« Mon compte formation »

« Mon compte formation »

« Les travailleurs acquièrent des droits dans le temps, dont l’utilisation est destinée à les protéger contre le risque d’obsolescence de leur qualification. » Eric AUDRAS/Onoky / Photononstop

 C’est aléatoirement l’innovation la plus clair de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » du 5 septembre 2018. Une application pour smartphone va accorder aux actifs titulaires d’un compte personnel de formation (CPF) de choisir une formation et de s’y inscrire presque aussi aisément que l’on commande un VTC ou que l’on fait ses courses en ligne. Pour propulser la formation des Français – sujet ésotérique par excellence –, le gouvernement avait besoin d’une mesure réelle, apte de parler à tout le monde. Avec la refonte de l’application « Mon compte formation » avisée pour novembre, ce sera chose faite.

La plate-forme aura l’allure d’une marketplace (place de marché) en phase avec nos modes de vie de cyberconsommateur. Mais toute comparaison avec un modèle économique du type Amazon, Rueducommerce, PriceMinister, etc. serait saugrenue ! D’une part les vendeurs de formation ne paient ni abonnement ni commissions : l’espace de vente est totalement gratuit. D’autre part, les acheteurs de formation sont des salariés qui utilisent, dans le cadre d’un système de tiers payant, des deniers publics pour se former. Cet argent provient pour l’essentiel d’une aide fiscale versée par les entreprises, gérée (bientôt) par la Caisse des dépôts et consignations et contrôlée par l’Etat.

La marketplace est donc à accomoder avec les principes directeurs du service public. A commencer par la neutralité dans le référencement des vendeurs de formation. Pour ne pas fausser la concurrence, leur affichage à la suite d’une demande ne peut se faire que dans un ordre aléatoire. Et les expressions les plus recherchées sur le moteur de recherche ne peuvent être exploitées à des fins de marketing.

Une aide pour les travailleurs les moins qualifiés

Quant aux usagers, le principe d’égalité implique qu’aucune distinction ne soit faite entre eux, que ce soit au niveau de l’accès à la plate-forme ou du service rendu. Chacun doit pouvoir affilier ses droits pour mettre à jour, renouveler ou développer ses compétences, sans se trouver en position d’infériorité en raison de sa condition sociale, de son handicap, de sa résidence, ou de tout autre motif tenant à sa situation personnelle ou professionnelle. Car diminuer la formation à un bien de consommation, c’est prendre le risque que le compte personnel de formation rate sa cible : les actifs les moins qualifiés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.