Lors d’un rassemblement du syndicat IG Metall devant le siège de Volkswagen, pendant une grève à l’usine principale, à Wolfsburg (Allemagne), le 9 décembre 2024. MARTIN MEISSNER / AFP
Carsten Büchling a terminé l’année 2024 par un des plus gros soulagements de sa carrière. Le syndicaliste d’IG Metall, chef du comité des salariés de l’usine de composants Volkswagen (VW) de Baunatal (16 000 salariés), près de Kassel (Hesse), a pu annoncer à ses collègues la fin du conflit au sein du groupe. La direction du constructeur avait brisé un tabou, début septembre 2024, en suspendant la garantie sur les emplois en vigueur depuis trente ans, et en menaçant de fermer des sites de production. Un choc pour les salariés. « L’accord a marqué la fin de trois mois d’incertitude intense. Les derniers jours de négociation avant les congés de fin d’année, auxquels j’ai participé, ont été un marathon. Nous avons obtenu de la direction les garanties que nous souhaitions : ni licenciements secs ni fermetures d’usines », raconte le syndicaliste.
Les concessions restent monumentales : le 20 décembre 2024, la marque Volkswagen, cœur du groupe VW, s’est entendue avec IG Metall sur la suppression, d’ici à 2030, de 35 000 emplois, soit près d’un tiers des effectifs du constructeur outre-Rhin, dans un contexte de baisse durable des ventes de voitures en Europe.
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Pour les entreprises, 2025 ne s’ouvre pas sous les meilleurs auspices. Les incertitudes inédites sur le cadre fiscal et budgétaire ouvertes par l’épisode de la dissolution, puis la censure du gouvernement Barnier, ne sont pas dissipées. La demande, autant de la part des entreprises que des ménages, souffre de ce manque de visibilité. La récession allemande jette un froid sur l’activité de ses partenaires européens. L’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche est lourde de menaces pour les exportateurs. En somme, « ce qui manque, c’est un choc de confiance », a résumé, jeudi 9 janvier, Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance, à l’occasion de la publication de l’enquête de conjoncture semestrielle de la banque publique auprès des TPE-PME.
Les problèmes d’approvisionnement post-Covid-19 ou les difficultés de recrutement des années 2022-2023 sont désormais loin derrière. Selon cette enquête, menée auprès de 5 000 entreprises, la principale inquiétude des chefs d’entreprise porte sur l’activité, particulièrement dans l’industrie, le tourisme ou le commerce, en raison d’une demande en berne.
François Thuilleur, PDG du groupe Paredes-Orapi, qui produit et distribue des produits d’hygiène pour des clients de multiples secteurs, voit les clignotants rouges s’allumer de tous côtés. « Les hôpitaux publics, l’un de nos plus gros clients, n’ont plus de budget du tout et font du déstockage, explique-t-il. Les 2 300 Ehpad que nous fournissons sont en grande difficulté financière. L’industrie agroalimentaire, qui a subi une contraction de ses ventes, a répondu par un gel des embauches et interrompu les contrats d’intérim : c’est autant d’équipements de protection et d’hygiène en moins. Les entreprises de propreté, elles, redoutent le coup de rabot sur les allègements de charges sur les bas salaires, et donc réduisent leurs coûts… »
Projets à la baisse
Confronté à un tassement de la demande de l’ordre de 8 % à 10 %, le groupe Paredes-Orapi a choisi de ne pas remplacer certains départs naturels parmi ses 1 200 salariés en France cette année, et tous les projets d’investissement, sans être reportés ou annulés, ont subi un coup de rabot. Une tendance générale : en 2024, 43 % des entreprises interrogées disent avoir investi, contre 46 % en 2023. Et les projets pour 2025 sont orientés à la baisse.
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L’accord trouvé entre le patronat et plusieurs syndicats sur l’assurance chômage a été agréé par le gouvernement, selon un arrêté paru vendredi 20 décembre au Journal officiel.
