Archive dans juin 2021

Malgré la crise liée au Covid-19, la France reste le pays le plus attractif d’Europe

Le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, à Paris, le 1er juin 2021.

Est-ce la fin du French Bashing (dénigrement de la France) ? L’Hexagone apparaît en tout cas, pour la deuxième année de suite, comme le pays d’Europe où il fait le meilleur s’installer et investir, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. Le baromètre de l’attractivité, établi par le cabinet EY et publié lundi 7 juin, indique en effet que la crise liée au Covid-19 n’a pas eu raison de la première place décrochée en 2019 et ce, malgré un nombre de projets d’implantation globalement en baisse.

Sur le Vieux Continent, ils ont reculé de 13 % en 2020, à peu près dans les mêmes proportions que lors de la crise financière de 2008, lorsque la baisse avait été de 11 %. Avec 985 projets recensés, la France, elle, voit la part d’implantations diminuer de 18 %, mais demeure en pole position, à la fois en nombre de projets – le Royaume-Uni en a enregistré 975 et l’Allemagne 930 –, et d’emplois créés (environ 30 000).

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« Depuis trois ans, la France a redressé énormément sa capacité à attirer les investissements étrangers », analyse Marc Lhermitte, associé chez EY. « Et en 2020, il n’y a pas eu d’abandon du site France, malgré notre exposition aux secteurs les plus impactés par la crise, tels que l’aéronautique ou le tourisme, et on ne relève pas de corrélation entre la stratégie sanitaire, qui a pu être critiquée, et les grands projets. » Au contraire, les investisseurs saluent la vigueur de la réponse économique à la crise : 44 % des dirigeants interrogés par EY estiment qu’elle est plus performante que dans d’autres pays.

Un « excellent résultat » dont s’est félicité, dimanche 6 juin, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, jugeant qu’il « témoigne de la vivacité et de la solidité de [l’]économie », et qu’il résulte de la politique menée depuis 2017 : la loi Pacte d’abord, les baisses d’impôts sur les sociétés (passés de 33 % à 25 % des bénéfices) et celle des impôts de production intervenue en janvier 2021, dans le cadre de la mise en œuvre du plan de relance. L’ensemble, souligne Bercy, « crée une nouvelle fiscalité stable et attractive pour les entreprises ».

Enjeu de réindustrialisation

La fiscalité n’est pas tout, tempère Pascal Cagni, ancien patron d’Apple Europe, aujourd’hui ambassadeur pour les investissements internationaux et président de Business France. « Quand vous êtes un investisseur, la France, c’est un marché domestique de 66 millions de personnes, un taux d’épargne très élevé, une révolution numérique qui a pris un effet turbo ces dernières années, une qualité de haut débit très bonne, un coût de l’énergie faible », rappelle-t-il.

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« Les Européens ont raté l’occasion de promouvoir une Union plus sociale »

Le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 8 mai, au sommet de Porto (Portugal).

Le sommet des dirigeants européens à Porto, les 7 et 8 mai, avait pour objectif de relancer l’Europe sociale. L’a-t-il rempli ?

Je suis resté sur ma faim. A Porto, on a plus traité des symptômes que des causes. A aucun moment, la déclaration de Porto n’identifie les obstacles structurels à la lutte contre la pauvreté en Europe. A mon sens, il y en a trois : l’absence d’harmonisation fiscale, l’existence d’une concurrence sociale entre les Vingt-Sept et, enfin, le pacte de stabilité et de croissance et les contraintes macroéconomiques qu’il impose aux Européens.

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Justement, le pacte de stabilité et de croissance, qui a été suspendu en ces temps de crise du Covid-19, va être réformé…

Il y a un débat pour la suite au sein de la Commission. Faut-il, grosso modo, revenir aussi vite que possible, quand la crise sera terminée, au pacte tel qu’il existe ? Ou aller vers autre chose et ainsi mieux inciter les Etats à lutter contre l’exclusion sociale ? J’ai rencontré [les vice-présidents de la Commission] Valdis Dombrovskis et Frans Timmermans, ainsi que les commissaires Paolo Gentiloni [à l’économie], et Nicolas Schmit [aux affaires sociales] : clairement, à la Commission, les avis sont partagés. Le fait que Nicolas Schmit ne soit pas associé à la task force chargée de réfléchir au sujet n’est pas bon signe.

