La papeterie de Bègles au bout du rouleau

La papeterie de Bègles au bout du rouleau

L’usine compte aujourd’hui 91 employés en passe d’être licenciés (ici, un des hangars, le 2 mars).

Dans la cour de la papeterie de Bègles, des croix en bois ont été disposées sur le sol. Elles sont l’incarnation d’une aventure marquée de moult rebondissements, depuis que l’entreprise propriétaire, Etex, a annoncé, en octobre 2020, son désengagement. Après des négociations menées avec trois repreneurs potentiels, il n’en reste désormais plus qu’un, Global Hygiène, avec qui Etex est entré en négociation exclusive le 23 mars. Les deux entreprises devront se mettre d’accord d’ici à l’été.

Certains salariés, quant à eux, n’ont pas dit leur dernier mot. Réunis le 10 mars en association, ils souhaitent également proposer un projet de reprise. En attendant le dénouement, l’usine, créée en 1929, qui fabrique aujourd’hui du papier pour plaques de plâtre, s’arrêtera, et ses 91 employés seront licenciés. Certains seront peut-être réembauchés dans le cadre du nouveau projet industriel, d’autres bénéficieront du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) négocié par les syndicats ou partiront à la retraite, après avoir passé presque quarante ans dans l’usine béglaise.

Bois de la forêt landaise

Lorsqu’elle ouvre ses portes, au début du XXsiècle, la papeterie de Bègles s’intègre très vite dans le paysage urbain de cette ville idéalement située aux portes de Bordeaux. En bordure de Garonne, à proximité de la gare Saint-Jean, Bègles est à l’époque le lieu idéal pour implanter une usine de cette taille, qui produit à l’époque de la pâte à papier avec du bois de la forêt landaise. Mieux, les odeurs de fabrication ne viennent pas importuner les Bordelais.

En 1960, l’usine, qui emploie 600 personnes, est rachetée par la Cellulose du Pin (groupe Saint-Gobain) et se spécialise dans le papier stratifié. Ensuite, la société Lafarge Plâtres reprend le site, qui fabrique alors ce fameux papier pour plaques de plâtre à partir de fibres recyclées, cœur de l’activité aujourd’hui.

« Il y a des compétences en France et on laisse partir toutes ces industries pour, le jour où on en a besoin, se demander où elles sont. » Daniel Castanon, délégué syndical de l’usine

Enfin, en 2011, le groupe belge Etex devient à son tour propriétaire. Pour le syndicat Filpac-CGT de la papeterie, cette dernière opération a entraîné la fin de l’usine. « Ils savaient déjà qu’on était limites en termes d’investissement, et ils n’ont jamais investi, à part dans la maintenance. Donc, quelque part, c’était déjà une volonté stratégique de leur part », dénonce Daniel Castanon, 58 ans, délégué syndical de l’usine.

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LJD

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