Croissance : le décrochage européen par rapport aux Etats-Unis se confirme

L’une des usines de l’aciériste HKM, à Duisburg (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), le 13 août 2024.

Le décalage est vertigineux. En 2024, l’économie américaine a crû de 2,8 %, un chiffre plus de trois fois supérieur à celui enregistré en zone euro (0,7 %) et dans l’Union européenne (0,8 %), selon les données officielles publiées des deux côtés de l’Atlantique, jeudi 30 janvier. Un fossé confirmant le décrochage du Vieux Continent observé depuis plusieurs années, et décrit avec vigueur par Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, dans un rapport rendu en septembre 2024.

Aux Etats-Unis, la plupart des indicateurs sont au vert. En 2024, le taux de chômage reste très bas, à 4,1 %, contre 6,3 % en zone euro. L’inflation y était encore à 2,9 % en décembre 2024, chiffre jugé encore trop éloigné de l’objectif des 2 % de la Réserve fédérale (Fed). C’est notamment pour cela que son président, Jerome Powell, a décidé de laisser ses taux inchangés, à 4,2 % mercredi, après les avoir baissés d’un point fin 2024. Il n’empêche : la Fed et les Etats-Unis ont réussi à faire ce que la plupart des observateurs jugeaient quasi impossible : juguler l’inflation, qui s’était envolée jusqu’à 9,1 % en juin 2022, sans faire remonter excessivement le chômage, ni passer par la case récession. Les économistes appellent cela un atterrissage en douceur, prouesse déjà réalisée seulement au milieu des années 1990.

Il vous reste 78.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Pourquoi les négociations sur les salaires sont de plus en plus compliquées dans les entreprises

« Avec le métier qu’on fait, on ne devrait pas avoir à râler », soupirent en chœur des ouvriers du bâtiment devant leur entreprise Demathieu Bard Ile-de-France, à Chevilly-Larue (Val-de-Marne). En ce glacial lundi 20 janvier, ils sont entrés en grève pour protester contre la faiblesse des augmentations proposées par leur direction dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), + 1 % selon leurs délégués syndicaux.

Interrogée, l’entreprise a refusé de communiquer des chiffres, tout en disant veiller « à mettre en œuvre une politique salariale équitable ». « C’est un métier pénible : dans la pluie, dans le froid, on est dehors pour bosser, même quand, comme aujourd’hui, il fait 0 degré, fait valoir l’un d’eux, âgé de 40 ans. Et c’est dangereux, ajoute-t-il, en montrant sa main. Ce doigt-là, je me le suis coupé, on me l’a recollé ! Et, malgré tout, il faut encore cesser le travail pour essayer de ne pas perdre d’argent avec l’inflation ? » Elle a atteint, en décembre 2024, 1,3 % sur un an, selon l’Insee, qui prévoit 1 % en juin 2025.

Il vous reste 85.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Stellantis embauche à nouveau en CDI dans ses usines

Sur la chaîne de production de l’usine Stellantis de Sochaux (Doubs), le 3 octobre 2024.

Stellantis lance 210 recrutements en CDI dans ses usines françaises. Le groupe veut maintenir et renforcer ses compétences dans les usines qui fabriquent des composants et intégrer certains intérimaires dans ses usines d’assemblage. Deux cent dix postes sur 40 000 salariés en France, ce serait un début : « Le groupe veut recruter progressivement, avec régularité. Il y aura d’autres annonces », indique un porte-parole de l’ex-PSA-Fiat-Chrysler. Chez Stellantis, contrairement à un intérimaire, « en 2024, un ouvrier a eu un 14e et un 15e mois de salaire avec l’intéressement et la participation ». C’est l’esquisse d’un changement de pied, qui fait suite au départ de Carlos Tavares.

Chargé du marché européen, Jean-Philippe Imparato résume la nouvelle approche du groupe en deux mots : « se reconnecter ». Stellantis veut améliorer ses relations avec les pouvoirs publics, les concessionnaires, les salariés et les fournisseurs.

