Présidentielle 2022 : la crédibilité du projet de Marine Le Pen sur les retraites discutée par les experts
Le programme de Marine Le Pen en matière de retraites a beau avoir été retouché, il n’est pas jugé plus crédible qu’avant. Le 17 février, la candidate du Rassemblement national (RN) avait tiré une croix sur son idée d’ouvrir les droits à une pension pour tous dès 60 ans. Un changement de cap retentissant, justifié par le réalisme et par la volonté de porter des mesures qui soient soutenables sur le plan budgétaire. Le schéma que la responsable populiste défend aujourd’hui est un peu moins avantageux pour les assurés que le précédent, mais sa viabilité continue d’être mise en doute par des experts, et il déplaît toujours au patronat.
Le nouveau dispositif conçu par Mme Le Pen et son équipe entend instaurer un âge légal de départ à la retraite qui varie entre 60 et 62 ans, en fonction du moment où les personnes ont fait leur « entrée dans la vie active ». Ainsi, celles qui ont commencé à travailler entre 17 et 20 ans pourront partir à 60 ans. Pour les femmes et les hommes ayant débuté leur carrière après 20 ans, l’âge minimal pour pouvoir demander le versement de la pension oscillera entre 60 ans et 9 mois et 62 ans.
S’agissant du droit à une retraite à taux plein, il sera, lui aussi, modulé en fonction de l’âge d’entrée dans la vie active : 160 trimestres pour ceux qui ont démarré leur vie professionnelle entre 17 et 20 ans, 164 trimestres pour ceux qui ont débuté à 22 ans, 168 trimestres pour ceux qui ont commencé à 24 ans et au-delà, etc.
Coup d’arrêt sur l’immigration
De telles règles s’avèrent plus favorables pour les assurés si elles sont comparées à la législation actuelle. Si l’on élargit la focale aux propositions des autres candidats à la présidentielle, la dirigeante d’extrême droite se situe dans une sorte d’entre-deux : elle est moins généreuse que les tenants de la retraite à 60 ans (Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, etc.), mais nettement plus « sociale » qu’Emmanuel Macron, qui veut repousser à 65 ans l’âge d’ouverture des droits. Son but est de répondre à l’aspiration de catégories populaires, qui ont fait leurs premiers pas dans le monde du travail de façon précoce.
Auditionnée par plusieurs organisations d’employeurs pendant la campagne, Mme Le Pen a été invitée à s’expliquer sur ses intentions. Le 9 mars, face à l’Union des métiers et des industries de la métallurgie, elle a déclaré qu’il s’agissait d’un « choix de société ». « Plus on entre tôt sur le marché du travail, plus le travail est dur (…) et plus on doit pouvoir partir tôt », a-t-elle dit, en précisant que son projet coûterait 9,5 milliards d’euros par an, « en vitesse de croisière ». C’est « raisonnable » et « juste », à ses yeux. Pour financer ses mesures, elle a indiqué qu’elle réaliserait des économies, grâce à un coup d’arrêt sur l’immigration et à la lutte contre les fraudes. Elle table aussi sur les effets indirects de sa réforme, qui contribuerait à faire reculer le nombre de demandeurs d’emploi parmi les seniors et, par voie de conséquence, les dépenses d’assurance-chômage (à hauteur de 2 milliards d’euros).
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