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Le plan de relance européen de 750 milliards d’euros conditionne les aides aux Vingt-Sept à des critères stricts en matière de lutte contre le changement climatique ou de digitalisation de l’économie. En matière sociale, il est moins contraignant. Qu’en pensez-vous ?

C’est une carte que la Commission aurait dû jouer. Les Européens ont raté l’occasion de promouvoir une Europe plus sociale, même si le plan de relance prévoit des financements, par exemple, pour des projets portés par les ONG qui luttent contre l’exclusion. Avec mon équipe, nous avons étudié les plans de relance nationaux [que les Européens ont remis à la Commission afin d’accéder aux aides du plan de relance]. Malheureusement, à l’exception de l’Espagne, les ONG et les partenaires sociaux y ont été très peu associés.

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L’UE fait encore semblant de croire que la croissance va répondre aux attentes des personnes durablement exclues. On sait que ce n’est pas le cas. La matière sociale n’est certes pas une compétence de l’UE, mais elle a les moyens de créer un cadre qui facilite les efforts contre la pauvreté. La réforme du pacte de stabilité et de croissance pourrait permettre de changer la donne.

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Les Scandinaves refusent de se voir imposer le smic européen

Le gouvernement du Suédois Stefan Lofven, ici le 1er juin à Bruxelles, avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, s’est dit opposé à la directive sur le SMIC européen.

S’il ne parle pas encore d’un « Swexit », Torbjörn Johansson, responsable des accords collectifs auprès de la centrale syndicale suédoise LO, a jeté un sérieux pavé dans la mare le 19 mai. Dans une interview au journal Arbetet, il affirme que les syndicats suédois doivent « commencer à se demander si rejoindre l’Union européenne était une bonne décision ». En cause : le projet de directive européenne sur les salaires minimums.

En Suède, comme au Danemark, ni les syndicats ni le patronat n’en veulent. Ils ont le soutien de l’ensemble de la classe politique, unanime dans son rejet d’un smic réglé par la loi. « Nous sommes, bien sûr, favorables à une Europe sociale et nous sommes convaincus que l’agenda a en ce sens de bonnes intentions. Mais la seule façon pour nous d’accepter cette directive est que nous en soyons complètement exclus », résume Therese Guovelin, vice-présidente de LO.

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Depuis des mois, les partenaires sociaux danois et suédois font campagne contre ce qu’ils considèrent comme une menace à l’égard du modèle économique et social scandinave. Dans les deux pays, il n’y a pas de revenu minimum inscrit dans la loi : le niveau des salaires est régulé dans le cadre des accords collectifs, négociés par les partenaires sociaux, sans intervention politique. En Suède et au Danemark, respectivement 90 % et 80 % des emplois sont couverts par ces accords.

Un douloureux souvenir

Un salaire minimum, imposé par la loi, aurait de graves conséquences, selon Therese Guovelin : « Cela affaiblira forcément notre modèle de négociation paritaire. On risque de voir une intervention croissante de l’Etat qui, selon la directive, doit surveiller son application et faire des rapports à Bruxelles. » Et même si la spécificité du modèle scandinave est reconnue par la Commission européenne, « rien ne garantit une action devant la Cour de justice européenne qui pourra imposer sa décision ».

« L’Union européenne n’a pas à se mêler du niveau des rémunérations dans les Etats membres », Therese Guovelin, vice-présidente du syndicat suédois LO

En Suède, les partenaires sociaux gardent un souvenir douloureux de l’affaire Laval. Le 18 novembre 2007, la Cour de justice européenne avait estimé que le blocus d’un chantier de construction par les syndicats suédois, pour contraindre un entrepreneur letton de signer les négociations collectives, était illégal dans le cadre des règles européennes sur la libre prestation des services. « Nous ne pouvons pas risquer de nous retrouver dans la même situation », constate Gabriella Sebardt, directrice des affaires sociales à la Confédération des industries suédoises.

