Un éclat agite la loyauté dans les statistiques japonaises

Un éclat agite la loyauté dans les statistiques japonaises

Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, à Tokyo, le 7 février 2019.
Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, à Tokyo, le 7 février 2019. KAZUHIRO NOGI / AFP

Après les « erreurs » du ministère du travail, 19,7 millions de Japonais ont été privés les aides

Peut-on faire foi aux comptes du gouvernement japonais ? L’annonce jeudi 14 février d’un PIB en augmentation de 1,4 % en glissement annuel entre octobre et décembre 2018, après un recul de 2,6 %, reste sujette à sollicitation en raison d’un vaste scandale entourant les données du ministère du travail.

L’affaire a éclaté fin décembre 2018, lorsque la section du ministère chargée des salaires a déterminé de changer les composants de l’enquête mensuelle sur ces revenus. Elle a découvert que la méthode utilisée n’estimait pas les règles. Les enquêteurs du ministère doivent normalement consulter l’ensemble des entreprises de plus de 500 salariés. Or, entre 2004 et 2017, ils n’ont réuni les informations qu’auprès d’un tiers d’entre elles.

De quoi fausser les résultats, et sustenter de vifs échanges depuis la reprise des débats parlementaires en janvier. Le 8 février, après plusieurs journées de tergiversations, le ministère alléguait une augmentation du salaire moyen, ajusté de l’inflation, de 0,2 % en 2018. L’opposition a immédiatement réagi car, selon ses calculs, cette rémunération aurait en réalité baissé de 0,4 %.

Un gouvernement notoirement embarrassé

« Pouvez-vous nous assurer qu’il n’y a pas eu de volonté de dissimulation ? », n’avait pas décidé à jeter auparavant Akira Nagatsuma, du Parti démocrate constitutionnel (opposition) à un gouvernement évidemment embarrassé. « Est-ce que tout va bien au ministère de la santé et du travail ? », se questionnait avec un soupçon d’ironie Shinjiro Koizumi, pourtant membre du Parti libéral démocrate, le PLD au pouvoir. Et les parlementaires de se imiter du slogan opté par le gouvernement pour souligner l’importance des statistiques – il y a une journée des statistiques au Japon, le 18 octobre : « Exploiter les statistiques pour fixer un cap pour l’avenir » (« Ikase tokei, mirai no shishin »).

Les « erreurs » du ministère ont déjà eu des suites pour les services sociaux qui s’adossent sur ses données pour calculer le montant des allocations-chômage ou encore des primes d’assurance versées aux victimes d’accidents du travail. Au total, selon une première évaluation du ministère, 19,7 millions de personnes auraient été privées d’un total de 79,5 milliards de yens (632 millions d’euros).

La Banque du Japon utilise de son côté l’enquête mensuelle pour estimer la fin de l’inflation sur l’économie. L’affaire menace aussi d’agiter les certitudes du gouvernement sur l’économie. Dans son exposé économique mensuel de janvier, il considérait l’économie comme « en redressement sur un rythme modéré ». Citant les données faussées, l’opposition a qualifié les abenomics, la politique économique du premier ministre, Shinzo Abe, d’« escroquerie ».

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LJD

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