Réformes européennes : les leçons de la crise de 2008

Réformes européennes : les leçons de la crise de 2008

Mark Rutte, Angela Merkel, Ursula von der Leyen,  Giuseppe Conte, Charles Michel et Emmanuel Macron, à Bruxelles, le 18 juillet.

Sept cent cinquante milliards d’euros pour sortir l’économie européenne de la récession et la préparer aux défis écologiques de demain. S’il doit encore franchir quelques étapes avant d’être définitivement validé, l’ambitieux fonds de relance adopté par les dirigeants européens, mardi 21 juillet, devrait profiter aux vingt-sept Etats membres dès 2021.

Pour toucher leur part, ils devront détailler les réformes et les investissements qu’ils comptent mener d’ici à 2023. Et c’est là que les choses pourraient se compliquer.

« Les gouvernements sont bien plus doués pour concevoir les plans de dépenses que pour les mettre en œuvre, analyse Erik Jones, spécialiste des questions européennes à l’université John Hopkins, à Bologne. Dépensé trop vite, l’argent risque d’arriver au mauvais endroit, mais trop lentement, il risque d’être dirigé vers des projets se révélant plus coûteux que prévu initialement. »

En outre, un volet de réformes devra accompagner ces investissements. Or si l’un des pays membres estime qu’un autre ne respecte pas le programme annoncé, il pourra exiger que le sujet soit débattu lors d’un Conseil européen. « Ce n’est pas un droit de veto, mais ce mécanisme pourrait compliquer les choses », redoute M. Jones.

« Le dogmatisme néolibéral a été corrigé »

En la matière, l’Union européenne (UE) a néanmoins quelques expériences dont elle peut tirer des leçons, à l’exemple des réformes adoptées dans le sillage de la crise de 2008.

A l’époque en pleine déroute financière, la Grèce, le Portugal, l’Irlande et Chypre passent alors sous assistance de la « troïka » – Fonds monétaire international (FMI), Commission et Banque centrale européennes – : en échange de prêts, ces pays doivent appliquer un douloureux programme de réformes. L’Espagne, elle, sollicite l’aide du Mécanisme européen de stabilité (MES), en 2012, pour renflouer ses banques, tandis que, la même année, l’Italie réforme ses retraites sous la pression de ses partenaires.

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Bien sûr, le contexte était radicalement différent. « Ces pays affichaient d’importants déficits et déséquilibres économiques », rappelle Daniel Gros, directeur du Centre for European Policy Studies, un think tank européen. L’objectif des réformes, accompagnées de sévères politiques d’austérité, était d’abord de restaurer les comptes publics.

Or l’exemple grec a montré qu’un tel cocktail a aggravé la récession, avec des conséquences sociales douloureuses. Depuis, « le dogmatisme néolibéral, qui a fait tant de mal à l’Europe et à ses populations, en particulier au Sud, a été corrigé », souligne Pablo Iglesias, cofondateur de Podemos et deuxième vice-président du gouvernement espagnol, dans Le Monde du 22 juillet.

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