Les pompiers reconduisent leur mouvement de grève jusqu’à fin octobre

Les pompiers reconduisent leur mouvement de grève jusqu’à fin octobre

Prime de feu, lutte contre la « sursollicitation » et les violences, les revendications des pompiers n’ont pas changé depuis le début du mouvement le 26 juin.

Par Publié aujourd’hui à 11h57

Temps de Lecture 3 min.

La grève des sapeurs-pompiers entamée le 26 juin devait s’achever samedi 31 août, elle se poursuivra jusqu’au 31 octobre. Les sept syndicats (sur neuf) à l’origine du mouvement ont fait savoir, par un courrier adressé le 20 août au ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, et publié mercredi 28 août, qu’il était reconduit pour au moins deux mois, regrettant un « déni de dialogue » de la part du ministre de l’intérieur. Une manifestation nationale pourrait avoir lieu à l’automne, mais aucune date n’a encore été fixée.

Les pompiers étant tenus d’assurer un service minimum, la contestation s’est jusqu’à présent matérialisée par des inscriptions sur les casernes et les véhicules ou le port de brassards lors des interventions, et n’a pas affecté les opérations de secours. Le mouvement a été suivi par 90 services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) sur 100, selon les syndicats. Christophe Castaner, lui, a évoqué le chiffre de « 5 % » de grévistes parmi les 40 500 pompiers professionnels de France.

Lire aussi Sursollicitation, manque de moyens, violences : les pompiers annoncent un été de grève

120 faits de violence

Les revendications n’ont pas changé au cours de l’été : elles concernent essentiellement le plan opérationnel – la lutte contre la « sursollicitation » –, le plan salarial – une revalorisation de la prime de feu à hauteur des autres métiers à risques (28 %, contre 19 % aujourd’hui) – et le plan sécuritaire, alors que 120 faits de violences contre les pompiers sont recensés chaque mois, selon Beauvau.

Sur ce dernier point, Christophe Castaner a annoncé, le 23 juillet, devant l’Assemblée nationale, que les pompiers pourraient, dès le mois de septembre, être équipés de caméras-piétons, comme c’est déjà parfois le cas au sein de la police. L’initiative divise : « Ça vaut le coup de faire un test », selon Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des SDIS, et représentant de l’Assemblée des départements de France (ADF), lesquels paient les salaires des pompiers.

Lire aussi Crachats, insultes, coups de poing… les pompiers épuisés par la hausse des violences

« Cette histoire de caméras, c’est un leurre, s’agace pour sa part André Goretti, président de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels (FA/SPP), premier syndicat du métier. On n’est pas là pour fliquer. Dans certains endroits, la caméra risque d’être plus contraignante qu’autre chose et d’énerver les citoyens. » Pour Sébastien Delavoux (CGT), « c’est un vrai thème, mais ce n’est pas le thème central ».

« Ne plus sortir pour n’importe quoi »

Sur les autres points, Christophe Castaner renvoie les pompiers vers les départements et les communes, au motif que ce sont eux qui les financent. « S’il n’y avait que la question salariale, c’est effectivement nous qui serions à la manœuvre, mais il ne s’agit pas que de ça, rappelle Olivier Richefou. L’une des clés pour sortir de la situation, c’est de faire en sorte que les pompiers interviennent pour de justes motifs, et non pour des motifs étrangers à ce pour quoi ils se sont engagés. La demande principale, c’est de ne plus sortir pour n’importe quoi. »

« On a perdu en effectifs et on a gagné en nombre d’interventions, résume Sébastien Delavoux. On manque de bras. » Les pompiers plaident pour une meilleure articulation avec le SAMU, les ambulanciers, les policiers et les gendarmes, afin de réduire le nombre d’interventions. « La désorganisation actuelle est préjudiciable au bon fonctionnement des secours en France », regrette Olivier Richefou, qui appelle les ministères de l’intérieur et de la santé à travailler sur la mise en place d’un numéro unique, le 112 : « Nous sommes l’un des seuls pays d’Europe à ne pas l’avoir. Il est temps que ces décisions soient prises. »

En attendant, « les sapeurs-pompiers sont très remontés par l’absence de dialogue avec le ministère de l’intérieur, déplore André Goretti. Il n’y a eu aucune rencontre malgré nos demandes. » Même sentiment chez Sébastien Delavoux : « Castaner traite cette grève comme un non-événement. » Le ministre sera très attendu lors du congrès annuel des sapeurs-pompiers de France, à Vannes, du 18 au 21 septembre.

Lire aussi Patrick Kanner : face aux violences, « cela fait des années que les pompiers crient dans le désert »
Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.