« Travailler moins ne suffit pas » : un plaidoyer pour changer la nature du travail

« Travailler moins ne suffit pas » : un plaidoyer pour changer la nature du travail

C’est une idée qui a sensiblement « gagné en popularité dans les dernières années ». La réduction du temps de travail trouve aujourd’hui de plus en plus de défenseurs dans les pays occidentaux.

La semaine de quatre jours séduit des voix à gauche comme à droite de l’échiquier politique. « Elle apparaît comme un levier pour l’amélioration de la qualité de vie », relève Julia Posca, sociologue et chercheuse canadienne à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, dans son ouvrage Travailler moins ne suffit pas (Ecosociété). Elle a même, parmi ses adeptes, des employeurs désireux de renforcer leur attractivité, poursuit l’autrice, constatant que « le vent semble être en train de tourner ».

Au fil de son ouvrage, la sociologue constate cet engouement croissant, relève les multiples expérimentations menées sur le sujet, tout en rappelant que ce mouvement va dans le sens de l’histoire, le temps de travail poursuivant un mouvement baissier depuis plus d’un siècle. On consacre aujourd’hui en moyenne 67 000 heures de notre existence au travail, contre environ 200 000 heures au début du XXe siècle, précise-t-elle, s’appuyant sur les calculs de son homologue Jean Viard.

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L’autrice souligne qu’une nouvelle étape – une « diminution généralisée des heures travaillées sans perte de salaire », qui pourrait s’incarner par le passage à la semaine de quatre jours – « constituerait une avancée sociale importante ». Cela étant, et c’est tout le sens de son propos, elle estime que se focaliser sur le temps de travail risque de nous détourner d’autres problématiques qui sont à la source des souffrances et de la perte de sens de nombre de salariés.

Des modèles alternatifs, telles les coopératives

Elle appelle donc à dépasser la question du temps passé au bureau ou à l’usine – « travailler moins ne suffit pas » – pour s’intéresser au travail de façon beaucoup plus systémique. Conditions et organisation du travail, répartition du pouvoir, finalité des tâches accomplies… Mme Posca estime que c’est la nature du travail elle-même qui doit changer, afin qu’il ne soit plus « une expérience intrinsèquement aliénante ».

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La chercheuse oppose donc au modèle actuel une utopie du travail « démarchandisé, démocratisé et dépollué », à même, à ses yeux, de redonner du sens à ses acteurs. Elle appelle ainsi, en écho à la sociologue Dominique Méda, à redonner sa place à la « délibération collective », afin que les travailleurs se « réapproprie[nt] la capacité de prendre des décisions économiques ». Cela passe par la mise en avant de modèles alternatifs, telles les coopératives.

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LJD

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