Presstalis : « Il est temps que l’Etat montre la voie »
Lundi 20 avril, Cédric Dugardin, président de Presstalis, a déposé une déclaration de cessation de paiement de l’entreprise, prélude à un redressement judiciaire, et signe de la gravité de la situation du premier distributeur de la presse française. Pour sortir de la crise, les éditeurs de presse doivent s’entendre sur un plan de continuation de l’activité. Mais alors que la situation ne cesse de se dégrader sous l’effet du confinement, presse magazine et presse quotidienne continuent de se déchirer.
Vous avez déclaré Presstalis en cessation de paiement. Que va-t-il se passer maintenant ?
Cette déclaration est un acte juridique. Il faut maintenant une audience au tribunal, qui peut décider d’un redressement judiciaire, ou dans le pire des cas, d’une liquidation. Cette audience devait avoir lieu ce vendredi 24 avril, elle se tiendra finalement le 12 mai. J’ai demandé son report car je considère qu’il y a eu des avancées significatives avec l’Etat et les partenaires sociaux. Ce délai doit nous permettre d’arriver devant le tribunal avec un plan abouti et d’éviter à Presstalis de rester longtemps en redressement judiciaire.
Quelle est la situation de Presstalis ?
Quatre cents marchands de journaux ont rouvert depuis le début du confinement. Il en reste donc 2 800 fermés, soit 16 % du chiffre d’affaires de Presstalis, contre 20 % au départ.
Deux plans de poursuite de l’activité sont sur la table. Que proposent-ils ?
Le plan proposé par les magazines prévoit de faire des Messageries lyonnaises de presse [MLP], concurrent de Presstalis, une messagerie unique. Presstalis deviendrait un centre de prestations de services, assurant certaines fonctions supports (informatique, réglage des « fournis »…). En face, le plan que nous proposons est un plan intermédiaire, qui intègre MLP dans le système, et prévoit un début de mutualisation des outils. Cela permet d’ouvrir la voie à une messagerie unique à terme. Dans tous les cas, la restructuration va coûter aux alentours de 150 millions d’euros. Le plan des magazines prévoit la reprise de 300 personnes sur 910. Celui de Presstalis, 360. C’est une réduction significative des effectifs.
Quelle est la réaction des syndicats face à cette perspective ?
Il n’y a pas eu de grève, les équipes poursuivent leur mission, et elles n’ont pas l’intention de l’interrompre. Les organisations syndicales continuent de discuter. Pour elles, le plan de Presstalis est un point de départ. En revanche, elles ont présenté un refus très clair au plan des magazines, qui transforme Presstalis en sous-traitant. Depuis le membre du comité de direction jusqu’au responsable syndical, tous souhaitent préserver leur messagerie car c’est la garantie d’avoir les clés de leur avenir. Dans un mariage, il faut être deux. Et les forcer à une alliance avec les MLP dont ils ne veulent pas serait suicidaire. D’ailleurs, MLP ne propose pas d’investir dans la nouvelle structure, mais simplement d’apporter son « savoir-faire ». L’entreprise veut prendre le meilleur et laisser le reste.
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