Une journée avec les sages-femmes de l’hôpital d’Arpajon : « Ce qui se passe dans les maternités, ce n’est pas tout rose »

Une journée avec les sages-femmes de l’hôpital d’Arpajon : « Ce qui se passe dans les maternités, ce n’est pas tout rose »

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Publié aujourd’hui à 10h00, mis à jour à 13h03

« Cigognes mais pas pigeonnes ». L’affiche accrochée dans l’entrée de la petite maternité du centre hospitalier d’Arpajon (Essonne) sonne comme un cri de cœur. Voilà plusieurs mois que les sages-femmes hospitalières se mobilisent partout en France pour demander une reconnaissance du caractère médical de leur profession, une hausse des salaires et davantage d’effectifs… avec l’impression de ne pas être entendues par le gouvernement. « Code rouge ! », ont-elles écrit en majuscules pour signifier leur colère et alerter les futurs parents sur leurs conditions de travail. Pour cette profession très majoritairement féminine, ces deux mots disent l’urgence de la situation : il s’agit d’une césarienne à réaliser en cas de menace immédiate de pronostic vital maternel ou fœtal. L’ultime recours.

Dans le hall d'accueil de la maternité du centre hospitalier d'Arpajon, le 19 mars.

Peu avant 8 heures, Fouzia Berbere descend au bloc obstétrical, situé au moins un, et enfile sa blouse violet clair. Elle commence sa garde de douze heures. Epaulée par deux infirmières et deux aides puéricultrices, la sage-femme de 34 ans est briefée sur les dossiers médicaux des trois patientes en salle de naissance ce vendredi matin. Le relais fait avec l’équipe de nuit, il faut vérifier que le « respirateur néonat » fonctionne correctement, tout en surveillant l’écran qui réunit les « monitos » (lesquels mesurent à la fois le rythme cardiaque du bébé et les contractions de l’utérus). Sa jeune collègue sage-femme, Catherine Albagli-Curiel, actualise les tableaux Veleda des patientes avec le nombre de semaines de grossesse, la dilatation, la ou les méthode(s) de déclenchement s’il y a, dans les chambres Lilas, Jonquilles et Mimosas.

A cela s’ajoute la paperasse à remplir à la main : le futur logiciel de centralisation des dossiers ne sera pas mis en place avant juin. Tout en répondant aux inquiétudes des trois femmes enceintes, il faut s’occuper du codage des actes et des entrées-sorties sur ordinateur, tandis que pour les certificats de naissance et surtout des dossiers périnataux, il est nécessaire de recopier des informations sur la santé de la mère et de l’enfant à venir, sur deux, voire trois autres documents manuscrits.

Dans l’îlot central, entre les salles de naissance, de réanimation et le bloc opératoire, le 19 mars. L'équipe en service de jour fait le point sur l'évolution des quatre accouchements en cours ce jour-là.

Autour de l’îlot central – la « tour de contrôle » située au croisement des différentes salles de naissance –, on prépare dans la bonne humeur les bracelets de naissance, on parie sur le poids des enfants à venir, les vannes fusent et des rires éclatent : l’équipe est soudée pour traverser les épreuves. « Contrairement à ce qu’imagine la société, ce qui se passe dans les maternités, ce n’est pas tout rose. Il y a des fausses couches, des enfants mis en danger par leur mère en post-partum, des femmes qu’il faut détecter comme victimes de violences conjugales », raconte Fouzia, diplômée en 2010. Mais « ici, on sait qu’on peut compter les unes sur les autres. »

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LJD

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