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Clément Beaune : « Sur l’austérité, l’Europe a changé de logiciel »

Clément Beaune, le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes, en 2017, à Paris.

Le modèle social européen a mieux protégé les citoyens contre la crise que celui des Etats-Unis, affirme Clément Beaune, le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes. L’Union européenne a désormais pour priorité d’avancer sur les sujets sociaux, comme la formation et l’emploi, explique-t-il. Mais certains Etats se montrent toujours réticents à l’établissement de standards minimums communs.

Lors du sommet social de Porto, début mai, les Européens ont adopté une déclaration commune pour renforcer l’Europe sociale, mais ce texte n’a rien de contraignant. Est-ce un échec ?

Je ne pense pas. Pendant la crise, le modèle social européen a été bien plus protecteur que celui des Etats-Unis, avec les amortisseurs automatiques, le haut niveau de dépenses sociales, mais aussi les différents mécanismes mis en place, comme le chômage partiel ou les aides publiques aux ménages et aux entreprises. Les Européens s’en sont rendu compte et doivent en être fiers.

Le sommet de Porto a eu lieu à ce moment charnière où l’on commence à se projeter dans l’après-crise, à étudier comment renforcer le modèle européen pour répondre aux angoisses des citoyens, notamment des jeunes. Ce n’est pas technocratique ou lointain. La déclaration renforce le socle des droits sociaux adoptés à Göteborg, en 2017, et déclinés partout en Europe, comme le congé parental et, bientôt, des salaires minimums européens. Elle a été soutenue par l’implication importante des partenaires sociaux. L’objet est de démontrer que l’Europe n’est pas une jungle concurrentielle qui tire vers le bas au détriment des citoyens : au contraire, elle peut et elle doit protéger.

Les Etats membres sont néanmoins très divisés sur le sujet. Comment dépasser ces lignes de fracture ?

Il faut être lucide. Les compétences de l’UE en matière sociale restent limitées et, même si l’on a progressé depuis 2017, il faut encore convaincre un certain nombre d’Etats de monter à bord. On observe deux types de réticences. Celles des pays nordiques, d’abord, qui se manifestent notamment autour de la directive sur les salaires minimums. Ils redoutent que la qualité de leur modèle social soit érodée par l’Europe, ou que celle-ci interfère avec leurs négociations collectives nationales – une crainte infondée.

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Les pays de l’Est, eux, craignent plutôt que l’Europe casse leurs avantages compétitifs. Evidemment, la Bulgarie, la Roumanie ou la Hongrie ne pourront pas atteindre du jour au lendemain les standards de l’Ouest en matière de salaires. Ces pays doivent néanmoins comprendre que ce mouvement n’est pas contre eux, mais contre le dumping social. Monter en puissance socialement est dans leur intérêt.

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Le pari de la baisse de l’emploi public dans les collectivités en passe d’être perdu

La crise des « gilets jaunes », en 2018-2019, puis l’épidémie de Covid-19 auront probablement raison de la promesse d’Emmanuel Macron de supprimer 120 000 postes dans la fonction publique. Côté Etat, cela devait concerner 50 000 emplois. Mais, dès 2019, le gouvernement a abandonné l’essentiel de cet objectif, considérant que la demande d’Etat et de service public s’avérait incompatible avec ce choix budgétaire.

Quant aux collectivités locales, elles étaient invitées à se passer de 70 000 unités avant 2022. Officiellement, cet objectif n’a jamais été abandonné. Il a pourtant peu de chance d’être tenu. Les statistiques du ministère de la transformation et de la fonction publiques montrent en effet que les mairies, intercommunalités ou régions sont redevenues très gourmandes en emplois.

De 1997 à 2019, rappelle François Ecalle, président de Finances publiques et économie (Fipeco), un site documentaire spécialisé, les effectifs d’agents publics ont augmenté 965 000 en tout : 124 000 dans la fonction publique d’Etat, 290 000 dans les hôpitaux et 551 000 dans les collectivités territoriales – données hors transferts liés à la décentralisation et hors contrats aidés. Pour ces dernières, précise M. Ecalle, qui assure également des cours de politique économique à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, cela correspond à une croissance moyenne annuelle de 1,7 %, « nettement plus élevée que celle de l’ensemble des trois fonctions publiques, qui a été de 0,9 % par an », et que l’emploi en France, public et privé (0,7 %).

