« La tendance dans la rémunération des patrons est claire : de moins en moins de part fixe, de plus en plus de performances »

« La tendance dans la rémunération des patrons est claire : de moins en moins de part fixe, de plus en plus de performances »

Façade de l’ancienne bourse de Paris, le 18 mai 2020.

Pertes et profits. Bernard Charlès reste le patron le mieux payé de France. Le directeur général de la pépite Dassault Systèmes, numéro un mondial des logiciels 3D, a perçu 24,7 millions d’euros pour 2019, dont 21,7 millions en actions de performance, indique le rapport annuel du cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest, publié mercredi 25 novembre.

A l’inverse, on ne peut pas parler de performance pour le patron du parapétrolier TechnipFMC, deuxième du classement, mais la fusion ratée entre Technip et l’américain FMC, la perte de 2,4 milliards d’euros et l’éviction du CAC 40 n’ont pas empêché Douglas Pferdehirt de toucher 13,7 millions. Daniel Julien, de Teleperformance, arrive en troisième position, avec 13,2 millions d’euros.

Lire aussi Bourse : « La dynamique des prochains mois est plus difficile à cerner qu’il n’y paraît »

La rémunération moyenne globale des patrons du CAC 40 a baissé de 10 %, notamment en raison d’un recul de 8 % des bonus, tout en restant « la deuxième moyenne la plus élevée sur dix ans » avec 5,18 millions d’euros – contre 5,77 millions en 2018 (+ 12 %). Huit dirigeants l’ont vue baisser, tandis que ceux d’Atos, EssilorLuxottica et Sanofi ont dû renoncer à leur bonus pour diverses raisons. Le départ de Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, parmi les mieux lotis jusqu’alors, a aussi pesé, tout comme le recul de la rémunération en actions.

Actions à long terme

Proxinvest juge la hausse de 2,7 % de la part salariale fixe « beaucoup trop rapide par rapport à l’inflation moyenne de 2019 » (+ 1,1 %). Si l’on retient les 120 plus grandes sociétés françaises inscrites à l’indice SBF 120, la hausse moyenne est sensible, puisque la moitié des patrons a gagné plus de 3 millions d’euros, contre 2,7 millions un an plus tôt. La moyenne atteint 3,7 millions, proche du record de 3,8 millions deux ans auparavant.

Mais la tendance est claire : de moins en moins de part fixe, de plus en plus de performances, notamment d’actions à long terme. Elle représentait 35,8 % du total, soit 9 points de plus qu’en 2010, et 41,8 % pour le CAC 40. En dépit de progrès, la mesure de cette performance doit être améliorée, réclame Proxinvest. Par ailleurs, le cabinet indépendant note que la rémunération des salariés augmente (+ 5,8 %) pour la première fois depuis 2014, même si la hausse a été moins forte pour eux (+ 17 %) que pour leur patron (+ 28 %) sur les six dernières années.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Je suis une femme quota » : 40 personnalités allemandes défendent l’accès des femmes aux postes à responsabilités

Il scrute désormais le ratio d’équité, qui mesure l’écart de rémunérations entre dirigeants et salariés. Dans les sociétés du SBF 120, le dirigeant a perçu 73 fois le salaire moyen des employés et 43 fois le salaire médian. En cette période de crise, où des millions de salariés souffrent d’une perte de revenus, Proxinvest prévient qu’il sera vigilant sur les dividendes et la part variable, puisque les objectifs fixés avant la crise seront rarement atteints.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.