Le fabricant de poêles Supra passe sous pavillon espagnol

Le fabricant de poêles Supra passe sous pavillon espagnol

Taurus, qui emploie 836 personnes dans le monde et réalise un chiffre d’affaires de plus de 250 millions d’euros, rajoute une corde à son arc, avec une offre de chauffage.
Taurus, qui emploie 836 personnes dans le monde et réalise un chiffre d’affaires de plus de 250 millions d’euros, rajoute une corde à son arc, avec une offre de chauffage. SUPRA

Placé en redressement judiciaire en décembre 2019, le fabriquant d’inserts et poêles à bois alsacien Supra a finalement été repris par le groupe espagnol Taurus. Ce dernier, spécialisé dans l’électroménager, ne conserve que 41 des 84 salariés et compte poursuivre la production en Alsace. Taurus, qui emploie 836 personnes dans le monde et réalise un chiffre d’affaires de plus de 250 millions d’euros, rajoute ainsi une corde à son arc, avec une offre de chauffage.

Il s’agit d’un nième rebondissement pour Supra, dont l’histoire plus que centenaire a été chahutée par un marché en forte baisse et une transition tardive vers la production de poêle à granulés.

Lorsque EDF achète cette société familiale en 2007, Supra compte encore plus de 300 salariés sur deux sites de production à Obernai (Bas-Rhin) et Auneau (Eure-et-Loir), berceau de la marque Richard Le Droff. Cinq ans plus tard, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Perceva, fonds d’investissement spécialisé dans la reprise d’entreprises en difficulté, la reprend alors que son chiffre d’affaires a fondu de près de 30 %. L’usine d’Auneau est fermée, 96 salariés sont licenciés.

« Retournement brutal du marché »

Le nouveau propriétaire investi dans l’outil de production et dans la recherche et développement (R&D). En 2016, il élargit sa gamme aux poêles à granulés, qui constituent le segment le plus dynamique du marché. Mais il est trop tard : les concurrents autrichiens et surtout italiens dominent depuis longtemps le secteur. Supra accumule les pertes et évite de justesse une mise en redressement, en 2017, contre un nouveau plan social et la suppression de 76 postes.

« Au total, Perceva aura investi 30 millions d’euros. Mais le retournement brutal du marché à partir de 2014 et le retard technologique pris lors des années EDF n’auront pas permis de redresser la barre », estime Jean-Louis Grevet, président du fonds d’investissement. Celui-ci se décide à vendre, alors que le poids des dettes (20 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 16,2 millions d’euros, et même 13,5 millions estimés pour l’exercice qui s’achève) pèse sur l’activité.

« Du fait de notre situation financière, nous avons été déréférencés par l’un de nos principaux réseaux de distribution en 2019, avec à la clé une perte de chiffre d’affaires de 1 million d’euros », note ainsi le président du directoire, Alberto Morgando. Pour intéresser un repreneur, Supra n’a eu d’autre choix que de passer par la case liquidation.

Une dernière chance

Dans ce contexte difficile, l’intégration du fabricant dans le groupe Taurus constitue une dernière chance de pérenniser la marque et son savoir-faire. Le français Invicta était aussi sur les rangs, mais n’a pu réunir suffisamment de garanties financières. Un échec vécu avec amertume par les salariés.

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Au terme de plusieurs semaines de mobilisation, les personnes licenciées n’obtiennent
pas davantage que les indemnités légales, 1 500 euros de prime de formation, ainsi qu’une priorité de réembauche de vingt-quatre mois. « Ce sera difficile pour ces ouvriers de retrouver un emploi », estime Vincent Debats, délégué syndical CGT. De Mahle-Behr à Schaeffler France, en passant par Gaz liquéfiés industrie (GLI) et Punch Powerglide, le secteur métallurgique alsacien est particulièrement malmené en ce moment.

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LJD

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