Et le mouvement s’accélère, poursuit le président de Fipeco. « Un net ralentissement » s’était produit sous le mandat de Nicolas Sarkozy (2007-2012) et, en baissant les dotations budgétaires de l’Etat aux collectivités locales, François Hollande (2012-2017) avait même réussi à inverser la tendance : les effectifs ont diminué en 2015 (– 6 000 postes) et en 2016 (– 4 000), « ce qui ne s’était jamais vu auparavant », rappelle M. Ecalle.

L’essai de la contractualisation

Avec Emmanuel Macron, le mouvement est reparti à la hausse : + 13 000 emplois en 2018 et + 16 500 en 2019. Alors ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin déclarait, en juillet 2019 : « Nous avons limité les dépenses de fonctionnements dans les collectivités les plus importantes, et favorisé l’investissement. Nous devrions tenir l’objectif de 70 000 suppressions de postes dans les collectivités territoriales, et ainsi réduire au total d’environ 85 000 le nombre de postes de fonctionnaires sur le quinquennat. » Pour tenir l’objectif d’une baisse de 70 000 postes en 2022, il faudrait donc que 99 500 soient supprimés sur les trois dernières années du quinquennat.

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Une « Europe sociale forte » est-elle possible ?

Par

Publié aujourd’hui à 17h00, mis à jour à 18h05

« L’Europe, elle te dépouille ou elle te sauve, ça dépend des années », juge Filipe Costa, du haut de ses 19 ans. L’histoire de ce jeune Portugais et de sa famille résume à elle seule les errements des politiques européennes depuis quinze ans. Au début de la crise des dettes souveraines de 2010, sa mère, chef de cuisine, a perdu son emploi. Le Portugal s’enfonçait alors dans une douloureuse récession, aggravée par les mesures d’austérité imposées au pays par la troïka (Fonds monétaire international, Commission et Banque centrale européenne). « Il n’y avait plus de boulot, plus d’espoir, tout le monde partait. Alors, comme beaucoup d’autres, on a émigré au Brésil », raconte Filipe, qui avait 9 ans à l’époque.

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En 2016, sa mère et lui sont revenus à Lisbonne, au moment où l’économie portugaise redécollait, grâce au tourisme. En 2019, le jeune homme a quitté le lycée pour travailler dans l’un des restaurants de la capitale. « C’était l’euphorie, mais tout s’est effondré avec le Covid : je me suis retrouvé sur le carreau. » Jusqu’à ce qu’il intègre une formation de mécanicien fin 2020 grâce à « Garantia Jovem », la « garantie jeunes » : un dispositif qui aide les jeunes sans formation à se réinsérer, avec des financements européens. « Voilà : l’Europe nous a chassés et, maintenant, elle m’aide à relever la tête, conclut-il. Mais qui sait si ça va durer ? »

Soutenir les jeunes, aider ceux qui ont perdu leur emploi durant la pandémie, ne pas commettre les mêmes erreurs qu’en 2010 : telles sont les promesses que les dirigeants européens mettent aujourd’hui sur la table pour le monde d’après. « Pendant la crise, le modèle social européen a été bien plus protecteur que celui des Etats-Unis », souligne Clément Beaune, le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes. Cela, avec le chômage partiel financé en partie par des emprunts européens (le programme SURE), les aides déployées pour les ménages et les entreprises ou, encore, le plan de relance de 750 milliards d’euros, égrène-t-il.

