Il est nécessaire d’établir une réforme de l’impôt sur le revenu en France
Marc de Basquiat Economiste
Pour l’économiste Marc de Basquiat, la cession de la mesure par la Finlande le certifie : l’enjeu du rétribution de base est surtout fiscal. Il regrette que l’Etat français empile des procédés sociaux compliqués et inefficaces.
Après trois années d’inquiétude médiatique, le gouvernement finlandais a éclairci qu’il ne donnera pas suite à l’application d’un prétendu « revenu de base » de 560 euros, qu’il a partagé pendant deux ans à 2 000 Finlandais tirés au sort parmi les plus désavantagés. En réalité, le dispositif testé n’avait qu’un vague cousinage avec ce que serait un véritable revenu universel : fiscal, individuel, à tous, sans condition. Refermer cette parenthèse approximative permet de reprendre l’étude de propositions plus sérieuses.
Car l’augmentation d’intérêt mondial sur la thématique du revenu universel est impressionnante. Depuis cinq ans, plusieurs articles et d’études plus ou moins fantaisistes sont diffusés chaque mois sur le sujet. En juin 2016, le monde entier observait le référendum suisse, qui proposait aux citoyens d’étudier une proposition délirante : 2 300 euros pour tous, chaque mois. La campagne présidentielle française n’y a pas fui, avec le passage d’une comète Hamon qui a semé une insuffisance massive sur son sillage.
Piège infernal
Pour les 2 000 adultes choisis en janvier 2017 parmi les sans-emploi de 25 à 58 ans, le « revenu de base » administré par KELA, la Sécurité sociale finlandaise, a modifié tout ou partie de l’allocation-chômage par une allocation d’un montant forfaitaire, 560 euros, assortie d’une promesse : vous la garderez jusqu’à fin 2018 même si vous retrouvez un travail. Normalement, certains ont estimé une prestation qui augmentait leurs ressources ou lissait des revenus irréguliers. Mais ont-ils retrouvé le chemin du travail pour autant ?
En Finlande, un euro encaissé par son travail, c’est presque autant de perdu sur ses prestations sociales
L’objectif du gouvernement finlandais était d’étudier une parade contre la désincitation massive induite par des prestations sociales très généreuses – clairement plus qu’en France. En Finlande, récupérer un travail ne paie pas. Un euro gagné par son travail, c’est presque autant de perdu sur ses prestations sociales. Un piège infernal.
Le ministre des finances, Petteri Orpo, président du Parti de la coalition nationale, a expliqué les premiers résultats de l’application, rappelant d’abord qu’il y était opposé dès l’origine. Le fait qu’il n’ait pas examiné d’encouragement à reprendre un emploi certifie son impression première. Il recommande aujourd’hui une simplification importante de la protection sociale, des allocations conditionnelles d’un niveau possiblement inférieur aux 560 euros testés et des mécanismes motivants qui auraient prendre la forme de dispositifs fiscaux.