La dégringolade du volontariat international, victime de la crise

La dégringolade du volontariat international, victime de la crise

D’habitude, plus de 10 000 jeunes diplômés – dont une bonne partie est issue de grandes écoles – partent à l’étranger dans le cadre d’un volontariat international, en entreprise (VIE) ou en administration (VIA). Créée en 2000 pour remplacer la coopération et gérée par l’agence Business France, cette formule d’expatriation, réservée aux moins de 28 ans et d’une durée de six à vingt-quatre mois, doit son succès à sa formule simple. Pour nombre de jeunes diplômés, le volontariat international constitue une occasion en or pour vivre, en toute sécurité, une première expérience professionnelle à l’étranger.

Pour les employeurs, c’est un recrutement facilité, exempt de charges sociales. Les démarches administratives sont assurées par l’agence, qui signe un contrat avec l’entreprise et le jeune et assure son suivi. Le dispositif donne droit à une couverture sociale et garantit un salaire forfaitaire confortable, indexé en partie sur le coût de la vie du pays, et défiscalisé.

Mais, ces derniers mois, les départs en mission ont souffert des restrictions de déplacement liées à la pandémie. Début novembre, ils étaient en baisse de 30 % par rapport à novembre 2019. « Une baisse inédite après dix ans de croissance ininterrompue », déplore Christophe Monnier, directeur du programme VIE au sein de Business France. Au total, le nombre de missions en cours devrait reculer de 20 % en 2020 par rapport à 2019.

Pas de VIE aux Etats-Unis

Si les départs, depuis l’été, ont repris vers certaines destinations – en Europe, en Asie ou en Afrique –, une bonne partie de l’Amérique latine et du Moyen-Orient, ainsi que l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, restent inaccessibles au volontariat international. Emmanuel, 22 ans, étudiant qui termine un double cursus ingénieur-manageur au Pôle universitaire Léonard-de-Vinci, à Paris, est déçu par la quasi-absence d’offres en Colombie, où les affectations sont temporairement suspendues. « Schneider Electric est intéressé par mon profil, mais pour l’instant les recrutements sont gelés », explique-t-il.

Surtout, la fermeture des frontières américaines, destination numéro un des VIE, pèse lourdement sur les recrutements. « On va devoir embaucher des gens en local au lieu de prendre des VIE, c’est vraiment dommage », regrette le Français Rémi Aubert, cofondateur de l’entreprise AB Tasty, implantée aux Etats-Unis, et qui emploie chaque année des jeunes en VIE.

Depuis le début de la crise, Business France s’est creusé les méninges pour tenter de sauver les missions quand les départs étaient impossibles. En proposant, par exemple, aux entreprises françaises basées à l’étranger d’embaucher des Français ou des binationaux présents dans le pays. Un millier de jeunes ont également démarré leur VIE dans l’Hexagone, le temps que la situation sanitaire se débloque, et en espérant partir dans les mois suivants. Parfois, ils ont été rebasculés vers d’autres pays ou embauchés directement en France.

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LJD

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