Raison d’être et mission d’entreprise : des mots qui engagent

Raison d’être et mission d’entreprise : des mots qui engagent

« Au-delà de l’activité ordinaire de l’entreprise, il s’agit donc de trouver les mots qui décrivent l’avenir que l’on veut construire en matière scientifique, sociale et environnementale »
« Au-delà de l’activité ordinaire de l’entreprise, il s’agit donc de trouver les mots qui décrivent l’avenir que l’on veut construire en matière scientifique, sociale et environnementale » Sam Brewster/Ikon Images / Photononstop

Chronique « Entreprises ». La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) permet aux entreprises de se doter d’une « raison d’être » et de l’inscrire dans leurs statuts. Elles peuvent aussi aller plus loin et adopter la qualité de « société à mission ». Ce qui exigera un comité de mission et un contrôle indépendant. Sur le terrain, plusieurs grandes entreprises (Veolia, SNCF, ATOS,…) ont déjà publié leur raison d’être.

Par ailleurs, la « Communauté des entreprises à mission », créée récemment, soutient ses membres dans ces deux démarches. Un constat s’impose déjà : pour exprimer des engagements crédibles avec des mots et des textes, les entreprises doivent adopter une démarche collective originale.

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Un projet d’entreprise s’appuie habituellement sur des indicateurs chiffrés. Mais la quantification favorise aussi des illusions trompeuses. Ainsi, les grandes faillites brutales (Thomas Cook) ou les mésaventures des reprises d’entreprises (Whirpool) rappellent la prudence indispensable vis-à-vis des données comptables.

Par ailleurs, les entreprises sont passées maîtres de l’usage publicitaire du discours : c’est-à-dire de la mobilisation du langage pour séduire, attirer, embellir. Il en résulte, par effet boomerang, que, venant d’une entreprise, les mots qui décrivent une « raison d’être » ou une « mission » risquent d’être reçus comme de la communication ou un « coup de pub ».

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L’élaboration d’une raison d’être impose donc un effort particulier de crédibilisation. Cela vaut aussi pour les sociétés à mission. La loi s’en est assurée en demandant un contrôle interne et externe. Mais comment démarquer clairement une raison d’être de la communication d’entreprise ?

Deux exigences ressortent des premières expériences. Il faut d’abord résister à la tentation d’en dire le moins possible ou de recourir à quelques objectifs chiffrés convenus. Car la loi stipule que la raison d’être est « constituée des principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité » (article 169).

Discussion et partage

Au-delà de l’activité ordinaire de l’entreprise, il s’agit donc de trouver les mots qui décrivent l’avenir que l’on veut construire en matière scientifique, sociale et environnementale. Et de tels mots n’exprimeront des engagements véritables que s’ils servent de guide pour l’action et s’ils peuvent être mis à l’épreuve dans les décisions habituelles de l’entreprise.

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LJD

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