Archive dans janvier 2022

Prix de l’électricité : appel à la grève à EDF pour protester contre les mesures imposées par le gouvernement

Les mesures du gouvernement pour limiter la hausse des prix de l’électricité en France ne passent pas chez EDF. Les quatre principaux syndicats du secteur énergétique ont lancé, mardi 18 janvier, un appel commun à la grève des salariés d’EDF.

« On a eu une réunion interfédérale hier soir, les quatre organisations, FO, CFE-CGC, CFDT et FNME-CGT, ont fait un appel commun [pour] le 26 janvier », a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT chargé de la politique revendicative.

Les quatre syndicats de branche appellent, selon lui, « à protester contre cette décision scandaleuse d’augmentation du plafond de l’Arenh [accès régulé à l’électricité nucléaire historique], qui vient spolier le rôle d’EDF, voire organiser la destruction d’EDF ». « La situation est grave, l’attaque est lourde de sens, et la riposte doit être collective », a estimé, de son côté, FO Energie et Mines.

Alors que les prix de l’énergie flambent, le gouvernement a demandé jeudi à EDF, dont l’Etat possède 84 %, d’augmenter de 20 % le volume d’électricité nucléaire vendu à prix réduit à ses concurrents cette année afin de contenir la hausse des factures pour les consommateurs.

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Au lieu de vendre aux prix forts du marché, le groupe va donc vendre à un prix réduit jusqu’à 40 % de sa production électrique en 2022 et perdre des milliards d’euros – environ 8 milliards sur son excédent brut d’exploitation 2022, selon EDF.

La décision du gouvernement est un « choc », selon le PDG

La décision a ému jusque dans les plus hautes sphères de l’énergéticien. Dans un message interne aux « manageurs » d’EDF, le PDG, Jean-Bernard Lévy, a qualifié la décision du gouvernement de « véritable choc ». « Ce n’est pas ce que nous avions proposé au gouvernement », cette décision « va peser lourdement sur nos résultats », a-t-il souligné dans ce texte, consulté par l’AFP. « Beaucoup d’entre vous m’ont fait part de leur soutien, voire de leur indignation, et je partage votre émotion », a aussi écrit le PDG.

Cette décision du gouvernement, la semaine dernière, s’est ajoutée à de nouveaux retards pour l’EPR de Flamanville (Manche) et au problème de corrosion sur des systèmes de sécurité de nouveaux réacteurs. Le cours d’EDF avait plongé à l’issue de cette semaine noire.

« Nous serons aux côtés d’EDF pour les aider à passer cette difficulté », avait déclaré, la semaine dernière, Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, relançant des spéculations à propos d’une possible recapitalisation.

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L’appel du 26 est indépendant d’un autre mouvement social destiné à défendre une revalorisation des salaires dans l’ensemble du secteur de l’énergie, à l’appel de la seule FNME-CGT. Quelques sites ont devancé cet appel du 25 – des centrales thermiques à flamme (centrales électriques fonctionnant au gaz, au fioul ou à ce qui reste du charbon).

C’est notamment le cas de la Cetac (centrale d’exploitation des turbines à combustion), qui pilote six petits sites de production en Ile-de-France et en Bretagne, et de la centrale de Martigues, ce qui représente une indisponibilité d’environ 2 300 MW au total, selon la CGT.

Le Monde avec AFP

Les salariés du médico-social revendiquent des hausses de salaire et appellent à la grève

Ils sont psychologues, éducateurs spécialisés ou assistantes sociales, et réclament les mêmes revalorisations salariales que celles octroyées à leurs collègues soignants : les salariés du social et du médico-social, au service de personnes handicapées ou d’enfants en difficulté, sont appelés à la grève, mardi 18 janvier, pour dénoncer une « rupture d’égalité ».

De 450 000 à un million de professionnels, employés des fonctions publiques hospitalière et territoriale ou du secteur privé, sont concernés par cette situation, ont expliqué, lundi, lors d’une conférence de presse les représentants d’une intersyndicale CFDT-FO-UNSA.

