La reprise de Valdunes, dernier fabricant français de roues de train, par Europlasma validée par la justice

La reprise de Valdunes, dernier fabricant français de roues de train, par Europlasma validée par la justice

Des employés de l’usine de Valdunes, à Dunkerque, le 12 mai 2023.

Le tribunal de commerce de Lille a validé, mercredi 20 mars, la reprise de Valdunes, dernier fabricant français de roues de train, par le groupe Europlasma, avec le soutien de l’Etat, ont fait savoir les organisations syndicales de salariés et la direction de l’entreprise. « La proposition de reprise par Europlasma est acceptée avec une entrée en jouissance le 21 mars », a déclaré Guillaume Ferrand, représentant de la direction de Valdunes. Cette validation a également été confirmée par les syndicats à la sortie de l’audience.

Le président de la République, Emmanuel Macron, s’était engagé à « se battre jusqu’au dernier quart d’heure pour Valdunes », érigé en emblème de la souveraineté industrielle française, après l’annonce, en mai 2023, du désengagement de l’actionnaire chinois MA Steel.

Une seule offre avait finalement été formulée, celle d’Europlasma, un groupe bâti autour de la valorisation des déchets, qui a repris ces dernières années plusieurs entreprises en difficulté. Selon La Voix du Nord, seulement 118 salariés de l’usine de Trith-Saint-Léger (Nord) et 66 salariés de la forge de Leffrinckoucke (Nord) doivent conserver leur emploi, aboutissant donc au licenciement de 125 personnes sur les 309 salariés des deux sites de Valdunes. Le ministre délégué à l’industrie, Roland Lescure, qui doit se rendre jeudi à Leffrinckoucke auprès des salariés, a promis de veiller à ce « qu’une offre de reclassement ou de formation soit proposée à chaque salarié non repris ».

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Soutien du gouvernement

Une telle opération aurait été impossible sans le soutien du gouvernement, très impliqué dans le dossier, Europlasma présentant un chiffre d’affaires de seulement 14,5 millions d’euros, contre 68,4 pour le fabricant historique de roues et d’essieux de train, de métro et de tramway. Selon Bercy, Europlasma apportera 15 millions d’euros de fonds propres sur trois ans, l’Etat jusqu’à 15 millions sous forme de prêt, et les collectivités locales jusqu’à 4 millions de financement du foncier et 1 million de subventions.

« Ce qui est important, ce n’est pas de savoir si David rachète Goliath, c’est de savoir si on est capables d’apporter quelque chose de suffisamment structurant pour que Goliath redevienne Goliath », avait expliqué le président-directeur général d’Europlasma, Jérôme Garnache-Creuillot, à la sortie d’une audience devant le tribunal de commerce, à la fin de février. « Si on n’avait pas cette certitude d’être capables de le faire, on n’en serait pas là », avait-il insisté. Le groupe entend « transformer le modèle économique » de Valdunes pour « produire, à partir d’acier vert et d’énergie verte, des roues vertes ».

« Il faut vraiment que l’Etat soit là pour surveiller les investissements », prévient le délégué CGT et secrétaire du comité social et économique, Maxime Savaux. « Si ça se passe comme aux Forges de Tarbes [rachetées en 2021 par Europlasma], où ils ont promis des investissements et ils ne les font apparemment pas, ça va être compliqué, mais il faut aussi laisser sa chance à Europlasma. »

« Avant les Chinois, c’étaient les Allemands : cette entreprise s’est fait piller, siphonner, pour en arriver à la situation d’aujourd’hui où on aurait un soi-disant bienfaiteur », s’agace le responsable de la CGT-Métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, Ludovic Bouvier, en relevant qu’Europlasma va toucher « plus que son chiffre d’affaires en subventions », tandis que 125 salariés vont rester sur le carreau.

Le Monde avec AFP

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