Les syndicats interpellent l’Etat sur les aides reçues par Renault Trucks avant son plan de licenciements

Les syndicats interpellent l’Etat sur les aides reçues par Renault Trucks avant son plan de licenciements

Site de Volvo, société mère de Renault Trucks, à Göteborg, en Suède, le 17 novembre 2017.

Faut-il demander des comptes aux entreprises qui suppriment des emplois après avoir bénéficié d’aides publiques conséquentes ? La question revient à propos de Renault Trucks. Une ultime réunion s’est tenue, jeudi 19 novembre, entre les cinq organisations syndicales et la direction du constructeur de véhicules industriels, pour entériner les conditions du plan de départs volontaires de 290 salariés des sites de Vénissieux (métropole de Lyon) et de Bourg-en-Bresse.

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L’accord définitif doit être signé le 11 décembre prochain. Sur les 485 postes finalement supprimés d’ici fin 2021, la filiale française du groupe Volvo a prévu ces 290 ruptures conventionnelles, ainsi que 163 transferts de postes en interne, et 32 départs actés avant mai. Les suppressions touchent 285 emplois d’ingénieurs et de cadres techniciens, dans les bureaux de recherche et développement, dont 150 du bureau d’études moteurs du site de Vénissieux. Or, Renault Trucks SAS a bénéficié de 90 millions d’euros de crédit d’impôt recherche (CIR) entre 2012 et 2018, inscrits dans les comptes de l’entreprise.

Selon le cabinet qui a assisté les syndicats dans la négociation sociale, la filiale française de Volvo a aussi perçu, sur la même période, environ 90 millions d’euros de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). « Le CICE a permis notamment de démarrer la transition énergétique de notre filière industrielle, avec le démarrage de la fabrication des véhicules gaz de Blainville-sur-Orne [Calvados], et d’accompagner les forces de vente et d’après-vente dans cette transition, par des programmes lourds de formation », explique la direction de Renault Trucks, contactée par Le Monde. Les syndicats soulignent, eux, le décalage entre ces aides et les choix en cours.

Démantèlement de la recherche

« Les postes les plus impactés sont tous liés à la conception. Le groupe a décidé de supprimer le cœur de la recherche en France », estime Fabrice Fort. Pour le délégué CGT au comité central de Renault Trucks, « la crise sanitaire du Covid n’a été qu’un accélérateur d’une stratégie décidée depuis longtemps ». Selon le syndicaliste, le groupe Volvo a annoncé en janvier à ses équipes une « hausse considérable » du budget de recherche, pour répondre aux changements de normes européennes. Six mois après, la stratégie a été complètement revue.

« Nous avons décidé d’abandonner des projets moins stratégiques pour assurer la pérennité de notre entreprise », justifie la direction

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LJD

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