Il s’agit de personnels non soignants – dont les administratifs et les techniciens – employés dans les établissements ou services qui prennent en charge des personnes âgées ou handicapées, mais aussi des enfants ou adolescents vulnérables, ou encore des sans-abri.

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« Les différences de traitement selon la catégorie socioprofessionnelle dans un même établissement ou un même service ne sont pas acceptables », a résumé lors de la conférence de presse Nathalie Pain, de la CFDT-Santé-Sociaux.

« Un problème d’équité »

Des hausses de rémunération de 183 euros net par mois ont été octroyées à l’été 2020 lors du Ségur de la santé aux personnels des hôpitaux et des maisons de retraite. Mais elles n’ont été étendues que progressivement et partiellement à d’autres secteurs, entraînant une fuite des compétences pour les secteurs mieux rémunérés et d’importantes difficultés de recrutement, dénoncent les syndicats.

« C’est un problème d’équité. Certains professionnels démissionnent, ils sont dégoûtés par l’absence de reconnaissance de leur métier », a souligné Didier Birig, de FO.

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En novembre 2021, le premier ministre, Jean Castex, avait annoncé qu’une « conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social » serait organisée avant le 15 janvier. Cette conférence avait toutefois ensuite été reportée dans le courant du premier trimestre, à une date non précisée, alimentant encore la colère des syndicats. Cette concertation aura finalement lieu le 18 février, a fait savoir, lundi, une source gouvernementale.

Le Monde avec AFP

« Dans les provinces chinoises, les fonctionnaires sont à la diète car les caisses sont vides »

Chronique. Dans ce pays où le « peuple » a la chance d’être au pouvoir, mais pas celle d’avoir des représentants syndicaux dignes de ce nom, c’est semble-t-il d’un simple message posté en décembre sur les réseaux sociaux que tout est parti. Une fonctionnaire de la ville de Hangzhou, dans l’est du pays, se plaignait ouvertement en ces termes : « Ecoutez ça. Mon salaire annuel est amputé d’environ 25 %. Ça fait 50 000 yuans en moins [6 900 euros]. Comment est-ce que je peux m’en sortir ? »

Même s’il a rapidement été censuré, le post a provoqué de multiples réactions. Certains Chinois en ont d’abord déduit que cette femme gagnait la coquette somme de 200 000 yuans par an, soit plus que de nombreux salariés du privé. Mais surtout, les langues se sont déliées. Hangzhou, qui a le privilège d’abriter le siège social du le numéro un du commerce en ligne Alibaba, n’est pas un cas unique. Un policier du Zhejiang aurait vu lui aussi son salaire amputé de 25 %. Dans cette province, dans le Guangdong et dans le Jiangsu, diverses primes auraient sauté. A chaque fois, on évoque des baisses de revenus de 25 % à 30 %. Dans le Shandong, c’est le treizième mois qui est passé à la trappe. Interrogée par un journal provincial, la municipalité de Suzhou, la « Venise chinoise », a reconnu procéder à un « ajustement » du salaire des fonctionnaires. Dans le Jiangxi, la ville de Dexing aurait ordonné aux enseignants de rembourser les primes perçues, soit 50 % de leur salaire.

50 millions de personnes

Le traitement des fonctionnaires chinois est d’une grande opacité. « Les départements chargés du personnel au sein du gouvernement sont, à l’image des départements chargés de l’organisation au sein du Parti [communiste], parmi les départements les plus mystérieux », notait Alfred Wu, un universitaire de Singapour, dans son ouvrage Governing Civil Service Pay in China, (Nias Press, non traduit), paru en 2014, mais qui continue de faire référence. On ignore jusqu’au nombre de fonctionnaires. On sait juste qu’ils étaient 7,1 millions (sans les enseignants) à la fin de 2015. Un chiffre qui ne tient pas compte des contractuels : environ 50 millions de personnes. Si une partie du traitement des fonctionnaires est fixe et définie par Pékin, une partie – qui peut être aussi importante – est variable. Primes, logement ou voiture de fonction, accès à des hôpitaux ou des écoles spécifiques… Tout existe.