Bureau de recherche et développement en Belgique

Le groupe a également annoncé, mercredi 29 janvier, reprendre l’intégralité des parts de la coentreprise créée en 2018 avec l’équipementier belge Punch, pour la fabrication de boîtes de vitesses pour les moteurs hybrides légers. Stellantis détenait déjà 85 % des parts. Ces boîtes de vitesses équipent aussi les modèles hybrides rechargeables. Elles sont fabriquées à Metz et à Mirafiori, près de Turin, en Italie. Le site de Metz compte 900 personnes. Stellantis reprend aussi un bureau de recherche et développement en Belgique.

Il vous reste 16.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Elections aux chambres d’agriculture : une campagne sous tension, signe des fragmentations du monde agricole

 Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, lors d’un meeting de campagne, à Azat-le-Ris (Haute-Vienne), le 28 janvier 2025.

Arnaud Rousseau se déplace désormais sous protection des forces de l’ordre. Pas une semaine ne passe, dit-il, sans qu’il reçoive des menaces de mort ciblées. Le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), syndicat historique, élu en 2023, concentre les critiques, les insultes et les violences verbales dans une campagne pour les chambres d’agriculture que tous les acteurs, de tous bords, s’accordent à décrire comme plus rude que jamais, plus tendue, plus violente. Plus incertaine aussi.

Quelque 2,2 millions d’agriculteurs, dont près de 400 000 chefs d’exploitation, 800 000 salariés et 807 000 retraités, sont appelés à désigner leurs représentants d’ici le 31 janvier. Et ainsi dessiner les rapports de force entre les trois principaux blocs : l’alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs (55 %), la Coordination rurale (21 %) et la Confédération paysanne (20 %). Avec un constat partagé : longtemps protégé par son histoire syndicale, le monde agricole n’échappe ni à la fragmentation ni à la radicalisation des opinions.

Pour son dernier meeting de campagne, mardi 28 janvier, à Azat-le-Ris (Haute-Vienne), puis à Liniers (Vienne), le patron de la FNSEA a été accueilli par une banderole de ses adversaires de la Coordination rurale, qui tiennent les chambres d’agriculture dans ces deux départements, avec un slogan simple : « Rousseau dégage ».

Il vous reste 74.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Aux Restos du cœur, « on voit de plus en plus de travailleurs précaires »

Dans une antenne des Restos Du Coeur, à Grenoble, le 21 novembre 2023.

Ce jeudi 23 janvier au matin, Jean-Pierre Dupin, bénévole aux Restos du cœur, a enregistré huit nouvelles inscriptions en « à peine trois heures », à l’antenne de Beaucaire (Gard). « Ça n’arrête pas, il y a toujours plus de monde. C’est comme ça chaque semaine et les nouveaux inscrits ne manquent pas une distribution », observe le retraité, qui semble désemparé par la situation. « Parfois, ça m’empêche de dormir », ajoute-t-il.

Dans le Gard, l’association fondée par Coluche compte sur 650 bénévoles et accompagne plus de 6 000 bénéficiaires par an. Les repas distribués entre 2022 et 2023 ont augmenté de 43 % dans ce département. « Cela représente en gros 13 000 personnes aidées. Nous avons toujours reçu des familles monoparentales et des retraités, dont on sait que la situation ne va pas s’améliorer. Maintenant, on voit de plus en plus de travailleurs précaires, ceux qui travaillent, mais qui ne gagnent pas assez pour vivre, explique Alain Bourdereau, président, depuis 2022, des Restos dans le Gard. A Nîmes, par exemple, une jeune fille de 20 ans est venue s’inscrire. Elle travaillait, mais à mi-temps, payée au smic. Ça ne suffit pas pour manger et payer son loyer. »

Il vous reste 72.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Ubisoft annonce la fermeture d’un studio anglais et plusieurs restructurations en Europe, 185 employés licenciés

Après San Francisco et Osaka, le géant français des jeux vidéo Ubisoft, dans une mauvaise passe financière, a annoncé, lundi 27 janvier, la fermeture de son studio à Leamington, au Royaume-Uni, et plusieurs restructurations en Europe, menant au licenciement de 185 employés.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Ubisoft, la star française du jeu vidéo dans une crise existentielle

