Le chef de la Société Générale sous pression

Le chef de la Société Générale sous pression

Le directeur général de la Société générale, Frédéric Oudéa, à Paris, en mai 2016.
Le directeur général de la Société générale, Frédéric Oudéa, à Paris, en mai 2016. THOMAS SAMSON / AFP

En passe d’être mené pour un autre mandat de quatre ans, celui qui conduit la Société Générale depuis plus que 10 ans préside une banque de plus en plus carbonisée.

La scène a exprimé au sein de la (SG), et pas uniquement parce qu’elle s’est déroulée la suite de l’incendie de Notre-Dame. Le 16 avril, la banque assemblait à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) plus d’un millier de cadres pour sa grand-messe interne annuelle, nommée « journée des ambassadeurs ». Un « must ».

Sauf qu’en 2019, d’après plusieurs personnes présentes, un bon tiers des participants se sont dissimulés avant la séance rituelle de questions-réponses avec Frédéric Oudéa, le directeur général. « Dans un groupe aussi légitimiste, c’est du jamais-vu », s’ahurit un habitué.

La débandade de l’auditoire trahit l’abattement des troupes au sein d’une banque en passe de reproduire le mythe de Sisyphe. Depuis ce jour fatal de janvier 2008 où elle s’est réveillée avec un trou de 4,9 milliards d’euros à la suite de la fraude commise par le tradeur Jérôme Kerviel, l’institution n’est jamais arrivée à affermir la pente.

En cause, un entourage infernal, bien sûr. En punition de leurs péchés passés, toutes les banques européennes sont grillagées à petit feu par des taux bas et des codifications de plus en plus lourdes, mais la SG apparaît la plus carbonisée.

Elle considère en Bourse près de 21 milliards d’euros, soit la moitié de sa valeur d’actif net : selon les calculs au 17 mai de JPMorgan, la banque française se révèle la plus décotée parmi 62 acteurs européens, hors les deux grands malades allemands, Deutsche Bank et Commerzbank.

A 55 ans, M. Oudéa, DG depuis plus que de 10 ans, est le patron d’une grande banque européenne le plus ancien à son poste. Mardi 21 mai, l’alerte inspecteur des finances sollicite un nouveau mandat de quatre ans auprès de l’assemblée générale. Certes, il s’est consulté avant de rempiler, a-t-il révélé aux « ambassadeurs » assidus, mais il s’est dit prêt à adoucir le défi. « Et vous, l’êtes-vous ? », a-t-il lancé en substance à ses équipes. « Cela a beaucoup ému », expose un témoin.

« Une vraie lassitude »

Le vote des propriétaires n’offrant rarement de suspense, M. Oudéa devrait conserver les rênes. « Le conseil d’administration estime que Frédéric est le meilleur dirigeant pour les prochaines années. Personne au sein du conseil n’a parlé « de réserve. Nous distribuons sa vision très claire des grands défis du système bancaire et il a la vraisemblance interne », déclare l’Italien Lorenzo Bini Smaghi, le président du conseil d’administration.

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LJD

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