La voiture électrique, meilleure pour le climat, moins bonne pour l’emploi

La voiture électrique, meilleure pour le climat, moins bonne pour l’emploi

Le couperet est tombé vendredi 26 novembre sur les 350 salariés de la SAM à Viviez (Aveyron) : le tribunal de commerce a ordonné la liquidation et la disparition du paysage industriel français de la fonderie, qui avait pour unique client Renault. Le drame de la SAM n’est que le dernier avatar de la grande dégringolade de l’emploi automobile qui décime les PME en difficulté du secteur : fonderies, mais aussi entreprises du décolletage ou usines produisant des injecteurs, comme celle de Bosch à Rodez, et plus largement tout ce qui fabrique des pièces pour les moteurs à explosion des véhicules.

Le consensus des spécialistes estime qu’en France, en 2030, environ 70 % des nouveaux véhicules vendus devraient être électrifiés à 100 % ou hybrides. C’est donc bien à un déclin des véhicules dits thermiques et à leur remplacement progressif par des voitures électriques, que l’on assiste.

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Ce bouleversement, ordonné par les régulateurs – européens, nationaux, locaux –, constitue un défi majeur pour l’industrie française. Emetteur de zéro gaz à effet de serre lorsqu’il fonctionne, un moteur électrique contient cinq fois moins de pièces (et donc cinq fois moins de production) qu’un bloc-moteur thermique, sans même compter les systèmes de transmission et d’échappement. Pour le dire en peu de mots, le véhicule à batterie serait bon pour le climat mais mauvais pour l’emploi.

Ainsi, la Plateforme automobile (PFA), l’entité publique qui fédère tous les acteurs de l’automobile dans l’Hexagone, estime que la transition énergétique menace 65 000 jobs dans la production d’ici à 2035. Et ce dans le meilleur des cas. Si l’industrie française ne parvient pas à s’adapter au grand mouvement d’électrification en cours, ce sont plutôt 100 000 emplois industriels qui pourraient disparaître, sur environ 280 000 employés de l’automobile au sens large – constructeurs, équipementiers, pneumaticiens, métallurgistes –, selon un comptage de Nicolas Meilhan, spécialiste de l’économie de la voiture électrique et conseiller scientifique de France Stratégie.

Et il n’est question ici que de la filière amont. Selon le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), l’organisation patronale qui fédère les entreprises des services autour de la voiture (commerce, garages, location, stations-service, etc.), soit l’aval de la filière, l’électrification du parc menace 50 000 emplois supplémentaires. Les activités à risque sont la réparation (moins de pièces, donc moins de maintenance), le contrôle technique ou la distribution d’énergie, le tout représentant 10 % des jobs du secteur des services automobiles, qui en compte au total 500 000 en France. Des emplois non délocalisables, souligne le CNPA.

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LJD

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