Le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée atteint un niveau inégalé

Le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée atteint un niveau inégalé

Soumis à de violentes secousses en 2020, le marché du travail vient d’entrer dans des eaux plus calmes. Au premier trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité, a reculé de 0,4 % par rapport aux trois derniers mois de l’année passée : il s’établit désormais à un peu plus de 3,8 millions sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte), selon les données diffusées, mardi 27 avril, par la Dares, la direction chargée des études au ministère du travail. Après avoir culminé à 4,4 millions – en moyenne – au printemps 2020, cet indicateur a reflué, rapidement dans un premier temps, avant de ralentir peu à peu sa course descendante.

« La situation est en train de se stabiliser, avec des effectifs dans la catégorie A de Pôle emploi qui demeurent à un niveau élevé, proche du record enregistré fin 2015, début 2016, commente Yannick L’Horty, professeur d’économie à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée. La crise, consécutive à l’épidémie de Covid-19, a surtout produit des effets au deuxième trimestre 2020, en raison du confinement décidé à l’époque qui avait mis à l’arrêt de nombreuses entreprises. »

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Au bout du compte, les personnes en quête d’un poste ont vu leur nombre s’accroître de 6,3 % en un an. Une hausse préoccupante, mais qui a pu être contenue, grâce aux multiples mesures de soutien instaurées depuis le début de la récession en faveur des employeurs et des actifs. « Le marché du travail est comme anesthésié, avec le recours au chômage partiel, qui reste intense, puisque 2,3 millions de salariés en bénéficiaient au mois de mars », souligne Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Hausse des entrées en stage

Les statistiques dévoilées mardi montrent également qu’il y a davantage d’inscrits dans la catégorie D – où se trouvent, notamment, des demandeurs d’emploi en formation (+ 16,7 % en un an en métropole). « Cette augmentation des entrées en stage, au profit de chômeurs, a permis de limiter les dégâts », explique Eric Heyer.

Il faut aussi rappeler le regain de dynamisme en matière de recrutements : entre début janvier et fin mars, les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) ont connu une poussée de 6,4 % alors qu’elles étaient en repli de 14,5 % au dernier trimestre 2020.

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Dans le tableau présenté mardi par la Dares, une autre statistique doit être signalée : la part des individus inscrits à Pôle emploi depuis au moins un an, qu’ils aient exercé ou non une activité (catégories A, B et C). « Ce ratio est légèrement supérieur à 50 %, pour la première fois depuis que la série statistique existe, c’est-à-dire depuis 1996, constate Yannick L’Horty. C’est une mauvaise nouvelle, du point de vue de l’employabilité de ces personnes. » Elles sont désormais un peu plus de 3 millions à vivre une telle situation, sur l’ensemble du territoire. En un an, « l’ancienneté moyenne » à Pôle emploi a progressé de presque un mois, atteignant six cent soixante-huit jours (pour ceux qui émargent dans les catégories A, B et C en métropole). « Plus les périodes de chômage s’allongent, plus il est difficile, pour les intéressés, d’en sortir », décrypte Eric Heyer.

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LJD

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