L’Etat a massivement mis la main à la poche pour aider les start-up

L’Etat a massivement mis la main à la poche pour aider les start-up

« On a fait en moins de deux mois au moins autant que ce qu’ont fait les banques en 2019 pour l’écosystème des start-up. » A l’heure de tirer un premier bilan du plan d’aide à destination des start-up françaises, Paul-François Fournier, le directeur exécutif de BPIFrance, se félicite de l’ampleur du dispositif déployé par l’Etat. Quatre milliards avaient été promis le 25 mars sous différentes formes (prêts, remboursements anticipés, aides directes). Mais le montant devrait être encore plus significatif, du moins pour les actions supervisées par la Banque publique d’investissement.

Elle tablait à l’origine sur 2 milliards de prêts garantis par l’Etat (PGE) pour soutenir le secteur. Déjà 3 milliards d’euros ont été mis à disposition de 5 000 start-up, soit plus de la moitié du capital-risque investi en 2019 dans l’écosystème des start-up (5 milliards). Et selon M. Fournier ce montant est appelé à grossir. Avec ce dispositif, les jeunes pousses tricolores bénéficient d’une avance de trésorerie qu’elles commenceront à rembourser au plus tôt dans un an, avec la possibilité d’échelonner leurs remboursements.

BPIFrance avait également créé un fonds spécial de 80 millions d’euros pour les sociétés sollicitant des « bridges », une forme de rallonge que les investisseurs peuvent accorder aux entrepreneurs sous forme d’obligations convertibles à un moment où il est trop compliqué pour elles de faire une levée de fonds. Une solution avantageuse en pleine crise du coronavirus, pendant laquelle beaucoup de sociétés voient leur activité, et donc leur valorisation, fortement contrariée. Là encore, les demandes ont excédé les attentes. 100 millions d’euros ont déjà été sollicités et la BPI discute actuellement avec l’Etat pour augmenter cette enveloppe. Ce mécanisme est d’autant plus intéressant pour la BPI qu’il engage des fonds privés à apporter au moins autant d’argent, permettant ainsi de doubler a minima la mise.

Dans la même logique de partenariat avec les investisseurs privés, BPIFrance a injecté ces deux derniers mois 200 millions d’euros afin de boucler la création de nouveaux fonds appelés à investir dans l’écosystème français. Enfin, en tant qu’investisseur, elle a pris part à des levées de fonds dans 3 500 sociétés pour un montant total d’environ un milliard d’euros.

Un plan indispensable

Paul-François Fournier se réjouit que tous les acteurs du financement de la nouvelle économie en France aient joué leur rôle. Qu’il s’agisse des banques, de plus en plus investies sur ce secteur de l’économie, qui ont « joué le jeu », ou des fonds, qui ont pu intervenir, sans en faire la publicité comme ils le font à l’occasion de levées de fonds. Pour lui, il s’agit bien que la France, au moment de la reprise, soit mieux positionnée que d’autres pays pour permettre l’émergence de leaders mondiaux.

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On peut s’inquiéter de voir les start-up, entreprises de facto jeunes et fragiles économiquement, solliciter plus d’aide que ce qui était originellement prévu. Mais pour Cédric O, le secrétaire d’Etat au numérique, ce niveau de sollicitation « n’est ni bon ni mauvais, c’est juste le signe que c’est utile et ça a permis de préserver l’écosystème ». Un plan indispensable selon lui pour permettre en particulier aux start-up de conserver dans leurs effectifs « une main-d’œuvre ultra-qualifiée qui est décisive » pour faire face à la concurrence.

Mais aussi pour maintenir à flot des entreprises investies dans la deeptech – secteur qui suppose une longue durée pour développer des solutions avant leur industrialisation. « Ça prendrait dix ans pour les reconstruire si on les abandonnait maintenant », explique Cédric O. Pour lui aussi, il s’agit de permettre aux jeunes pousses françaises d’être parmi celles qui « tireront les marrons du feu à la sortie de la crise, comme l’ont fait les GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon] en 2008 ».

Le secteur des deeptech – qui regroupe les start-up issues de la recherche – a déjà été identifié comme étant prioritaire, et chez BPIFrance, qui avait déjà lancé un plan en début d’année pour le soutenir, l’idée est aujourd’hui de « mettre les bouchées doubles » pour accompagner la croissance de ces entreprises qui, selon M. Fournier, sont appelées à contribuer à la réindustrialisation de la France.

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