« Dans le cadre de nos efforts continus pour prioriser les projets et réduire les coûts afin d’assurer la stabilité à long terme d’Ubisoft, nous avons annoncé des restructurations ciblées » au sein des studios de Düsseldorf (Allemagne), de Stockholm (Suède) et d’Ubisoft Reflections (Angleterre), « ainsi que la fermeture définitive du site d’Ubisoft Leamington », a dit le groupe à l’Agence France-Presse. « Malheureusement, cela devrait affecter 185 employés » parmi les quelque 18 000 salariés que compte l’entreprise dans le monde, a ajouté Ubisoft.

Lancements de jeux en demi-teinte

Ces nouveaux licenciements s’ajoutent aux 277 postes supprimés après l’annonce en décembre de l’arrêt du jeu de tir en ligne XDefiant, faute d’avoir trouvé son public. La fin de XDefiant avait entraîné la fermeture des studios d’Ubisoft à San Francisco (Etats-Unis) et Osaka (Japon), et la « réduction progressive » de celui de Sydney (Australie).

Cette annonce intervient alors que le géant français a de nouveau reporté début janvier la sortie de son jeu-phare Assassin’s Creed Shadows, désormais prévue pour le 20 mars, ce qui l’a contraint à abaisser ses objectifs financiers pour l’année. En 2024, Ubisoft a connu plusieurs lancements de jeux en demi-teinte, comme Star Wars Outlaws dont les ventes ont été plus faibles que prévu.

Alors que l’action du groupe a baissé de plus de 40 % sur un an, Ubisoft a rapporté début janvier réfléchir à plusieurs options « stratégiques et capitalistiques » pour son avenir, alors que des rumeurs de rachat et de sortie de Bourse se font de plus en plus insistantes.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Chômage : le nombre de demandeurs d’emploi en forte hausse au quatrième trimestre 2024

Le nombre de chômeurs inscrits à France Travail en catégorie A (sans activité) a augmenté de 3,9 % au quatrième trimestre en France (hors Mayotte) et de 3,5 % sur un an. Au total, 3,138 millions de personnes sont inscrits dans cette catégorie, selon les chiffres publiés lundi 27 janvier par la direction des statistiques du ministère du travail (Dares). Il s’agit de la plus forte remontée du chômage en France (hors Mayotte) en une décennie en dehors de la crise du Covid-19.

En incluant l’activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emplois s’établit à 5,495 millions. Il augmente de 1,7 % sur ce trimestre et de 1,8 % sur un an.

Pour la seule France métropolitaine, le nombre moyen de demandeurs d’emploi en catégorie A augmente de 3,9 % pour les hommes au quatrième trimestre (+ 4,2 % sur un an) et de 4,2 % pour les femmes (+ 3,2 % sur un an). Il augmente de 8,5 % pour les moins de 25 ans (+ 7 % sur un an), de 3,9 % pour ceux âgés de 25 à 49 ans (+ 3,7 % sur un an) et de 2,2 % pour ceux âgés de 50 ans ou plus (+ 2,0 % sur un an).

Sur le front du chômage de longue durée, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis un an ou plus (en catégorie A, B, C) augmente de 1,1 % (+ 1,5 % sur un an), et celui des inscrits depuis moins d’un an de 2,3 % (+ 2,1 % sur un an). L’ancienneté moyenne des demandeurs d’emploi en catégories A, B, C est de 619 jours au quatrième trimestre 2024.

Le Monde

Réutiliser ce contenu

Budget : le nombre de fonctionnaires va finalement continuer d’augmenter

Eric Lombard, ministre de l’économie et des finances, avec Amélie de Montchalin, ministre des comptes publics, au Sénat, à Paris, le 23 janvier 2025.

Plus de trois mois après son dépôt au Parlement, le projet de budget de l’Etat a enfin été adopté, jeudi 23 janvier, par le Sénat, à une large majorité – 217 voix, contre 105. Une étape marquante pour un texte au parcours spécialement cahoteux. Il doit ensuite être remanié en commission mixte paritaire, à partir du 30 janvier, puis soumis au vote des parlementaires, au début de février.