Cet accord sur les nouvelles règles d’indemnisation des chômeurs, qui doivent s’appliquer à partir de janvier, a été signé par la CFDT, FO et la CFTC, ainsi que par les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P). La CGT et la CFE-CGC ne l’avaient pas paraphé.
Juste avant la censure, le gouvernement Barnier avait décidé d’agréer cet accord dans le cadre de la gestion des affaires courantes, mais le nouveau premier ministre, François Bayrou, aurait pu en décider autrement.
Une large majorité des partenaires sociaux avaient réussi à s’accorder le 15 novembre dernier, au terme d’une négociation éclair, sur ces nouvelles règles, qui prévoient notamment de relever de deux ans les bornes d’âge à partir desquelles les chômeurs seniors bénéficient d’une durée d’indemnisation plus longue.
L’arrêté du gouvernement, signé par François Bayrou, précise notamment que la mesure qui prévoyait qu’il faudrait avoir travaillé au moins cinq mois, et non six mois, au cours des derniers 24 mois pour s’inscrire à l’assurance chômage, n’entrera pas en vigueur car elle nécessite de légiférer.
Comme annoncé, une mesure de l’accord qui prévoyait de réduire les indemnités des travailleurs frontaliers – calculées sur la base de leurs salaires perçus à l’étranger et souvent bien plus élevés qu’en France -, est aussi exclue de l’agrément, pour des raisons juridiques.
En 2023, le nombre de jours d’arrêt maladie indemnisés par la Sécurité sociale est resté presque stable (– 0,035 % par rapport à 2022) tout en se maintenant à un niveau bien plus élevé que celui qui prévalait avant l’épidémie de Covid-19. C’est l’un des principaux enseignements d’une enquête publiée, vendredi 13 décembre, par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) et la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Cet état des lieux très fouillé tombe à point nommé, dans un contexte où le gouvernement, désormais démissionnaire, avait relancé le débat sur la question en cherchant à durcir les règles de prise en charge. Un projet mis de côté, pour le moment, du fait de la chute de l’équipe de Michel Barnier.
La note diffusée vendredi s’intéresse au cas des salariés du privé et des contractuels de la fonction publique – soit environ 21 millions de personnes. Elle montre que les arrêts maladie constituent la cause essentielle d’une cessation d’activité donnant lieu à indemnisation. S’y ajoutent les arrêts imputables à la maternité, à un accident du travail ou à une maladie professionnelle, dont le volume est beaucoup plus faible.
Au total, la « Sécu » a versé, en 2023, 17 milliards d’euros à des assurés qui étaient dans l’incapacité physique d’exercer leur métier – dont 10,2 milliards au seul titre des pathologies « ordinaires », sans lien avec le travail ou avec une grossesse. La facture s’est renchérie de 9 milliards en six ans, selon des chiffres fournis par le gouvernement durant les discussions parlementaires sur le budget de la « Sécu », cet automne.
Epaisses zones d’ombre
Cette flambée des coûts est issue de la combinaison de plusieurs facteurs. D’abord, le nombre d’individus en emploi s’est accru depuis 2010, ce qui a eu, mécaniquement, un impact à la hausse sur les arrêts. Les salaires ont, par ailleurs, progressé – en particulier pendant les trois dernières années, pour tenter de suivre l’inflation. Cette dynamique s’est répercutée sur les indemnisations puisqu’elles sont calculées en fonction de la rémunération perçue.
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Un verre Duralex à la fin d’une ligne de production à l’usine du fabricant français de verrerie Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin, près d’Orléans, dans le Loiret, le 31 juillet 2024. GUILLAUME SOUVANT / AFP
L’Etat verse un prêt de 750 000 euros à la mythique verrerie française, en difficultés, Duralex, devenue en juillet une coopérative, selon un arrêté publié samedi 14 décembre. L’entreprise, connue dans le monde entier pour sa vaisselle réputée incassable, avait failli disparaître après un énième redressement judiciaire en avril, plongeant les plus de 200 salariés dans le flou autour de leur avenir.
