Poissons d’avril
Dans sa chronique Annie Kahn réintègre sur quelques études pour le moins insolites menées par les chercheurs en conduites des organisations ou les psychologues du travail. Tour d’horizon instructif en ce jour si distinctif.
Les chercheurs en conduite des organisations, sociologues et psychologues du travail, neuroscientifiques, s’inclinent parfois sur des sujets qui auraient passé pour des poissons d’avril, et qui pourtant n’en sont pas. En cette semaine propice aux canulars de tous ordres, nous en avons choisi trois, qu’il serait risqué de ne pas prendre au sérieux malgré leurs apparences.
Ainsi en est-il du port de la cravate. Porter une cravate bien ajusté diminue le flux sanguin cérébral prévient Christophe Rodo, jeune chercheur finissant une thèse en neurosciences à Aix-Marseille Université, au sein du Laboratoire de Neurosciences Cognitives, dans un article de la revue en ligne The Conversation. Une équipe de chercheurs en médecine de l’Université de Kiel (Allemagne), a établi le phénomène en passant trente personnes, pour moitié attaqués, et pour moitié col ouvert, au crible d’un IRM.
Il est présenté que le flux sanguin baissait en moyenne de 7,5%, voir parfois de 10% chez les élégants au col serré, et que ce flux restait inférieur à la normale quelques minutes après dévissage. Cette fluctuation serait sans gravité pour les personnes en bonne santé. En revanche, elle pourrait se révéler problématique pour les personnes âgées, les fumeurs et tout individu fragile au plan vasculaire. On ne peut donc que s’amuser de l’abandon progressif du port de cet auxiliaire vestimentaire.
Avec caquette de baseball ou casque à vélo?
Si œuvrer cravaté reste une pratique proportionnellement courante, il est plus rare de porter un casque de cycliste au travail, quand la tâche à accomplir n’est pas physiquement dangereuse. Sauf à gamberger professionnellement, tout en roulant. Quoiqu’il en soit, mieux vaut savoir que porter un casque incite à prendre des décisions plus risquées ont prouvé des chercheurs en psychologie de l’Université de Bath (Angleterre).
Ils ont confronté les attitudes de deux groupes de joueurs de jeu vidéo. Les uns portaient une casquette de baseball et les autres un casque de cycliste. Le résultat était patent. Les porteurs de casques étaient plus audacieux. Enfin que l’on soit ou non casqué ou cravaté, travailler debout affile l’esprit, affirment Yaniv Mama, chercheur à l’Université Ariel (Israël) et deux de ses collègues.
« Depuis la rentrée 2018, je suis professeur à Weil am Rhein, dans le Bade-Wurtemberg. C’est près de la Forêt-Noire, où je vais skier. Je faillais y rester jusqu’à l’été, mais j’ai sollicité un an de plus. Au-delà de l’expérience professionnelle, de la découverte d’un autre système éducatif, je voulais concevoir le fait d’être étrangère quelque part. J’ai beaucoup voyagé, mais je n’avais jamais été émigrée. Partir n’est pas simple. Il y a peu d’information sur ces échanges. Je suis passée par l’Office franco-allemand pour la jeunesse, dont j’ai eu l’intuition par une amie. J’enseigne le français, pour une vingtaine d’heures par semaine, et le sport, car j’ai fait Staps. En Allemagne, à l’école primaire, les enseignants se suppléent dans la classe. Lorsqu’on change de classe, et quand les parents quittent leurs enfants le matin, on se dit “viel Spass”, ce qui signifie “amuse-toi bien”. Ici, le directeur ou la directrice est le supérieur hiérarchique des enseignants. L’élève est un partenaire, inclus dans l’école, qui donne son avis, argumente, vote les sorties. L’apprentissage passe beaucoup par le jeu. Pour participer à ce genre d’échange, il n’est pas obligatoire de parler allemand, mais cela assiste les relations avec les collègues et les parents. En mai, la promotion précédente donne des conseils à ceux qui vont partir. En août, Français et Allemands se perçoivent pour un stage de pédagogie et des cours de la langue du pays d’accueil. On a aussi un bilan à mi-parcours et un autre à la fin, avec nos successeurs. Avec ce système, on encaisse et on donne. »