Les collectivités disposaient d’une seule vache à lait : la vente de terrains aux promoteurs immobiliers. La faillite du leader du secteur, Evergrande a sifflé la fin de la partie

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Elus et salariés se mobilisent pour tenter de sauver 1 900 emplois chez Scopelec

L’inquiétude grandit chez les 3 800 salariés de la plus grande SCOP (société coopérative de production) de France, Scopelec, basée dans le Tarn et spécialiste des infrastructures et technologies de télécommunications. En juillet 2021, l’entreprise a perdu des contrats avec Orange pour un « marché d’exploitation et de maintenance des réseaux télécoms à hauteur de 150 millions d’euros annuels ». Soit près d’un tiers du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise (463,9 millions d’euros).

Selon la direction de Scopelec, qui se refuse à communiquer davantage, et les syndicats, près de 1 900 emplois sont menacés, dont 580 en Nouvelle-Aquitaine, 500 en Occitanie et 300 en Bourgogne-Franche-Comté. « Nous n’avons aucune information depuis un mois et la situation devient critique chez les salariés, qui s’interrogent de plus en plus », relate Frédéric Mazars, délégué syndical Force ouvrière (FO) et chef de chantier dans le Tarn.

Vendredi 14 janvier, ceux-ci se sont mis en grève sur des sites d’Occitanie, dans le Tarn, le Lot ou en Aveyron. La veille, une réunion était organisée dans les locaux du conseil régional. Le vice-président au développement économique, Jalil Benabdillah, se dit « extrêmement préoccupé » et parle également d’une menace sur 1 800 à 1 900 emplois. « Nous demandons qu’Orange suive formellement ce qu’ils nous ont promis, c’est-à-dire aucune perte d’emplois dans nos territoires », affirme l’élu.

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L’opérateur historique, détenu par l’Etat à 23 %, a confirmé au Monde que deux des trois lots attribués, suite à un appel d’offres lancé en janvier 2021, ont été perdus par Scopelec. Marc Blanchet, directeur technique et système d’information d’Orange de l’entreprise, explique : « Dans un secteur en forte concurrence, nous avons modifié un cahier des charges pour répondre aux demandes de nos clients. Scopelec, qui était notre premier sous-traitant, n’a pas donné de garanties et, surtout, de nombreux indicateurs qualité faisaient défaut depuis quelques années. » Le syndicat majoritaire chez l’opérateur, la CFE-CGC, a demandé un audit sur ces indicateurs, « par respect pour une relation longue de cinquante ans ».

« Pas un sous-traitant lambda »

Lors de cet appel d’offres national, la France était divisée en trente-cinq zones, dont trois pour l’Occitanie. Les entreprises Solutions 30, Sogetrel et SADE Télécom ont été retenues. Le 3 mars, Orange attribuera le dernier lot, dit d’intervention client travaux réseau, qui ne concerne que 200 à 300 emplois en France. Du côté de la région Occitanie et chez les salariés, l’espoir se porte vers les entreprises qui ont remporté les marchés et seraient susceptibles de reprendre des salariés de Scopelec.

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La pandémie de Covid-19 continue de menacer la reprise économique mondiale

L’économie mondiale est loin d’en avoir fini avec la pandémie de Covid-19, qui frappe la planète depuis deux ans. Alors que l’Organisation internationale du travail (OIT) évoquait, en janvier 2021, les « signes d’une timide reprise économique », bénéfique pour le monde du travail, la voici contrainte de revoir à la baisse ses perspectives. Dans un nouveau rapport, présenté lundi 17 janvier, l’agence tripartite des Nations unies (regroupant les représentants des gouvernements, des employeurs et des salariés de 187 Etats membres) annonce que ces perspectives « se sont dégradées (…), et un retour aux performances d’avant la pandémie risque de rester hors de portée pour une grande partie du monde au cours des prochaines années ».