L’Etat verse, lui, par le biais de Bpifrance, 750 000 euros « sous la forme d’un prêt au profit de la société Duralex SCOP SA » et « au titre du programme du fonds de développement économique et social », selon le texte publié samedi au Journal officiel, daté du 4 décembre. Le prêt a été accordé « cet été dans le cadre de la reprise » en coopérative, a affirmé une porte-parole de Duralex.
Mais les défis restent nombreux pour atteindre l’objectif de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2029. En 2023, les ventes de Duralex sont tombées à 24,6 millions d’euros, contre plus de 31 millions en 2022.
Avant la transformation en SCOP, Duralex, qui fut la fierté de la production industrielle française, qualifiée de « tour Eiffel de la vaisselle », était aux mains de La Maison française du verre, également propriétaire de Pyrex, qui l’avait reprise à la barre du tribunal en 2021 à l’issue d’une procédure de redressement judiciaire.
Duralex, qui connaît des crises récurrentes depuis une vingtaine d’années, a notamment été confrontée à la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Elle avait alors été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d’euros de l’Etat.
Piquet de grève à l’entrée du site de production de l’usine Michelin à Cholet (Maine-et-Loire), le 23 novembre 2024. THOMAS LOUAPRE/DIVERGENCE POUR « LE MONDE »
Est-ce la fin d’une parenthèse ? La dynamique de réindustrialisation à l’œuvre en France depuis quelques années serait-elle en passe de se terminer ? Plusieurs indicateurs le laissent entendre, qui virent au rouge, alors que le nouveau premier ministre, François Bayrou, prend ses fonctions et doit composer son gouvernement. Les investissements industriels ont reculé en volume de 10 % dans le pays en 2024, du jamais-vu depuis 2019. Et pour la première fois depuis 2015, les fermetures d’usines vont être plus nombreuses cette année que les ouvertures. Le solde négatif devrait être de 15, selon le comptage du cabinet Trendeo, spécialiste de l’emploi et de l’investissement industriel.
Jusqu’à présent, le pouvoir macroniste s’est enorgueilli du retour des usines et des investissements dans l’Hexagone, chaque année plus marqués, comme les symboles du réveil industriel depuis l’arrivée à l’Elysée d’Emmanuel Macron. Mais la fin du bal économique semble avoir sonné. Les taux d’intérêt remontent, et les marchés financiers se crispent – vendredi soir, à peine François Bayrou nommé à Matignon, l’agence de notation américaine Moody’s a abaissé la note de la France.
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Le siège de la maison d’édition Hachette Livre, à Vanves (Hauts-de-Seine), le 24 octobre 2023. JOEL SAGET / AFP
L’heure des économies a sonné, au moins dans les deux premiers groupes d’édition français. Hachette, passé dans le giron du groupe de Vincent Bolloré, Vivendi ; et Editis, racheté par le groupe du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, Czech Media Invest (CMI), fin 2023, resserrent les boulons. Pour ce, les deux rivaux veulent déménager les effectifs de certaines de leurs filiales au sein du quartier général de leur maison mère. Quitte à tenter une opération au chausse-pied, en pariant sur les vertus du télétravail.
C’est ainsi que les représentants du personnel d’Hachette ont été récemment avertis par la direction que près de 250 salariés, issus notamment de la maison d’édition scolaire Hatier, allaient rejoindre les bureaux d’Hachette Livre, situés rue Jean-Bleuzen à Vanves (Hauts-de-Seine). Ils quitteront donc leurs splendides locaux – le siège historique d’Hatier – rue d’Assas, dans le 6e arrondissement de Paris, qui pourrait, à terme, être vendu.
L’autre grand chantier d’Hachette, le déménagement de son centre de distribution de Maurepas (Yvelines) vers Germainville (Eure-et-Loir), a été définitivement abandonné en janvier. Lancé en 2019, ce projet évalué à 150 millions d’euros, qui nécessitait de déplacer plus de 500 salariés, n’avait pas convaincu la direction de Vivendi.
