« Si on m’avait dit que je travaillerais au calme dans cet endroit paradisiaque… » : en Thaïlande, un éden pour les télétravailleurs sans frontières

« Si on m’avait dit que je travaillerais au calme dans cet endroit paradisiaque… » : en Thaïlande, un éden pour les télétravailleurs sans frontières

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Publié aujourd’hui à 00h43

Un casque sur les oreilles, les yeux rivés sur l’ordinateur, Jonathan Dizdarevic est concentré sur son écran : cet ingénieur en informatique, Français d’origine bosniaque, travaille d’arrache-pied sur le développement d’une application VPN, réseau privé virtuel qui permet d’établir une connexion Internet sécurisée. L’air est si chaud, si moite, à peine rafraîchi par un ventilateur, que ce grand blond de 33 ans a tombé la chemise. Derrière lui, un paysage paradisiaque : une plage à la splendeur de carte postale, sable blanc sur horizon bleuté, la « zen beach » où une foule d’exilés volontaires vient chaque soir admirer le soleil rouge sang qui s’enfonce dans le golfe de Thaïlande. Un peu plus loin, il y a même une zone réservée aux nudistes.

Jonathan Dizdarevic, 33 ans, de nationalité française, travaille sur le développement d’une applcation VPN. Ici le 5 mars 2021, au Zen Hub, espace de coworking dans l'île de Koh Phangan, en Thaïlande.

C’est un après-midi tranquille sur l’île de Koh Phangan, l’une des places fortes mondiales des « nomades numériques », expression désormais convenue pour désigner tous ces jeunes en errance sur la planète, ordinateurs portables en bandoulière, prêts à travailler n’importe où, au gré de leurs envies. Ils ont la trentaine, la quarantaine pour les plus âgés, et ce sont des gens du voyage d’un genre nouveau : les errants de l’univers éternellement mouvant des écrans sans frontières.

De la fuite dans les idées

La pandémie a précipité les choses : poussés par les vents mauvais du Covid-19, les digital nomads – l’expression anglaise que tous utilisent pour se désigner – ont vu leurs rangs s’épaissir. Certains, tels des naufragés, ont échoué à Koh Phangan. Ils ne sont toujours pas repartis ; ils y attendent des jours meilleurs, quand ils pourront de nouveau parcourir la planète. « Après avoir travaillé à Paris comme responsable technique dans une boîte de développement numérique, puis continué par la Californie, le Mexique, la Colombie, les Canaries, Hongkong et Singapour, j’ai réalisé que la liberté n’a pas de prix », témoigne Jonathan Dizdarevic. La route a été longue, mais il a fini par se « poser ». Même si ce refuge asiatique n’est pas sa destination finale, l’essentiel, à ses yeux, est d’avoir échappé à l’enfer urbain des grandes villes d’Occident et d’Extrême-Orient : « Je ne me sentais pas à ma place dans le monde du travail ordinaire, et je n’en pouvais plus de dépendre des idées des autres : j’ai terminé en burn-out et j’ai fui. »

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Burn-out, dépression, lassitude de la vie dans le « monde d’avant » des sédentaires stressés… A Koh Phangan, certains de ces nomades reviennent de loin. Sophie Vaxelaire, par exemple : une brune de 30 ans au sourire rêveur, désormais professeure de yoga. En 2019, elle a quitté son emploi dans un cabinet de conseil en finance du quartier d’affaires de la Défense, près de Paris. « Depuis longtemps, je ne me sentais plus à l’aise », se souvient-elle devant une tasse de thé à la table du café Indigo, un antre numérique où, dans la grande pièce du premier étage, l’on s’assoit sur un coussin devant l’ordinateur dans le silence quasi sépulcral d’une sainte chapelle. « Un jour, j’ai réalisé que je me mettais à écrire des phrases qui n’avaient plus aucun sens, j’étais complètement déphasée. »

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