Fonderies : les représentants des salariés dénoncent le « foutage de gueule » du plan de Bercy

Fonderies : les représentants des salariés dénoncent le « foutage de gueule » du plan de Bercy

Des syndicalistes CGT de la Fonderie de Bretagne participent à un mouvement de grève, le 23 mars, à Caudan (Morbihan).

« Personne ne sortira jusqu’à ce qu’on obtienne ce qu’on demande. Faut arrêter de se foutre de notre gueule ! » lance Maël Le Goff, délégué CGT à la Fonderie de Bretagne, à Caudan (Morbihan). Depuis 11 heures, mardi 27 avril, des engins de chantier bloquent les sorties de l’usine, empêchant toute personne, et notamment la direction, de quitter le bâtiment. Les camions d’expédition sont également paralysés.

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Une montée de tension soudaine, dans cette usine où plusieurs centaines de salariés s’étaient déjà mobilisés le 23 mars contre la décision de Renault de mettre en vente la fonderie dans le cadre de son plan d’économie. C’est une visioconférence qui s’est tenue lundi 26 avril, réunissant tous les représentants de la filière fonderie, le ministre de l’économie, la ministre du travail et la ministre déléguée à l’industrie, qui a mis le feu aux poudres.

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Alors que plusieurs fonderies françaises sont menacées de fermeture, dans la Vienne, l’Indre, le Jura et l’Aveyron, et que la fonderie FVM de Villers-la-Montagne (Meurthe-et-Moselle) vient d’être liquidée, les salariés espéraient que cette réunion ouvre des perspectives d’avenir à un secteur dans la tourmente. Elles sont confrontées à la disparition des moteurs diesel à court terme, et à la fin de la vente des moteurs thermiques votée en France pour 2040, leur cœur de métier. Un rapport de 2020 prédisait que plus de 40 % des emplois de la filière pourraient disparaître d’ici dix ans, soit plus de 5 000 postes.

« Ce sont les industriels qui décident, non les politiques ! »

A l’issue de cette réunion, Bercy a annoncé un « plan d’action » dont la mesure phare est la création d’un « fonds exceptionnel d’accompagnement et de reconversion des salariés », doté de 50 millions d’euros, dont 20 millions d’euros apportés par les constructeurs Renault et Stellantis.

« En somme, c’est un plan de 50 millions pour reclasser et licencier les salariés ! enrage Maël Le Goff. Ce que j’ai vu lors de cette visio, c’est que ce sont les industriels qui décident, non les politiques ! On nous fait de beaux discours sur la souveraineté industrielle et les relocalisations, mais derrière c’est De Meo [Luca de Meo, directeur général de Renault] et Tavares [Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, ex-PSA] qui font leur loi ! »

L’écho est le même dans les autres fonderies françaises, notamment celles du Poitou, placées en redressement judiciaire, vendredi 23 avril. « En gros, l’Etat et les constructeurs nous disent “On ne peut plus rien faire pour enrayer la chute des fonderies, donc on met 50 millions pour licencier les gens !” Alors que nous, ce qu’on veut, c’est de l’argent pour investir dans l’outil de travail ! », insiste Jean-Philippe Juin, délégué CGT de la Fonderie Alu du Poitou. « C’est du foutage de gueule ! fulmine son collègue, Alain Delaveau, délégué CGT de la Fonderie Fonte. Les constructeurs donnent 20 millions ? Mais si on en est arrivés là, c’est de leur responsabilité à eux, les donneurs d’ordres ! »

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