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Parce qu’il en faudra bien plus pour effacer les séquelles que la pandémie laissera sur nos économies, les pays membres ont pris trois engagements supplémentaires lors du sommet social de Porto, les 7 et 8 mai : réduire de 15 millions le nombre de personnes menacées par la précarité en Europe, porter à 78 % la part des 20-64 ans en emploi et assurer qu’au moins 60 % des adultes suivent une formation tous les ans – le tout, d’ici à 2030. Une sacrée gageure lorsque l’on sait que le taux d’emploi ne dépasse guère les 60 % en Italie ou en Grèce et que le taux de pauvreté culmine à plus de 20 % en Bulgarie, en Lettonie ou en Estonie. « Nous allons construire une Europe sociale forte », assure régulièrement la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

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Carrefour porte plainte après des injures racistes contre une caissière

La chaîne de supermarchés Carrefour a annoncé, samedi 5 juin, qu’elle portait plainte, après qu’une caissière du groupe a été la cible d’injures racistes proférées par une cliente, selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

« Solidarité avec notre collègue injuriée. Ces propos racistes sont inacceptables. Nous les condamnons très fermement et portons plainte », a tweeté l’enseigne. Rami Baitiéh, le directeur exécutif de Carrefour France, s’est également exprimé samedi sur Twitter : « Je viens d’appeler notre collègue pour lui témoigner mon soutien (…). Je ne tolérerai jamais que de tels propos soient tenus dans nos magasins. »

Une enquête ouverte

L’altercation entre la cliente et la caissière a eu lieu dans un magasin de la chaîne situé dans la Haute-Savoie.

« Sale négresse va, sale Noire ! Y a que les Noirs pour faire ça. Tu vois, les Africains comme toi, ça donne envie de les tuer », entend-on sur la vidéo publiée sur Twitter.

Une enquête a été ouverte, selon le parquet de Thonon-les-Bains, cité par le quotidien Le Figaro.

Le Monde avec AFP

« On a été frappées par la tristesse, la peur aussi » : les femmes en première ligne face au Covid-19

Aude Pambou, aide-soignante en Ehpad à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), le 16 avril 2020.

Elles ont été applaudies, célébrées à grands coups de casseroles frappées avec enthousiasme aux balcons des grands ensembles ou aux portes des maisons. Pour leur dire merci d’affronter la pandémie la plus grave qu’ait connue le pays depuis des décennies. D’abord, les personnels soignants, les infirmières et les aides-soignantes, au féminin, car il est des professions où ce genre s’impose. Ceux et celles que le président de la République Emmanuel Macron, dès son allocution du 12 mars 2020, appelait, dans un langage relevant plus de la guerre de tranchée, « la première ligne ». Ensuite, dans la deuxième ligne, les enseignants, les caissiers et caissières, les agriculteurs, les travailleurs sociaux, les éboueurs, les personnels de sécurité et de nettoyage, etc.

Les statistiques sont indiscutables : les femmes représentent 86 % des postes d’infirmiers/sages-femmes, 92 % des aides-soignants, 77 % des professions paramédicales, 82 % des caissiers/employés de libre-service, 97 % des assistantes maternelles ou encore 72 % des agents de nettoyage, selon les chiffres publiés en mai 2021 par la Dares, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail.

La fermeture des crèches et des écoles a évidemment eu une incidence sur celles à qui échoient souvent les tâches familiales

Et c’est parmi ces emplois que se trouve la plus grande part des salariés contaminés par le virus SARS-CoV-2. « Les femmes travaillent plus souvent dans des professions où les conditions de travail se sont davantage dégradées, ce qui allait aussi de pair avec une dégradation de leur santé, physique et psychique : la coopération sur le lieu de travail, le soutien des collègues, les horaires décalés, la charge de travail, l’intensité émotionnelle… Alors que ces conditions de travail sont restées à peu près stables dans l’industrie, la construction ou l’agriculture, secteurs qui sont moins féminisés », analyse Mikael Beatriz, adjoint au chef du département conditions de travail et santé à la Dares.

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Isabelle Privé, institutrice d’une classe de CE1 à Bihorel (Seine-Maritime). Pendant le premier confinement, alors que l'école n'accueillait que les enfants des soignants, elle s'est portée volontaire avec la directrice pour donner les cours, en plus de la gestion de sa classe habituelle en distanciel. Ici le 9 avril 2020.

Dans une enquête intitulée Tracov (menée auprès de 50 000 salariés), 6 % des femmes – contre 4 % des hommes – déclarent avoir été contaminées sur leur lieu de travail.