En chiffres, cela donne quelque 52 millions d’emplois à plein temps (sur la base d’une semaine de travail de quarante-huit heures) perdus, soit un déficit de près de 2 % par rapport à la période d’avant la pandémie – il était espéré à moins de 1 %. En cause, le maintien à un niveau élevé de la circulation du virus à l’échelle internationale et l’apparition du variant Omicron, qui en a renforcé la propagation. « Chaque nouvelle flambée épidémique entraîne des reculs. Elle a ainsi eu de fortes répercussions sur de nombreux progrès en matière de travail décent réalisés avant la pandémie, et les déficits qui préexistaient pèsent sur les perspectives de reprise durable dans de nombreuses régions », écrivent les auteurs du rapport.

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Et le rétablissement de la demande devrait prendre du temps, craint l’OIT. Un cercle vicieux se met en place avec des revenus du travail maintenus à un niveau modéré, la perte de salaires pour un grand nombre de travailleurs sans mise en place de revenus de remplacement, entraînant une baisse significative de la demande globale. « L’effet est particulièrement marqué dans les pays en développement, où la part des populations économiquement vulnérables est plus importante et où l’ampleur des plans de relance a été moindre. »

Inégalités

Par ailleurs, de nombreux salariés qui avaient quitté la population active durant les deux dernières années ne l’ont pas réintégrée, contribuant à la sous-estimation du nombre de chômeurs. « Le taux de chômage mondial devrait rester supérieur à son niveau de 2019 jusqu’en 2023 au moins. » Comparé à 2019, le chômage mondial dépasserait de 21 millions son niveau de 2019, atteignant le total de 207 millions en 2022.

Les statistiques mondiales, comme souvent, cachent une réalité inégale. Le relèvement du marché du travail se fait plus rapidement dans les pays à revenu élevé, comme aux Etats-Unis ou en Europe. Les pays « à revenu intermédiaire inférieur », en Asie du Sud-Est, en Amérique latine ou dans les Caraïbes sont ceux qui connaissent la reprise la plus lente.

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Au-delà de la situation préoccupante du marché du travail, l’avenir s’annonce difficile pour les jeunes. En effet, souligne l’OIT, « la fermeture d’écoles, d’universités et d’établissements de formation professionnelle pendant de longues périodes dans de nombreux pays a affaibli les résultats d’apprentissage, ce qui aura des répercussions en cascade, à long terme, sur l’emploi et la formation continue des jeunes ».

Les évolutions économiques constatées durant les deux années de la pandémie pourraient aussi perdurer et « devenir structurelles ». « Nous constatons déjà des dégâts potentiellement durables sur le marché du travail, et nous assistons à une augmentation préoccupante de la pauvreté et des inégalités. De nombreux travailleurs se voient contraints de passer à de nouveaux types d’emplois, par exemple, en raison de la baisse d’activité prolongée dans le secteur des voyages internationaux et du tourisme », s’inquiète Guy Ryder, le directeur général de l’OIT. Pour l’organisation internationale, la reprise, pour être durable, devra se fonder sur les principes du travail décent, en matière de santé, de sécurité, d’égalité, de protection sociale et de dialogue social.

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Licenciements massifs dans les entreprises de la tech chinoise

Au siège de ByteDance, à Pékin (Chine), le 7 juillet 2020.

Quand des collègues des activités liées aux services financiers et à l’éducation en ligne chez ByteDance, le groupe détenteur de l’application TikTok, ont été licenciés, Mme Yang, 30 ans, ne s’est pas inquiétée. Ces deux business ont souffert en 2021 de plusieurs campagnes de régulation menées par Pékin. Mais, lorsque après six ans au marketing de la start-up chinoise la plus valorisée au monde, elle a été licenciée à son tour, Mme Yang est tombée des nues. « C’est arrivé tellement vite que je n’aurais jamais imaginé en être moi-même victime », témoigne la jeune Pékinoise.