Mais la copie issue du Sénat n’a d’ores et déjà plus grand-chose à voir avec la version initiale de Michel Barnier sur de nombreux points. C’est, en particulier, le cas en ce qui concerne le nombre de fonctionnaires, qui va finalement continuer d’augmenter.

Dans le projet de loi de finances présenté par l’ancien premier ministre en octobre 2024, le nombre d’emplois (équivalent temps plein) de l’Etat et de ses opérateurs, comme France Travail, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ou France Compétences, devait très légèrement fléchir, avec une baisse de 2 201 emplois. Une diminution minime au regard du nombre total de fonctionnaires : plus de 2,4 millions. Symboliquement, elle marquait néanmoins une rupture après des années de progression continue, et concrétisait la volonté du gouvernement de réaliser des économies pour tenter de limiter le déficit public.

Il vous reste 51.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Licencié pour avoir boycotté l’avion, un chercheur obtient une indemnité en justice

Le chercheur italien Gianluca Grimalda, à la frontière entre la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l’Indonésie, le 3 novembre 2023.

Il est connu comme le premier employé licencié pour avoir boycotté l’avion. Gianluca Grimalda, un chercheur italien en psychologie sociale, avait refusé de prendre un vol pour rentrer d’une mission scientifique en Papouasie-Nouvelle-Guinée, afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. A la place, il avait parcouru 28 000 kilomètres en train, cargo, ferry et voiture, un périple de soixante-douze jours à travers 16 pays, pour rejoindre la ville allemande de Kiel (Schleswig-Holstein), où il travaillait. Cette décision lui a coûté son poste à l’Institut pour l’économie mondiale (IfW).

Congédié en octobre 2023, le scientifique de 53 ans a engagé un recours en justice pour licenciement abusif. Après avoir perdu en première instance, il vient d’obtenir une « demi-victoire », se félicite-t-il. Le 10 janvier, Gianluca Grimalda et son ancien employeur ont accepté l’accord proposé par le tribunal du travail de Kiel : l’institut dédommagera le chercheur, mais sans le réembaucher, en raison d’une « incompatibilité des convictions idéologiques des parties ». Le montant exact de l’indemnité de départ n’a pas été divulgué, accord de confidentialité oblige, mais Gianluca Grimalda a annoncé d’ores et déjà qu’il en verserait une partie – 75 000 euros – à des associations écologistes.

Il vous reste 75.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Dans l’Isère, l’effet « domino » de la chimie se concrétise avec les licenciements d’Arkema

Le site chimique d’Arkema, à Jarrie (Isère), le 10 novembre 2022.

« Nous sommes les premiers sur la liste, les autres suivront derrière. » La prophétie prononcée par Alexandre Fiat, secrétaire CGT d’Arkema Jarrie (Isère), est glaçante. Mais les mauvaises nouvelles qui s’accumulent ces derniers mois dans le secteur de la chimie laissent craindre sa réalisation.

Mardi 21 janvier, le chimiste français Arkema, dont les salariés, en grève depuis début décembre, ont durci leur mouvement depuis le 13 janvier, a annoncé la suppression de 154 emplois sur les 344 que compte son site de Jarrie, dans l’Isère, avec la fermeture des ateliers correspondants. Le site est une référence en Europe pour la production de chlorates et d’eau oxygénée ainsi que d’autres dérivés comme le chlore et la soude.

Arkema explique pâtir des difficultés de son voisin du Pont-de-Claix (Isère), Vencorex, qui traite et fournit le précieux sel, sa matière première. Vencorex, en redressement judiciaire depuis septembre, ne fait, pour l’instant, l’objet que d’une seule offre de reprise, pour une cinquantaine de salariés sur les 450 du site isérois. Mais aucune offre n’a été faite pour l’activité d’acheminement et de traitement du sel, pièce maîtresse de l’équilibre économique des plateformes chimiques de Jarrie et du Pont-de-Claix.

Il vous reste 73.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.