Les statistiques, encore, confirment cette vulnérabilité des femmes face à la pandémie. Selon le ministère du travail, le recours à l’activité partielle a, en avril 2021, enregistré une forte augmentation dans le secteur du commerce : + 38 %, avec la fermeture des commerces dits « non essentiels ». Dans l’éducation, la santé et l’action sociale aussi, il a connu une hausse sensible (+ 183 % en un mois). La fermeture des crèches et des écoles a évidemment eu une incidence sur celles à qui échoient souvent les tâches familiales.

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L’emploi reprend aux Etats-Unis, mais sans surchauffe

Un restaurant de Mayfield Heights, dans l’Ohio, est à la recherche d’employés, le 4 juin 2021.

La reprise du marché du travail se poursuit, mais moins rapidement qu’espéré. Les Etats-Unis ont ainsi créé 560 000 emplois au mois de mai, ce qui a permis au taux de chômage de reculer de 6,1 % à 5,8 % de la population active.

Ce chiffre s’explique notamment par les 292 000 postes retrouvés dans le tourisme, l’hôtellerie et la restauration : les entreprises appartenant à ces secteurs renouent avec l’activité en raison du net reflux de l’épidémie de Covid-19, plus de la moitié de la population adulte étant désormais vaccinée. S’y ajoutent plus de 100 000 emplois dans le domaine de l’éducation, alors que les écoles rouvrent leurs portes.

L’économie nationale a recréé 14,7 millions des 22 millions d’emplois détruits au début de la crise sanitaire, mais elle accuse toujours un retard de 7,2 millions en la matière par rapport au mois de janvier 2020.

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Le chiffre de mai était attendu avec impatience par l’ensemble des observateurs – qu’ils soient économiques ou politiques –, après la performance calamiteuse enregistrée en avril. Ce mois-là, le pays n’avait créé que 266 000 emplois, beaucoup moins que le million escompté. La publication de cette statistique décevante avait mis le président démocrate Joe Biden en difficulté, les républicains accusant son plan de relance massif d’être à la fois coûteux et inefficace.

Le chemin sera long

Le chiffre d’aujourd’hui représente un soulagement, même s’il est inférieur aux 670 000 créations d’emplois sur lesquelles tablaient les économistes. « C’est un progrès historique », s’est félicité M. Biden, vendredi 4 juin. « Aucune autre grande économie au monde ne connaît une croissance aussi rapide que la nôtre. Aucune autre grande économie ne crée des emplois aussi rapidement que la nôtre », a ajouté le locataire de la Maison Blanche, alors que s’ouvrait la réunion des ministres des finances du G7, à Londres.

Naturellement, les républicains n’ont pas partagé cette analyse. Ils reprochent à Joe Biden d’inciter les Américains à refuser des emplois, avec l’allocation-chômage hebdomadaire de 300 dollars (247 euros). « Encore un mauvais rapport sur l’emploi – 100 000 emplois de moins que les estimations des experts, a lancé le leader des républicains à la Chambre des représentants, Steve Scalise (Louisiane), sur le réseau social Twitter. C’est ce qui arrive lorsque vous payez des gens à ne pas travailler. A quoi les démocrates s’attendaient-ils ? »

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Le site historique de sanitaires en céramique Jacob Delafon repris par la PME française Kramer

« Qui sème la misère, récole la Kohler », lit-on sur les tee-shirts accrochés par les salariés de l'usine Jacob Delafon de Damparis, dans le Jura, qui protestent contre la vente du site par le groupe américain Kohler, le 26 novembre 2020.

Un repreneur français pour l’usine emblématique de sanitaires en céramique Jacob Delafon installée depuis 1889 à Damparis, dans le Jura. Personne n’aurait parié sur cette issue il y a neuf mois, lorsque, en septembre 2020, le groupe américain Kohler, propriétaire du site depuis 1986, a annoncé son intention de s’en séparer. Pour justifier sa décision, il mettait en avant une « surcapacité chronique » du site, et des coûts de production nettement supérieurs à ceux de son usine de Tanger, au Maroc.