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A la rédaction de « Libération », à Paris, le 21 mars 2023. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Les salariés du journal Libération étaient invités à participer, mercredi 4 décembre, à une assemblée générale à l’initiative du comité social et économique (CSE) et de la Société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL), l’organe de représentation des personnels de l’entreprise. L’idée était de recréer du lien dans ce quotidien qui s’est considérablement rajeuni ces dernières années, de discuter des évolutions éditoriales, mais aussi d’aborder le management de la direction, notamment celui de Dov Alfon, directeur de la rédaction depuis 2020.
Si c’est sous l’impulsion de l’ancien d’Haaretz que Libération a fortement progressé en termes d’abonnés (plus de 100 000 abonnés numériques revendiqués en septembre, contre 20 000 début 2020), la manière de diriger de ce journaliste ne fait pas l’unanimité au sein du quotidien. La question de la « perte de sens » du travail journalistique s’additionne à la fragilité économique du titre et aux interrogations sur sa structure capitalistique, alors que le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky vient, selon nos informations, d’accorder un troisième prêt d’une quinzaine de millions d’euros au journal classé à gauche. Les deux précédents représentaient un montant de près de trente millions d’euros.
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Un rassemblement du syndicat IG Metall devant le siège de Volkswagen, à Wolfsburg (Basse-Saxe), le 9 décembre 2024. RONNY HARTMANN / AFP
La pression monte sur Oliver Blume, patron du groupe Volkswagen. Lundi 9 décembre, une seconde salve de grèves a perturbé la production de neuf sites allemands du constructeur. Et 68 000 salariés ont cessé le travail pour quelques heures, rapporte le syndicat IG Metall. A Wolfsburg (Basse-Saxe), une manifestation géante a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de salariés à l’usine historique de Volkswagen. Dans la cité automobile, le quatrième round de négociations sur les salaires s’est tenu lundi après-midi, sans résultat.
Pour l’instant, le conflit se déroule dans le cadre d’un rituel éprouvé par des décennies de cogestion à l’allemande. La dernière convention collective de Volkswagen a pris fin le 1er décembre, ce qui a marqué la fin de la « période de paix », pendant laquelle les salariés n’ont, en principe, pas le droit de faire grève.
Chaque round de négociation entre patronat et syndicat est ensuite précédé de grèves dites « d’avertissement », afin de faire pression sur les discussions. IG Metall réclame 7 % d’augmentation et des garanties sur les emplois. Dans le reste de l’industrie, les salariés ont obtenu, à la mi-novembre, 5,5 % de hausse de salaire. Un signe important de maintien du dialogue social, malgré la crise aiguë qui secoue tout le secteur, où les plans sociaux se multiplient depuis plusieurs mois.
Sauf que la négociation actuelle chez Volkswagen, qui doit déterminer le tarif « maison » de la marque, est déjà hors normes. Contrairement aux cycles précédents, aucune base de négociation n’est pour l’instant acquise, aucun calendrier ne semble jusqu’ici arrêté par les deux parties. La direction souhaite une baisse de salaire de 10 %, et a évoqué la fermeture de trois usines, ainsi que des licenciements secs, pour la première fois de l’histoire du groupe. Volkswagen veut adapter ses capacités de production à une situation jugée « sérieuse » : la demande de véhicules reste durablement faible en Europe, les ventes du groupe en Chine se sont effondrées, et les Allemands doivent affronter une concurrence sévère sur la voiture électrique et connectée. Les bénéfices chinois, qui avaient assuré la paix sociale à Wolfsburg depuis quinze ans, se sont définitivement taris.
Ambiance délétère
Lors d’une visite aux salariés, mercredi 4 décembre, M. Blume a mis en garde les salariés contre des revendications qu’il juge irréalistes dans la situation actuelle. « Nous pouvons bien fabriquer les meilleures voitures du monde, cela ne joue aucun rôle si nous ne gagnons pas d’argent avec », a-t-il prévenu, en estimant qu’il fallait continuer à négocier. IG Metall, de son côté, a déposé une proposition qui fait certaines concessions sur les salaires, mais exclut toute fermeture de site. « Insuffisant », a opposé la direction. Tout porte à croire que le bras de fer va se poursuivre au-delà des fêtes de Noël. Cela aggraverait l’ambiance, déjà délétère, qui pèse sur le pays, un peu plus de deux mois avant les élections anticipées, prévues le 23 février 2025.