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« Apparemment, on ne parvenait pas à vendre nos produits assez bien. Le chef de notre section et son adjoint ont été remerciés. On nous a proposé un transfert ou un licenciement, mais on nous mettait la pression pour partir. » Aujourd’hui, la jeune femme a décidé d’attaquer en justice l’entreprise, pour tenter d’obtenir de meilleures compensations.

Sous la pression d’une série de mesures de régulation, les géants chinois du numérique ont massivement supprimé des postes à la fin de l’année 2021. Le 8 janvier, le patron de New Oriental, l’un des leaders de l’éducation en ligne, a annoncé avoir licencié 60 000 employés au cours des six derniers mois. En août, le secteur du tutorat a été dévasté par une mesure imposant aux entreprises de devenir des « entités à but non lucratif ». New Oriental, l’un des pionniers, a perdu 90 % de sa valeur en Bourse, et son chiffre d’affaires a fondu de 80 %.

Abus de position dominante

Plus tôt dans l’année 2021, les fintech avaient subi les foudres du régulateur, de même que les propriétaires de plates-formes de ventes et de livraisons de repas, Alibaba et Meituan en tête, punis pour abus de position dominante. En juillet, le leader chinois des VTC, Didi, a fait l’objet d’une enquête, et a été contraint d’obtempérer en quittant la Bourse de New York, cinq mois après son introduction. Il a interdiction de recruter de nouveaux clients depuis cet été.

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Le ralentissement de l’économie chinoise n’arrange rien : après un rebond en 2020 grâce à un plan de relance post-Covid et des exportations dynamiques, l’économie chinoise a montré des signes de fatigue en 2021. La politique de tolérance zéro face au Covid permet au pays de protéger sa population, mais elle est de plus en plus coûteuse, à mesure qu’émergent des variants plus contagieux.

Les secteurs du tourisme et de la restauration sont les premiers touchés, mais la consommation générale ralentit, avec une augmentation de 3,9 % en novembre 2021, contre 4,9 % en octobre. Surtout, l’immobilier chinois, qui assure indirectement près de 30 % de l’activité, est à la peine, avec des prix en baisse depuis septembre et plusieurs promoteurs en difficulté, comme Evergrande. Là encore, ce sont les mesures prises par Pékin pour tenter de réguler un secteur surendetté qui ont fragilisé les entreprises.

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Après une année 2021 de tous les records pour les start-up françaises, 2022 s’annonce prometteuse

Et de 25 ! En annonçant, lundi 17 janvier, une levée de fonds de 293 millions d’euros, Exotec, un spécialiste des petits robots pour entrepôts logistiques, devient la 25e licorne française, soit une jeune entreprise valorisée au-delà d’un milliard d’euros. Avec ces nouveaux moyens, la société, qui compte déjà 360 salariés, prévoit d’embaucher 500 ingénieurs d’ici à 2025 et au moins autant d’employés sur les autres fonctions (production, maintenance, exécution…).

Il y a moins d’une semaine, le 11 janvier, c’est presque malgré elle que Back Market, une autre start-up tricolore, est devenue la jeune pousse la mieux valorisée de France. Après une levée de fonds de 450 millions d’euros, elle pèse désormais 5,1 milliards. Ce tour de table, Thibaud Hug de Larauze, le patron cofondateur de l’entreprise spécialiste du reconditionnement des produits électroniques, explique ne pas l’avoir sollicité : « On avait échangé avec Sprints Capital en mai 2021 à l’occasion de la précédente levée de fonds (276 millions d’euros) et le processus était allé si vite qu’ils n’avaient pas réussi à se positionner. Depuis, on s’est reparlé deux ou trois fois, ils voulaient vraiment présenter une offre, tous nos actionnaires étaient partants pour saisir cette opportunité. »

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Lever des capitaux privés semble n’avoir jamais été aussi facile pour la French Tech. Depuis le début de l’année, cinq jeunes entreprises ont annoncé d’importantes levées de fonds : la fintech Qonto a attiré 486 millions d’euros de financements le 11 janvier, Pay Fit, 254 millions, le 6 janvier, Ankorstore, 250 millions. La scène tech française a ainsi déjà attiré 1,7 milliard d’euros de capitaux, et créé autant de nouvelles licornes.

