Un possible changement d’actionnariat en vue chez Ascoval

Un possible changement d’actionnariat en vue chez Ascoval

Le site de d’Ascoval, à Saint-Saulve, dans le Nord.

A Saint-Saulve (Nord), les 280 salariés d’Ascoval pensaient en avoir fini avec l’interminable feuilleton industriel débuté il y a trois ans. Mais une nouvelle période d’incertitude se profile. Après le projet avorté de reprise, fin 2018, par le groupe franco-belge Altifort, le britannique British Steel reprenait l’usine, avant de faire faillite. Un autre britannique, Liberty Steel, filiale de GFG Alliance, reprenait l’aciérie l’été 2020 aux côtés d’une autre ex-propriété de British Steel, l’usine de rails d’Hayange (France Rail Industry), en Moselle, principal fournisseur en rails de la SNCF. Début mars, la faillite de la société financière britannique Greensill, principal financeur de GFG Alliance, a plongé l’empire industriel du magnat de l’acier anglo-indien Sanjeev Gupta dans l’expectative.

Le 20 mars, le ministre de l’économie, des finances et de la relance, Bruno Le Maire, annonçait le déblocage d’un prêt de 20 millions d’euros pour Ascoval, « pour payer les salaires, la fourniture nécessaire pour faire tourner l’usine et garantir qu’il n’y ait pas de rupture d’activité », promettant aux salariés de ne « jamais les laisser tomber ». L’argent du prêt a bien été obtenu et placé sur un compte séquestre consacré à Ascoval pour financer la croissance de l’aciérie.

L’Etat français va pouvoir enclencher un processus de vente d’Ascoval

Problème, l’Etat a exigé de GFG Alliance de mettre également 20 millions d’euros sur la table avant le 31 mai pour financer la croissance du besoin en fonds de roulement (BFR). Or, de sources proches du dossier, Liberty et Sanjeev Gupta, financièrement fragilisés par la chute de Greensill, ne parviendront pas à débloquer les fonds d’ici là. Conséquence, l’Etat français va pouvoir enclencher un processus de vente d’Ascoval. Bercy confirme que compte tenu de la situation financière du groupe depuis la faillite de Greensill, le scénario d’un changement d’actionnaire est évidemment à l’étude, sans en dire plus à ce sujet.

Précédemment, le groupe ArcelorMittal, le chinois Jingye, le spécialiste italien des aciers spéciaux Calvi Networks, ou encore SecuFund Industry, qui travaille avec Frank Supplisson, l’ancien président d’Ascometal, s’étaient portés candidats pour reprendre l’aciérie. Cette fois-ci, entre cinq et six repreneurs du secteur métallurgique se sont déjà manifestés, parmi lesquels les grands groupes industriels sidérurgiques étrangers. Et pour cause : Ascoval va bien.

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Une production multipliée par cinq

Avec un carnet de commandes plein, un chiffre d’affaires multiplié par cinq depuis trois mois (l’usine est passée de 5 000 tonnes d’acier produites chaque mois à 25 000 tonnes), et le projet de passer de trois à quatre équipes pour permettre le développement d’une nouvelle clientèle, tous les feux sont au vert dans l’aciérie du Nord.

Les sites d’Hayange et de Saint-Saulve ont désormais leur avenir lié par ce partenariat autour de ce marché du ferroviaire

En modifiant son outil industriel il y a six mois pour pouvoir produire des blooms (des barres d’acier carrées), l’une des usines sidérurgiques les plus modernes d’Europe (grâce à son four à arc électrique) s’est ouvert les portes du marché des rails. Son principal client, France Rail Industry (à 80 %), à Hayange, fournit SNCF Réseau en rails reconnus comme étant d’excellente qualité. Les sites d’Hayange et de Saint-Saulve ont désormais leur avenir lié par ce partenariat autour de ce marché du ferroviaire. Après de nouvelles embauches sur le site d’Ascoval, le projet de créer une quatrième équipe dès le mois de juin, pour passer au minimum à 32 000 tonnes d’acier par mois, n’est pas remis en question.

Le futur repreneur devra assurer aux salariés du Valenciennois de nouveaux clients, idéalement de la taille d’Hayange, histoire que l’avenir d’Ascoval soit, enfin, moins agité. « Le carnet de commandes est plein, la qualité est au rendez-vous, mais s’il y a une reprise d’actionnariat, les salariés ont besoin de retrouver de la confiance après autant de déceptions », confie un syndicaliste. A Ascoval, un comité social et économique (CSE) se déroulera ce jeudi 29 avril, à 9 heures.

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LJD

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