplômés de niveau master (bac + 5) ou des doctorants sont accueillis dans des laboratoires publics et mis à disposition d’entreprises, dans le cadre d’un contrat de recherche collaborative. Cette prise en charge peut aussi concerner le personnel en R&D recruté en CDI au sein d’une entreprise : les salariés sont alors accueillis à temps partiel au sein du laboratoire pendant la durée du projet (de 12 à 24 mois). Le nombre de bénéficiaires est limité à vingt salariés par entreprise.

Toutes les entreprises à but lucratif créées avant le 1er janvier 2019 et qui disposent de capacités internes en R&D, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille, peuvent en bénéficier. Une priorité est toutefois donnée aux start-up et aux PME.

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Afin de bénéficier de cette aide, l’entreprise doit d’abord se rapprocher d’une structure publique de recherche. Les directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets, ex-Direccte), l’agence régionale d’innovation ou encore les services du secrétaire général pour les affaires régionales (SGAR) peuvent les orienter.

Le recrutement du jeune diplômé se fait au niveau de l’établissement de recherche. Dans un premier temps, l’entreprise peut simplement faire part de son projet de R&D à la structure, qui à son tour soumettra des profils adéquats à la cellule territoriale. La validation du projet ne sera définitive qu’une fois les personnes clairement identifiées.

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Anne Hidalgo perd son combat sur le temps de travail à Paris

Employés de la mairie de Paris, le 18 juillet 2020.

Anne Hidalgo n’avait pas besoin de cela. En grande difficulté dans sa campagne pour l’élection présidentielle, la figure de proue des socialistes vient parallèlement d’essuyer un lourd revers en tant que maire de Paris. Dans une décision rendue le 24 mars, le tribunal administratif de Paris juge illégal le principal dispositif imaginé par la Mairie pour que ses agents continuent à travailler moins de trente-cinq heures par semaine, et échappent ainsi à la nouvelle loi sur la fonction publique.

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Estimant que les quelque 55 000 éboueurs, policiers, bibliothécaires et autres agents municipaux parisiens ont désormais besoin d’un cadre « clair et stable », les élus socialistes ont décidé de ne pas faire appel du jugement, pour ne pas prolonger le suspense. La maire de Paris perd ainsi le combat politique et judiciaire qui l’opposait depuis plusieurs années au gouvernement sur ce sujet sensible. Un coup dur pour l’ancienne inspectrice du travail.

« Cette décision met à mal la libre administration des collectivités locales », regrette Antoine Guillou, l’adjoint chargé des ressources humaines. « Le tribunal demande simplement à la Ville de respecter la loi, c’était prévisible, corrige Maud Gatel, du MoDem. Que de temps perdu, alors que le texte date de 2019 ! » Les élus Les Républicains se montrent plus sévères encore : « Anne Hidalgo est volontairement restée dans l’illégalité pour acheter une forme de paix sociale. Mais une fois de plus, la réalité s’impose à elle. »

Les « quatre jours du maire »

Tout est parti de la loi d’août 2019 sur la transformation de la fonction publique. Selon ce texte soutenu par les députés macronistes, le temps de travail effectif des fonctionnaires territoriaux doit être partout en France identique à celui de la fonction publique d’Etat, l’équivalent de trente-cinq heures par semaine. Une question d’équité, selon la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin. Or, à Paris, les agents bénéficient d’un traitement plus favorable obtenu de longue date, à l’époque où Jacques Chirac tenait la Mairie. Grâce aux « quatre jours du maire » et aux « quatre jours d’hiver » accordés alors, les fonctionnaires de la capitale ne travaillent en moyenne que 1 552 heures par an, au lieu des 1 607 heures classiques. Dans de nombreux cas particuliers, ce temps est encore plus réduit.

Comment appliquer la loi sans provoquer une révolte des agents parisiens, peu enclins à travailler huit jours de plus par an pour le même salaire ? Tout en contestant un texte allant « à rebours du progrès social », les élus de gauche ont, comme dans d’autres communes, imaginé un système complexe visant à atténuer l’impact réel du texte, dont l’application est obligatoire depuis le 1er janvier 2022. La Mairie a ainsi créé de nouveaux jours de congé pour compenser en partie ceux que la loi impose de supprimer. Elle a en particulier décidé d’accorder à tous les fonctionnaires municipaux trois jours de RTT, justifiés officiellement par leur « sursollicitation » ainsi que par le bruit et la pollution auxquels ils sont exposés.

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