L’assistance aux personnes âgées face à un manque croissant de personnel

L’assistance aux personnes âgées face à un manque croissant de personnel

Une aide soignante et la résidente d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, à Paris, le 20 septembre 2017.
Une aide soignante et la résidente d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, à Paris, le 20 septembre 2017. Céline Gaille / HansLucas

Insignifiantes conditions de travail, rétributions faibles… Recruter un aide-soignant ou une auxiliaire de vie sociale est une gageure. Cette condition sociale rigide génère de la « souffrance au quotidien », pour les personnes dépendantes comme pour les salariés.

« Chez une personne âgée saine, le matin, je devais en une demi-heure l’assister à sa toilette, préparer son petit-déjeuner, mettre ses médicaments dans le pilulier, faire son lit et, si j’avais le temps, passer un coup de balai », déclare Annie (le prénom a été modifié), qui explique à quoi ressemblaient ses journées. Et si l’ex-auxiliaire de vie sociale pour une association des Vosges prévenait la demi-heure, elle n’était « pas payée plus, bien sûr. En revanche, la personne payait le dépassement à l’association ».

L’aide aux personnes âgées et/ou dépendantes s’accumule au moment du lever, des repas et du coucher de la personne. Il faut tout faire vite. Faute de personnel important, les salariés s’épuisent. Annie a fini par quitter cet emploi où l’amplitude de sa journée s’étendait de 8 heures à 20 heures, dévisée en quatre tranches de deux heures de travail. « Je faisais au moins 100 kilomètres par jour pour aller dans huit petits villages, se souvient-elle. C’était très fatigant. » Depuis le 1er janvier, elle travaille dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), au sein d’« une bonne équipe ».

Le secteur des services aux personnes âgées carence affreusement de personnel, et offre de piètres conditions de travail et des rétributions faibles. A la suite d’une grève très suivie, le 30 janvier 2018, dans les Ehpad, le gouvernement avait éclairci le déblocage graduel de 360 millions d’euros pour ces établissements, une enveloppe de 100 millions pour les services d’aide à domicile ainsi qu’une loi autonomie avant la fin de 2019. Mais ces mesures n’ont pas suffi à apaiser les tensions.

« Pression budgétaire »

La loi autonomie parviendra « bien trop tard », estime Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) : « Nous parlons de ces problèmes depuis au moins quinze ans. Nous attendons des mesures très urgentes et concrètes. » Le financement public de l’aide à l’autonomie des personnes âgées évoquait, en 2016, 22,8 milliards d’euros. Il faudrait « 10 milliards d’euros supplémentaires », selon lui, pour faire face aux nécessités. « L’insuffisance grandissante de personnel résulte d’une pression budgétaire due aux choix des conseils départementaux et aux lois de financement de la sécurité sociale qui, depuis trois décennies, visent à raréfier les ressources du secteur », reproche Evelyne Rescanieres, secrétaire générale de la fédération CFDT Santé-sociaux.

 

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LJD

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