Motion de défiance au « Progrès », au « Bien public » et au « Journal de Saône-et-Loire »

Motion de défiance au « Progrès », au « Bien public » et au « Journal de Saône-et-Loire »

L’imprimerie tirant « Le Progrès », « Le Journal de Saône et Loire » et « Le Bien Public », à Chassieu, dans la métropole de Lyon, le 19 juin 2023.

Le point de rupture a été atteint après plusieurs semaines particulièrement tendues. Les journalistes du pôle BJP regroupant Le Bien public (basé à Dijon), Le Journal de Saône-et-Loire (JSL) et le quotidien lyonnais Le Progrès, – appartenant au groupe Est-Bourgogne-Rhône-Alpes (EBRA) –, ont acté, lundi 18 décembre, la défiance envers leur direction.

Sur 353 journalistes en CDI appelés à s’exprimer (les directeurs départementaux et la rédaction en chef ont été exclus), 80 % ont pris part au scrutin qui s’est déroulé en ligne, anonymement, du 13 au 18 décembre. Parmi eux, le « non » a été massif (231 voix sur 282, soit près de 82 %), huit personnes ont voté « oui », et 43 ont opté pour le vote blanc.

Philippe Carli, le président du groupe de presse (dont l’actionnaire est le Crédit Mutuel), Pierre Fanneau, le directeur général des trois journaux de presse quotidienne régionale, ainsi que le rédacteur en chef Xavier Antoyé et son équipe, ne sont plus en capacité d’« assurer l’avenir » des trois journaux, selon les termes et le résultat de cette motion.

Depuis l’annonce de la direction, fin novembre, de son souhait de supprimer onze postes (dont neuf journalistes, un poste d’assistante de rédaction et un poste administratif), la tension est montée d’un cran. Deux mouvements de grève, les 1er et 11 décembre, ont provoqué une absence de parution du JSL et du Bien Public, ainsi que des éditions dégradées du Progrès.

Un « plan social qui ne dit pas son nom »

La suppression de cinq postes de journalistes des locales du Rhône, au profit de deux créations de postes au niveau départemental, ne passe pas en interne. « Cela n’a aucun sens alors que la proximité constitue notre ADN », s’indigne Patrick Gabai, délégué syndical CFE-CGC au Progrès. « L’agence de l’est-lyonnais passerait ainsi de huit à six journalistes alors qu’il s’agit de la plus grande agence de la presse quotidienne locale de France », explique Jérôme Morin, délégué syndical du Syndicat National des journalistes (SNJ) et élu au comité social et économique (CSE) du Progrès.

L’absence d’un projet éditorial clair est aussi au centre des critiques des équipes, alors qu’un passage au format tabloïd des journaux est prévu pour avril 2024. « On a le sentiment de naviguer à vue », déplore M. Morin. « Leur seule proposition est de réduire la masse salariale et l’offre de contenus », rebondit M. Gabai, plaidant pour un changement de gouvernance.

Si la rédaction conspue un « plan social qui ne dit pas son nom », la direction fait valoir qu’il s’agit uniquement de départs non remplacés. Pierre Fanneau, le directeur général des titres, assure par ailleurs « comprendre les inquiétudes liées à transition vers davantage de numérique » mais défend la nécessité d’agir « avant que la situation économique de l’entreprise ne soit encore plus rude ». Les comptes prévisionnels sont dans le rouge pour 2023 à l’échelle du pôle BJP, le résultat d’exploitation approchant des deux millions d’euros de déficit.

Il vous reste 10% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.