Reprendre des études après quelques années de vie active, une tendance en plein essor

Reprendre des études après quelques années de vie active, une tendance en plein essor

C’est un modèle qui a longtemps été une caractéristique française, et qui, peu à peu, se fissure. Celui du diplôme unique obtenu juste avant d’entrer dans la vie active, et dont on se prévaut tout au long de sa vie. Ce paradigme, lentement, commence à changer.

Les jeunes adultes sont de plus en plus nombreux à reprendre des études pour obtenir un nouveau diplôme quelques années après avoir commencé leur vie active, observe le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), dans une étude parue fin 2020. Depuis vingt ans, « ce phénomène continue d’augmenter au fil des enquêtes », constate Alexie Robert, chargée d’études au Céreq. La part de jeunes qui reprennent des études dans les sept ans qui suivent leur entrée dans le monde professionnel est ainsi passée de 14 % pour les jeunes diplômés en 1998, à 23 % pour ceux sortis en 2010, tous niveaux de diplômes confondus. Et c’est sans compter toutes celles et ceux qui se reconvertissent au moyen des formations courtes non diplômantes.

Comment l’expliquer ? Par les difficultés d’insertion professionnelle tout d’abord. L’âge moyen d’accès à un premier emploi stable est passé de 20 ans en 1975 à 27 ans aujourd’hui, selon une étude du Conseil économique, social et environnemental. « La transition entre études et marché du travail s’est fluidifiée pour les plus favorisés, mais elle est devenue plus floue et labyrinthique pour les autres. L’enjeu de ces reprises d’études est souvent de s’assurer un poste stable et un niveau de rémunération correct », estime le sociologue François Sarfati, chercheur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).

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Des reprises à tous niveaux

La propension à reprendre ses études en début de vie active touche tous les niveaux de diplôme, note le Céreq. Mais ceux qui ont un niveau baccalauréat sont les plus enclins à revenir sur les bancs de l’enseignement supérieur. Comme Claire Lottin qui, après avoir raté son bac littéraire, a commencé tout de suite à travailler. « J’en avais marre, je voulais gagner de l’argent et être indépendante », se souvient-elle. S’en suivent cinq années de petits boulots dans l’animation, la restauration, l’événementiel. Elle décide ensuite de reprendre les études, par le biais d’un diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU) à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, à la rentrée 2020. « Quand j’ai choisi de chercher du travail après ma terminale, je savais déjà que je reprendrais mes études un jour. Dans notre société, si tu n’as pas de diplôme, tu n’es pas reconnu, estime l’étudiante, qui veut travailler dans la criminologie. Certains concours de la fonction publique sont accessibles sans le bac, mais avec le DAEU, si je veux me reconvertir à nouveau, ce sera plus simple. »

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