« La suppression, par Total, de 700 postes sur un effectif mondial de 100 000 personnes paraît un moindre mal »

« La suppression, par Total, de 700 postes sur un effectif mondial de 100 000 personnes paraît un moindre mal »

La plateforme Total de la Mède, le 29 octobre 2020.

Pertes & profits. Total se prépare à une importante valse des emplois, marquée par environ 1 500 départs et l’embauche de près de 700 nouvelles recrues. « C’est au bas mot 700 postes qui ne seront pas remplacés », a indiqué, lundi 23 novembre, le délégué syndical central CGT Total raffinage pétrochimie, Thierry Defresne, qui parle d’une « estimation basse ». La direction, qui vient d’engager ses négociations avec les syndicats, confirme ce plan, mais se refuse à préciser le nombre de postes concernés.

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Lancé lundi, ce plan de départs volontaires « concernerait principalement les personnes en fin de carrière à qui une dispense d’activité serait proposée », écrit Namita Shah, directrice générale chargée des ressources humaines, dans une lettre adressée aux syndicats. Il concernerait les salariés sous contrat français des différents sièges du groupe, mais pas ses sites industriels.

La raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), qui doit être reconvertie (biocarburant, bioplastique…), et celle de Donges (Loire-Atlantique), qui vient d’être placée en « arrêt conjoncturel », font l’objet de négociations spécifiques. Ce plan social s’inscrit notamment dans le cadre d’une réorganisation de la recherche et développement (R&D), baptisée « One Tech », et proposée par certains syndicats, précise la lettre de Mme Shah.

Promesse

Objectif : en finir avec le gel des recrutements et rassembler des ingénieurs plus jeunes, dans un pôle multitechnique nécessaire à la transformation de Total en un groupe « multi-énergies », où l’extraction d’hydrocarbures et le raffinage côtoient la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables. Tous les postes opérationnels, industriels, techniques et en R&D supprimés seront remplacés, affirme un des porte-parole de Total.

Son PDG, Patrick Pouyanné, s’en tient à l’engagement pris depuis son arrivée à la tête du groupe, fin 2014, en plein effondrement des cours du pétrole : « Ni licenciements ni mobilité forcée. » Une promesse qui, dit-il, a été jusqu’à présent respectée, notamment lors des reconversions du vapocraqueur mosellan de Carling, en 2013, de la raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), deux ans plus tard, et récemment de sa filiale Hutchinson, frappée par la crise de l’automobile et de l’aéronautique.

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La suppression de quelque 700 postes sur un effectif mondial de 100 000 personnes paraît un moindre mal, comparée aux « charrettes » de ses concurrents, eux aussi ébranlés par une crise sanitaire qui a fait chuter la demande et les prix du pétrole : 10 000 postes en moins chez BP (14 % des effectifs), 11 000 chez ExxonMobil (– 15 %), jusqu’à 9 000 chez Shell ou encore 6 000 chez Chevron. Total est la seule major à ne pas avoir donné d’objectifs chiffrés. On s’interroge : même si elle a fait une meilleure année 2019, qu’elle a pu se passer du dispositif de chômage partiel, jusqu’où la compagnie française affichera-t-elle une telle résilience ?

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LJD

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