Tours de table

Le signe de la vitalité d’un écosystème dont le cabinet EY révèle les performances inédites dans un rapport publié lundi 17 janvier, portant sur l’année 2021. Avec 11,57 milliards d’euros levés par les start-up françaises, l’année surpasse de très loin (+ 115 %) les sommets atteints en 2020 (5,39 milliards). Autres records battus : ceux du nombre de tours de table de plus de 100 millions d’euros (22, contre 9 en 2020), de la plus grosse levée de fonds jamais réalisée (Sorare, spécialiste des NFT, avec 586 millions d’euros) et du nombre de licornes créées (douze). La France en compte donc désormais 25.

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A ces résultats, Franck Sebag, associé chez EY, apporte plusieurs éléments d’explication. Un effet rattrapage par rapport à une année 2020 dont les performances, quoique robustes comme jamais, ont été réduites du fait du Covid-19, avec une faible croissance des levées (+ 7 %, contre + 40 % les deux années précédentes). Un effet mécanique : avec des start-up de plus en plus matures, la France compte toujours plus de candidats à des très gros tours de table. Enfin, la percée des fintech tricolores, qui avait tardé à émerger. Parmi les 12 nouvelles licornes apparues en 2021, EY en répertorie cinq dans ce secteur : Alan, Ledger, Lydia, Sorare et Swile.

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L’argot de bureau : l’« ADN » de l’entreprise, avoir son travail dans les gènes

L’entreprise est une grande famille. En effet, les disputes y sont nombreuses, en réunion comme à table : il arrive que des parents-patrons « coupent les vivres » de leurs enfants-salariés en les « mettant dehors », il arrive que des directions allouent des primes individuelles sur résultats comme des parents distribuent l’argent de poche au gré des bonnes notes. En y pensant, la ressemblance est troublante, pourtant la métaphore familiale est toujours utilisée de manière positive en entreprise.

Certains manageurs ont même trouvé une formule pour donner vie à ce lien filial qu’ils aimeraient créer : l’« ADN » de l’entreprise. Il a pour mission de la distinguer dans un univers où les bureaux se ressemblent. Il s’agit de la recette maison, de l’histoire, du positionnement, éventuellement de la méthode – notamment managériale – qui explique pourquoi tout se passe si bien, et pourquoi ce candidat qui hésite devrait rejoindre l’aventure.

L’ADN est indissociable de la marque employeur : en posant sur le papier (parfois dans une charte ou sur les murs du siège) ses commandements, la société dévoile sa nature profonde, biologique, donc. Si l’ADN est souvent comparé à la culture d’entreprise, certains spécialistes, comme sur le blog de BNP Paribas, invitent à considérer les deux termes comme complémentaires : la culture concerne particulièrement les méthodes managériales, et comment le travail se déroule concrètement au quotidien. L’ADN, lui, chapeaute de manière grandiloquente la culture : cet acide désoxyribonucléique, c’est la « substantifique moelle » de François Rabelais (Gargantua, 1534), ce qui se cache derrière l’os ou la façade que chacun peut voir.

Kodak, un bon exemple

La métaphore biologique est un peu contre-intuitive : si l’ADN est un substitut de l’identité d’une entreprise, cela signifie que cette identité est déterminée, et qu’il est difficile d’évoluer… Changer de cœur de métier signifierait donc trahir sa nature ? Absolument pas, c’est la sélection naturelle ! Des espèces apparaissent, et la thérapie génique est une option pour la famille-entreprise. Si les virus ont leurs variants, il est tout à fait permis que l’ADN accueille des mutations. Pour préserver l’espèce, il faut changer pour conquérir de nouveaux marchés, sans trop sacraliser le passé : Kodak, pionnier de la photographie tombé en déchéance à l’ère numérique, est un bon exemple d’ADN qui n’a pas su muter à temps.