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Au terme de plusieurs rebondissements ces derniers mois, le groupe Kramer, 112 salariés (30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019), fondé dans la Meuse en 1981, a annoncé, vendredi 4 juin dans un communiqué, qu’il était « le nouvel acquéreur » du site et y lancerait son activité à partir du 1er juillet. L’entreprise est spécialisée dans la robinetterie sanitaire de gamme moyenne, et notamment de marques distributeurs en vente dans les chaînes de bricolage, et très haut de gamme (Horus). « A travers l’entreprise Horus, qui propose déjà dans sa collection Classique une gamme de céramique (vasques, baignoires, toilettes…), le groupe développera une douzaine de nouveaux modèles qui viendront enrichir son catalogue d’ici à 2022 » indique Kramer dans son communiqué, mettant en avant le « Made in France ».

Le président du groupe, Manuel Rodriguez, avait expliqué ses motivations au Monde lorsqu’il s’était une première fois porté candidat au rachat, en février. « C’est le dernier site capable de produire de la céramique sanitaire en grès et en porcelaine en France, et sa fermeture signerait la disparition définitive de ce savoir-faire dans notre pays, déclarait-il alors. J’ai eu un réflexe d’entrepreneur et d’industriel. A l’heure où l’on parle de “Made in France” et de réindustrialiser la France, les planètes m’ont semblé bien alignées. »

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Il avait ensuite retiré son offre à la suite de désaccords avec le groupe Kohler. Finalement, « avec l’aide de l’Etat et de la région », il en a formulé une nouvelle en mars. Elle a ceci d’original que c’est la communauté d’agglomération du Grand Dole qui se porte acquéreur du terrain et des bâtiments dont Kramer, grâce à un leasing, sorte de location-vente, pourra devenir propriétaire d’ici quinze ans.

Congé de reclassement

« C’est un procédé intelligent, souligne Jean-Yves Hinterlang, commissaire aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises en région Bourgogne-Franche-Comté. Cela atténue les charges pour l’acquéreur et lui permet au départ de consacrer son argent à d’autres priorités, comme le rachat de nouveaux équipements, le développement de nouveaux modèles ou la constitution d’une trésorerie. » Kramer estime son investissement total à près de 5 millions d’euros. La PME espère aussi bénéficier de l’aide du plan de relance.

Toutefois, le tableau n’est pas tout rose. Les désaccords initiaux entre Kramer, l’acquéreur, et Kohler, le vendeur, n’ont pas permis de boucler la vente avant la fin du plan de sauvegarde de l’emploi, signé le 3 mars, actant le licenciement économique des 151 salariés. Les premiers affectés viennent de recevoir leur notification. Ils disposent d’un congé de reclassement qui leur permettra de toucher « quasiment leur salaire pendant un an », indique Rodolphe Gomis, délégué CFE-CGC du site.

Kramer prévoit soixante-cinq embauches au cours de la première année, le temps du développement des modèles, du dessin à la fabrication des moules

Le projet du groupe Kramer prévoit cependant « un programme d’embauches échelonnées dans lequel les anciens salariés du site seront prioritaires ». Une vingtaine de salariés licenciés, et notamment ceux aux savoir-faire les plus spécifiques, indispensables pour relancer la fabrication de nouveaux modèles de sanitaires en céramique, pourraient être réembauchés rapidement sur le site. Kramer s’engage à informer la cellule de reclassement des offres à pourvoir. Il prévoit soixante-cinq embauches au cours de la première année. Le temps du développement des modèles, du dessin à la fabrication des moules. Et ambitionne de retrouver un total de 150 salariés d’ici à 2026, « renouant avec l’effectif de départ du site ».

Les salariés, qui se sont déchirés ces derniers mois sur les stratégies à suivre, ont été informés du rachat, jeudi 3 juin. « Il y a eu un peu tous les ressentis. Certains étaient enchantés de voir qu’ils allaient pouvoir continuer ce métier qui les passionne, d’autres ne reviendront pas », note Isabelle Baudin, déléguée CGT, qui y voit, elle, « une bonne nouvelle ». « On aurait préféré ne pas être licencié ! lance Rodolphe Gomis. Se retrouver plusieurs mois inactif ne va pas être facile. » Mais il y a dans sa voix de l’optimisme et du soulagement : « Enfin, on tient notre chance de recommencer ! »