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A la gare de bus de Cergy-Pontoise, le réseau de l’agglomération est à l’arrêt, le 5 decembre 2024. MARIE PERSIDAT / LE PARISIEN / MAXPPP
On ne distingue plus que leurs yeux, seule parcelle d’anatomie à ne pas être recouverte d’un bonnet, d’une écharpe ou d’une paire de gants. Ils sont vingt et un, recroquevillés sur leurs chaises disposées en cercle autour du feu dans lequel une palette en bois est encore en train de brûler. Ce mardi 10 décembre au matin marque le 33e jour de grève des conducteurs de bus de Cergy-Pontoise. Depuis le 7 novembre, ils se retrouvent devant le dépôt de bus de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), pour protester contre leur employeur, l’entreprise Francilité Seine et Oise (FSO).
Ce conflit social prend ses racines dans l’ouverture à la concurrence des lignes de bus de la grande couronne parisienne par l’autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), dans le cadre de la réglementation de l’Union européenne. Le 1er janvier 2024, la société FSO du groupe Lacroix & Savac, choisie par IDFM à la suite d’un appel d’offres, a pris en main les lignes gérées jusqu’ici par la Stivo, côté Cergy-Pontoise, et Transdev, côté Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). L’opérateur doit donc élaborer un nouvel accord avec les salariés en passant de deux à un seul secteur.
C’est cet accord qui déclenche les protestations. Les « anciens Stivo » préservent leur salaire de 2 400 euros net mensuels en moyenne avec les primes. Mais les nouveaux conducteurs, arrivés depuis la reprise du secteur par FSO, signent leur contrat à 1 490 euros. « Ils sont payés 13,70 euros de l’heure alors qu’en 1998, quand je suis entré dans l’entreprise, j’étais payé 15 euros de l’heure », souffle Cyrille Mauger, délégué syndical Force ouvrière (FO), qui vient de passer sa 33e nuit sur le lieu du piquet de grève.
Patrick Valet, conducteur depuis quatorze ans, devant le dépôt de bus de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), le 10 décembre 2024.
Mehdi, 31 ans, fait partie des « petits nouveaux ». A peine cinq mois après son arrivée, il songe à démissionner. « Je passe d’un salaire de 2 500 euros en tant que chauffeur intérimaire à 1 450 euros en CDI, ici. Mon banquier fait la gueule et moi aussi », s’exaspère-t-il. Le jeune conducteur dénonce également les « journées en coupure » récurrentes. S’il n’avait pas fait grève ce mardi, Mehdi aurait travaillé de 6 heures à 9 h 30 puis de 15 heures à 19 h 45. « Je ne suis pas payé entre 9 h 30 et 15 heures alors que les anciens Stivo, si, poursuit-il. Je me lève à 4 h 45 et je rentre chez moi à 21 heures à cause des bouchons, ce n’est pas une vie. »
Patrick Valet, conducteur depuis quatorze ans, qui fait partie des anciens, assure avoir perdu « 200 euros de salaire » depuis que FSO a repris le secteur. Sur sa feuille de service, qui répertorie minute par minute son trajet du jour, il est écrit qu’il doit travailler de 5 h 42 à 12 h 39 mercredi 11 décembre. « La prime repas est déclenchée à partir de 12 h 40, je perds donc 9 euros de prime pour une minute de travail en moins », explique-t-il d’un ton désabusé. « S’il y a des aberrations comme celle-là, on peut en parler et trouver des solutions. Il est possible qu’on ait raté des choses », reconnaît Stéphane Bonnaud, directeur du développement de Lacroix & Savac.
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