La radio, une centenaire en pleine crise existentielle

La radio, une centenaire en pleine crise existentielle

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Publié hier à 16h00, mis à jour à 09h43

Une semaine durant, entre le 31 mai et le 6 juin, la radio s’est autocélébrée, complimentée, encouragée. Sur toutes les antennes de France, les stations privées et publiques se sont réjouies de fêter le centenaire de la première émission de radio sur Radio Tour Eiffel, en 1921, mais aussi le quarantième anniversaire de la FM, née de la libération des ondes (elles étaient monopole d’Etat depuis 1945) actée par François Mitterrand, en 1981. On a réentendu l’appel de l’abbé Pierre en 1954 sur Radio Luxembourg, les horoscopes de Madame Soleil sur Europe 1 et les gros mots de Difool au micro de Skyrock. On s’est remis dans l’oreille les timbres d’avant les cigarettes de Jean-Luc Hees ou de Macha Béranger, et souvenu qu’il n’y a pas si longtemps, la radio des « Grandes Gueules », RMC, regorgeait de voix pleines de soleil.

« La radio, ce sont 40 millions d’auditeurs quotidiens et deux heures quarante-cinq d’écoute quotidienne en moyenne, s’est félicité Roch-Olivier Maistre, le président du CSA, à l’initiative de ces festivités. Elle est le média préféré des Français. » L’année 2020 a pourtant marqué un tournant. L’assiduité des auditeurs, que rien jusqu’ici ne semblait devoir altérer, s’est amoindrie comme jamais. En un an, plus de 2 millions de fidèles lui ont fait faux bond. Sur le marché de l’attention, les jeux vidéo, les séries de Netflix, les plates-formes musicales, les réseaux sociaux, la télévision, etc. lui disputent âprement le « temps de cerveau disponible » des consommateurs. Or, pour bercer leurs oreilles, ceux-ci se fient de plus en plus aux podcasts : près d’un tiers des internautes (31,3 %) en écoutent chaque mois, soit une progression de 5,3 points en un an, selon l’étude Global Radio de Médiamétrie parue en mai.

Baisse de 4,4 points entre 2020 et 2021

« La crise liée au Covid-19 a accéléré une situation qui préexistait, une tendance de fond que l’on observe depuis une à deux décennies », note Joël Ronez, fondateur du studio de podcasts Binge Audio et président du Syndicat des producteurs audio indépendants (PIA). De fait, le critère de l’audience cumulée, qui comptabilise le nombre (ou le pourcentage) d’auditeurs qui ont écouté au moins une radio au cours d’une journée, a accusé une baisse spectaculaire de 4,4 points entre début 2020 et début 2021, faisant passer la proportion d’auditeurs de 77,6 % à 73,2 % de la population française. Le contexte pandémique n’est pas étranger au phénomène, mais en 2010, ils étaient encore 82,7 %, et au premier trimestre 2003, selon le chiffre le plus ancien (établi avec la même méthode de calcul) que l’on puisse retrouver sur cette période, ils étaient 86,8 %.

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LJD

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