Fermeture de « Vice France » : la direction évoque des finances « préoccupantes », les salariés dénoncent une mauvaise stratégie

Fermeture de « Vice France » : la direction évoque des finances « préoccupantes », les salariés dénoncent une mauvaise stratégie

Vice France n’existera plus d’ici la fin du mois de mars. Paul Douard, le rédacteur en chef du pure player, ainsi que plusieurs membres de la rédaction ont annoncé l’avis de décès du bureau français de Vice après quinze ans d’existence, lundi 27 février sur Twitter. Vingt-cinq personnes en contrat à durée indéterminée devraient ainsi être licenciées d’ici la fin du mois prochain pour « motif économique ».

Le média 100 % numérique nourrissait également son site en faisant appel à des journalistes pigistes, qui feront bientôt les frais de cette disparition soudaine. Avec sa ligne éditoriale alliant des enquêtes sérieuses et des témoignages originaux, notamment reconnaissable par ses titres accrocheurs et un ton libre, voire irrévérencieux, le pure player à destination des 15-35 ans avait su se distinguer de ses concurrents Brut, Slate, Le HuffPost ou encore Konbini.

Cette annonce intervient quatre jours après la démission de la directrice générale de Vice Media, Nancy Dubuc, alors que le groupe ne parvient pas à monétiser son audience et chercherait à être racheté. Valorisé à 5,7 milliards de dollars en 2017, il vaudrait considérablement moins aujourd’hui, autour de 1,5 milliard, selon le Wall Street Journal.

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« Œillères » et « condescendance »

Contactée, l’entreprise n’a pas souhaité faire de commentaire, mais fait notamment valoir dans un courrier envoyé à ses salariés et que Le Monde a pu consulter qu’elle fait « face à une situation financière préoccupante depuis plusieurs années » et que « la crise sanitaire liée au Covid-19 a renforcé les difficultés existantes ». Vice Media fait le choix de fermer sa filiale française, après son bureau espagnol en 2020, estimant que la situation économique va continuer à se détériorer en 2023.

Mais cette version est difficile à digérer pour les salariés du média français. En interne, sous le couvert de l’anonymat, on déplore de « mauvais choix stratégiques » comme la fermeture de la régie publicitaire Virtue en 2020 ou la voilure réduite pour la verticale i-D, une plate-forme mettant en avant les talents dans la mode, la culture et la jeunesse. L’ancien rédacteur en chef adjoint Louis Dabir a par ailleurs jugé sur Twitter lundi que Vice France avait été « très mal exploité par les dirigeants américains et anglais, enchaînés par leurs œillères et leur condescendance ».

Si le chiffre d’affaires de la publicité de la branche française avait diminué de 5 millions à 4 millions d’euros entre 2021 et 2022, il repartait à la hausse depuis le début de l’année 2023, assurent plusieurs sources. Des arguments qui n’ont pas convaincu Vice Media. La directrice Europe des ressources humaines a convoqué les salariés pour un appel en ligne le 3 février pour leur annoncer, le jour même, les intentions du groupe américain, fondé au Canada en 1994. Une décision officiellement confirmée aux salariés le 23 février.

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LJD

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