L’ADN se résume donc à une vision d’ensemble, en bon français, une guideline (« ligne directrice »), un motto (« devise ») qui se décline en valeurs. Les protéines qui constituent la double hélice de l’ADN sont autant de « valeurs » qui font la personnalité de la boîte. La plupart du temps, elles tombent sous le sens : « Qui sommes-nous ? Chez XXX, tu rejoindras une équipe sympa [avons-nous déjà vu un recruteur mettre en avant l’antipathie qui règne dans son open space ?], qui lutte pour un monde meilleur ». L’audace et l’innovation, souvent, accompagnées de délicieuses citations comme dans cette start-up : « Bien sûr, il y a des risques. Mais le risque, c’est ce qui épice la vie » – Haruki Murakami. La responsabilité sociétale et environnementale peut enfin entrer dans le codage du génome.

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Réindustrialisation : Macron veut célébrer « l’attractivité dans les territoires »

Exit la galerie des Glaces et ses grands patrons en transit pour Davos. C’est à Chalampé, village du Haut-Rhin qui revendique « presque 1 000 habitants », qu’Emmanuel Macron devait annoncer, lundi 17 janvier, l’un des projets d’investissements étrangers attendus en 2022 dans l’Hexagone. Sans décliner, comme il y a cinq ans, une liste de grands noms de multinationales de la tech ou de la finance américaine, en parlant de « territoires » que « l’attractivité sert justement à réindustrialiser, et à revitaliser », selon l’Elysée. Comme ce projet du groupe de chimie allemand BASF à Chalampé, qui compte bâtir une usine de production d’hexaméthylènediamine (HMD), un composant utilisé dans la fabrication du Nylon. Un investissement de 300 millions d’euros qui créera une cinquantaine d’emplois.

De quoi faire une photo de famille sensiblement différente de celle des dernières éditions du sommet Choose France, célébration de l’attrait de la France, qui se tenait depuis quatre ans à Versailles, devant un parterre de chefs d’entreprise venus du monde entier. La crise des « gilets jaunes » et celle liée au Covid-19 sont passées par là : l’attractivité n’est plus seulement une déclinaison de la puissance économique sur la scène internationale, mais un « levier majeur pour [la] réindustrialisation », selon l’Elysée. Le sommet, reporté sine die pour des raisons sanitaires, a été ramené à une simple « séquence sur l’attractivité ». Et, pour le chef de l’Etat, à un exercice « d’équilibre pas totalement simple à trouver, entre le Macron qui vante la souveraineté industrielle et le patriotisme économique, et Macron l’Européen, le partisan d’une intégration de la France dans la mondialisation », résume Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).

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Etre loin de Versailles ne devrait néanmoins pas l’empêcher de vanter le bilan de son quinquennat en matière d’investissements étrangers. Les chiffres des quatre derniers sommets sont prêts : « Depuis 2018, 55 projets d’investissements étrangers se sont concrétisés en France pour 8 milliards d’euros et la création ou le maintien de 13 300 emplois », indique-t-on à l’Elysée. Auxquels s’ajoutent donc, en 2022, une vingtaine de projets pour un total de 4 milliards d’euros, et environ 10 000 emplois créés sur plusieurs années (dont la moitié par le groupe turc Getir, spécialisé dans la livraison d’épicerie ultrarapide). Parmi ceux-ci, un chèque de 850 millions d’euros signé par le groupe américain Eastman, dont le patron était reçu à l’Elysée lundi matin, pour un projet d’usine de recyclage moléculaire des plastiques, qui doit créer 350 emplois à l’horizon 2025. Ou 520 millions d’euros par Pfizer, sur cinq ans, notamment pour renforcer ses capacités de production, par le biais d’un accord avec Novasep, qui produira le principe actif du Paxlovid, son médicament anti-Covid sur son site de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques).

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