« Le problème des inégalités de genre ne peut se résoudre que lorsqu’un profond changement de mentalité a lieu »

« Le problème des inégalités de genre ne peut se résoudre que lorsqu’un profond changement de mentalité a lieu »

Eliza Reid, première dame d’Islande, et le président, Gudni Thorlacius Johannesson, à Reykjavik, le 27 juin 2020.

Depuis plus d’une décennie, l’Islande figure en tête du classement sur l’égalité femmes-hommes du Forum économique mondial : le congé parental est presque pris à parts égales entre les deux parents, le taux d’emploi des femmes est de dix points supérieur à celui observé dans l’Union européenne… Mais quel est donc le secret égalitaire de cette petite île ?

Journaliste et écrivaine d’origine canadienne, Eliza Reid, devenue première dame d’Islande en 2016, lorsque son époux, Gudni Thorlacius Johannesson, a été élu président, tente d’y répondre dans un ouvrage aujourd’hui publié en France, Les Secrets des Sprakkar. Ces femmes qui changent le monde (Michel Lafon, 288 pages, 19,95 euros). Elle y dresse le portrait d’Islandaises de divers horizons, tout en soulignant les progrès que son pays d’adoption doit encore accomplir en la matière.

Qui sont les « sprakkar » évoquées dans votre livre ?

Sprakkar est le pluriel de sprakki, un ancien mot islandais signifiant « femme exceptionnelle ». Il est aujourd’hui tombé en désuétude, mais j’ai tenu à l’utiliser lorsque je l’ai découvert, pour une raison bien simple : il n’existe aucun mot équivalent en anglais ni dans la plupart des langues de ma connaissance. Au contraire, les qualificatifs utilisés pour désigner les femmes y sont plutôt connotés négativement.

Qu’est-ce qui, en matière d’égalité des sexes, vous a le plus surprise lorsque vous vous êtes installée à Reykjavik ?

J’ai grandi dans une ferme au Canada, et j’ai vécu plusieurs années au Royaume-Uni avant de m’installer sur cette île, à la vingtaine. A mon arrivée, j’ai travaillé dans une petite start-up de logiciels, dont le salariat était très masculin. La présidente du conseil d’administration était une femme. Un jour, je l’ai aperçue en train d’allaiter son bébé pendant une réunion.

Personne ne détournait le regard de façon gênée ni ne faisait de plaisanterie embarrassante, y compris les hommes : tout le monde se comportait comme si c’était absolument naturel. J’ai alors pensé qu’il devrait toujours en être ainsi, et pas seulement en Islande ! Ce souvenir s’est gravé dans ma mémoire.

Pourquoi dédier aujourd’hui un livre au sujet ?

Dans mon passé de journaliste, j’ai toujours été sensible à la question de l’égalité femmes-hommes. Durant la pandémie de Covid-19, lorsque nos quotidiens ont été bouleversés, j’ai pensé que venant d’un autre continent, j’étais peut-être bien placée, avec un regard extérieur, pour dresser le portrait de cette société plus proche de l’égalité que ne l’est aucune autre.

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