Les géants du numérique, apôtres du télétravail

Les géants du numérique, apôtres du télétravail

Facebook veut être « l’entreprise la plus en avance du monde sur le télétravail », a lancé, presque comme un slogan, Mark Zuckerberg, jeudi 21 mai. Pour le fondateur du réseau social, qui s’adressait à ses employés dans une conférence retransmise en ligne, la moitié des employés du groupe pourraient travailler de chez eux, d’ici cinq à dix ans. Ce genre de projection est fragile, vu le contexte incertain, mais l’annonce est frappante : en effet, M. Zuckerberg parle de travail à distance à plein temps, sans poste de travail attribué dans les locaux de l’entreprise, et pas d’un mélange entre activité au bureau et à la maison. Son annonce symbolise un mouvement amorcé par les géants du numérique à la faveur du confinement.

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Concrètement, Facebook va commencer à recruter des télétravailleurs : il va embaucher des milliers d’employés dans trois villes américaines où elle ne possède aucun bureau, Denver (Colorado), Atlanta (Géorgie) et Dallas (Texas). Et aussi dans les périphéries élargies de ses locaux actuels (jusqu’à quatre heures de route). Voire dans des zones « encore plus éloignées », a précisé le patron américain.

Aucune philanthropie

Certains des 45 000 salariés existants, qui travaillent à distance depuis début mars, vont aussi pouvoir exprimer le souhait de le faire de façon permanente ou non. Selon un « sondage » réalisé en interne, 40 % d’entre eux sont très ou un peu intéressés par cette option, alors que 50 % aimeraient retourner au bureau le plus vite possible. 60 % seraient ouverts à un mélange bureau-domicile. Et 75 % des gens intéressés par le télétravail complet envisageraient, dans ce cas, de déménager.

Cette évolution de Facebook n’est pas philanthropique, a prévenu son fondateur. « Le but ultime est de faire notre travail mieux », et pas d’offrir à tout prix à chaque individu « le maximum de flexibilité ». D’ailleurs, la cible première de ce travail à distance sera les « ingénieurs expérimentés ». Les débutants et les professions qui nécessitent une présence physique – techniciens de maintenance de matériel informatique ou de centres de données, modérateurs, responsables des relations extérieures, commerciaux, etc. – n’y auront pas accès.

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La firme californienne espère certains bénéfices : une productivité égale ou supérieure, ainsi qu’un meilleur recrutement et une fidélisation des employés très qualifiés – deux casse-tête dans des régions concurrentielles et chères comme la Californie. Officiellement, la réduction des coûts n’est pas une motivation, mais Facebook baissera le salaire des employés qui s’installeront dans des zones où la vie est moins chère. Et si l’entreprise est prudente sur le modèle hybride bureau-domicile, c’est notamment par peur de « coûts doubles » (payer au salarié un bureau et son équipement à la maison). L’autre est la crainte de locaux dévitalisés par les « postes de travail inoccupés ».

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