La MAIF veut être le premier grand groupe à modifier de statut depuis l’adoption de la loi Pacte

La MAIF veut être le premier grand groupe à modifier de statut depuis l’adoption de la loi Pacte

« La nouvelle société à mission vise donc à développer la « singularité » de la MAIF, pour faire « rempart à la concurrence » mais aussi pour convaincre du bien-fondé de la responsabilité politique de l’entreprise »
« La nouvelle société à mission vise donc à développer la « singularité » de la MAIF, pour faire « rempart à la concurrence » mais aussi pour convaincre du bien-fondé de la responsabilité politique de l’entreprise » Nathan Alliard / Photononstop

Le concessionnaire mutualiste a exposé, samedi 1er juin, lors de son assemblée générale annuelle, sa volonté de devenir « société à mission », en rempart contre les GAFA.

Pot de terre contre pot de fer ? La MAIF mise sur le gain général pour faire bouclier aux GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). Retirant les ordres du rapport de Nicole Notat et de Jean-Dominique Senard « L’entreprise, objet d’intérêt collectif », remis au gouvernement en mars 2018, la loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), annoncé le 23 mai au Journal officiel, a créé la « société à mission », qui admet d’inscrire dans les statuts de l’entreprise des missions d’intérêt général (social et environnemental).

La MAIF a résolu, dès cette année, d’opter le statut de société à mission, qui concernera l’ensemble du groupe en 2020. Elle en a exposé le projet à ses sociétaires lors de son assemblée générale du 1er juin à Nantes, avec son nouveau logo ainsi que sa nouvelle « raison d’être ».

Pour s’emporter du titre de « société à mission », la loi Pacte exige en effet des entreprises de préciser leur « raison d’être ». C’est l’occasion pour toute entreprise de systématiser son identité en une formule qui tient du credo ou du slogan, pour cadrer à la fois la stratégie de long terme et les missions du quotidien. « En un an, la “raison d’être” est devenue le truc à la mode, mentionne Bertrand Valiorgue, cofondateur de la chaire altergouvernance de l’université Clermont-Auvergne. C’est en 2020, après l’étape d’expérimentation de 2019, qu’on verra quelles entreprises l’auront réellement inscrite dans leurs statuts. »

La « raison d’être » de la MAIF s’énonce en ces termes : « Convaincus que seule une attention sincère soutenue à l’autre et au monde admet de garantir un réel mieux commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos promesses et de chacune de nos actions. C’est notre raison d’être. » Le directeur général, Pascal Demurger, à la tête du groupe depuis dix ans, développe plus parfaitement pourquoi et comment il veut faire de l’« intérêt général » un atout compétitif face aux géants de la rupture numérique.

Se démarquer de la concurrence

« La rupture digitale n’a pas encore eu lieu dans le secteur de l’assurance. Mais elle est devant nous. L’arrivée d’un Amazon, d’un Alibaba ou d’un Google comme assureur de plein exercice est très probable. Par leur capacité inégalée de collecte et de traitement de données de santé et de mode de vie, ils ont une puissance commerciale gigantesque et une puissance financière qui leur permet de faire du dumping tarifaire suffisamment longtemps pour s’imposer, et rapidement, explique-t-il. La MAIF, malgré ses 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, n’est que le cinquième assureur français », déclare-t-il, pour amasser la place du groupe dans la rivalité mondiale.

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LJD

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