« Retirer l’ENA ne fera pas passer la nécessité d’aménager les cadres de la fonction publique »

« Retirer l’ENA ne fera pas passer la nécessité d’aménager les cadres de la fonction publique »

Ancien étudiant de l’ENA, David Guilbaud montre, qu’il faut protéger la conception républicaine du « fonctionnaire citoyen », dont le statut lui admet d’octroyer, sans doute de répression, son avis cultivé à son échelle afin que celle-ci puisse immobiliser en connaissance de cause.

Après plus d’une semaine de rumeurs, le président de la République a fait part aux citoyens des termes qu’il a pris après le grand débat national. « On ne va pas supprimer telle ou telle chose pour faire des symboles », a-t-il déclaré. Avant de joindre, quelques dizaines de minutes plus tard, qu’il comprenait bien, malgré tout, effacer l’Ecole nationale d’administration dans le cadre d’un grand changement de la haute fonction publique.

Il entend aussi voir les « grands corps » annulés, sans que l’on comprenne bien la cause d’une suppression de ces corps d’inspection et de contrôle, ni ce par quoi ils pourraient être transformés et avec quelles garanties d’indépendance pour l’exercice de leurs missions. De même, la justification d’une cession de l’ENA reste impossible à discerner : sauf à démanteler l’Etat, cela ne fera pas passer le besoin de former les cadres de la fonction publique.

Protéger la conception républicaine

Qu’importe, les hauts agents sont invités à s’amuser : le gouvernement a d’ores et déjà escompté une réforme profonde des règles de la fonction publique « pour le bien des fonctionnaires » – a déclaré le chef de l’Etat – et la haute fonction publique ne sera pas tenue à l’écart de cette « modernisation indispensable ». Mais de quoi parle-t-on, au juste ? Trois sujets ont été fort légitimement réputés par le président : le recrutement des hauts fonctionnaires, leur formation et l’amplification de leur carrière.

Sur ce dernier sujet, il faut affirmer une autre fois  que le statut de la fonction publique, qui donne aux fonctionnaires la sécurité de leur emploi, est vertueux. Comme l’a rappelé l’ancien ministre de la fonction publique Anicet Le Pors, il permet de concrétiser une triple exigence de capacité, d’estime au service public et d’intégrité. Etendre le recours au contrat dans la fonction publique menace ces exigences. Contre le risque d’un retour en arrière vers davantage d’autoritarisme hiérarchique, il faut, au contraire, protéger la conception républicaine du « fonctionnaire citoyen », dont le statut lui admet de donner, sans crainte de sanction, son avis cultivé à sa hiérarchie afin que celle-ci puisse décider en connaissance de cause.

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LJD

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