Renault lance un plan de restructuration prévoyant 2 000 départs et 2 500 embauches d’ici à 2024

Renault lance un plan de restructuration prévoyant 2 000 départs et 2 500 embauches d’ici à 2024

Le stand Renault au Salon de l’automobile de Munich, le 11 septembre 2021.

Renault a lancé, jeudi 16 septembre, des négociations avec les syndicats en vue d’un « accord social triennal » 2022-2024 qui impliquerait un grand nombre de départs, mais aussi des embauches, avec la « volonté de positionner la France au cœur des activités industrielles et de recherche et développement [du groupe] », en y installant « des technologies d’avenir », a précisé le constructeur dans un communiqué.

Le groupe automobile « envisage la production de neuf nouveaux véhicules en France à l’horizon 2025 », « dont une majorité 100 % électrique ». Outre les « 500 créations nettes d’emplois », en embauchant notamment des « compétences-clés », Renault prévoit pour ses salariés « 10 000 formations et reconversions sur l’ensemble des métiers », a-t-il ajouté.

Des annonces « dans le bon sens »

Les négociations doivent se poursuivre jusqu’à la fin de l’année, ont déclaré les syndicats. « Pour l’instant, on ne sait pas comment seront réalisés les départs », a précisé Mariette Rih, déléguée Force ouvrière (FO), en souhaitant qu’il n’y ait « aucun départ contraint ». Mais « les annonces faites vont dans le bon sens » pour « l’empreinte industrielle de Renault en France », a-t-elle estimé.

La CFDT « n’acceptera aucun licenciement sec », a prévenu le syndicat. « Le projet présenté est ambitieux, c’est positif », mais « le point noir, c’est l’ingénierie avec de nouvelles suppressions de postes », a regretté Jean-François Nanda, délégué CFDT, qui plaide pour un étalement des départs « sur la période de l’accord ».

« On se positionnera quand on aura tous les éléments au cours de la négociation, par exemple sur le temps de travail. Les populations cols blancs sont les plus impactées par les départs [envisagés] », a souligné Guillaume Ribeyre, délégué CFE-CGC. « Tout est conditionné à l’aboutissement d’un accord », a-t-il relevé.

L’ingénierie et les fonctions support fortement touchées

L’ingénierie et les fonctions support ont déjà payé un lourd tribut à la restructuration de Renault, dans le cadre du plan d’économies détaillé en mai 2020. Sur les 4 600 suppressions d’emplois annoncées alors pour la France (parmi 15 000 suppressions au total dans le monde), 1 500 concernaient l’ingénierie, et 1 000 les fonctions de support.

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Le plan de départs volontaires ouvert pour ces salariés, par le biais d’une rupture conventionnelle collective (RCC), n’est pas encore terminé. Les 2 100 suppressions de postes dans les usines ont été réalisées par départs naturels (retraite…).

Dans son projet présenté jeudi, la direction prévoit 2 000 embauches pour les usines françaises et « plus de 5 000 parcours de formation et reconversion », selon son communiqué.

Pour l’ingénierie, la direction évoque « 1 600 départs potentiels » et « 400 recrutements sur de nouvelles compétences clés, comme les data sciences ou la chimie des batteries », ainsi que 3 000 formations ou reconversions. Dans les fonctions de support, il y aurait 400 départs, 100 recrutements de « compétences-clés » et 2 000 formations ou reconversions.

Cap sur l’électrique

« Sous réserve d’un accord », note la direction, le plan prévoit d’affecter notamment au pôle ElectriCity, qui sera créé en 2022 dans les Hauts-de-France, la fabrication de la future Renault 5 électrique, et la version électrique du modèle Nouveau Kangoo.

En Seine-Maritime, l’usine de Dieppe produirait un nouveau véhicule Alpine, celle de Sandouville fabriquerait le Nouveau Trafic électrique, tandis que le « futur moteur électrique 100 kW » reviendrait à l’usine de Cléon. Le modèle qui remplacera le Master et « un véhicule pour un partenaire » seraient produits à Batilly (Meurthe-et-Moselle).

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« Le projet vise notamment à faire de la France le cœur du véhicule électrique pour Renault Group, en augmentant son activité industrielle dans ce domaine », a relevé la direction.

Eté morose pour le marché automobile européen

Après un printemps encourageant, le marché automobile européen a rechuté en juillet et en août, selon des chiffres publiés, jeudi 16 septembre, par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).

Les 823 949 immatriculations de voitures neuves dans l’Union européenne en juillet représentent une chute de 23,2 % par rapport à la même période de 2020. C’est la France qui a enregistré, durant ce mois, la baisse la plus forte (– 35,3 %).

Parmi les principaux constructeurs, le groupe Renault a particulièrement souffert (– 39,5 % de véhicules et 2,5 points de part de marché en moins par rapport à juillet 2020), devant Stellantis (Peugeot, Fiat, Citroen, Opel-Vauxhall, – 24,3 %) et le leader européen Volkswagen (– 20,9 %).

En août, la baisse est de 19,1 %, avec 622 993 immatriculations. Stellantis enregistre une baisse de 29,7 %, avec 2,7 points de part de marché en moins par rapport à août 2020. Le groupe Renault a, quant à lui, observé une chute de 20,6 % sans trop perdre de parts de marché. Volkswagen reste largement numéro un, avec 163 995 véhicules immatriculés mais une chute de 15,9 %.

La reprise se fait attendre avec, en cause, les effets de la crise sanitaire et ceux de la pénurie mondiale de semi-conducteurs. Le secteur garde toutefois la tête hors de l’eau sur les huit premiers mois de l’année grâce aux belles performances du printemps, avec une hausse de 11,2 %, soit 6,8 millions de voitures particulières neuves mises sur les routes.

Le Monde avec AFP

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