Face aux effets du changement climatique sur la santé au travail, « les entreprises ne sont pas suffisamment mobilisées »

Face aux effets du changement climatique sur la santé au travail, « les entreprises ne sont pas suffisamment mobilisées »

L’année 2022, marquée par des records de chaleur et une sécheresse historique, a montré à quel point le travail était également touché par le changement climatique. Les travailleurs ressentent une combinaison d’effets du climat sur leur santé, allant de la pénibilité induite par des environnements de travail non adaptés à une remise en question du sens même du travail.

Depuis octobre, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s’est saisi du sujet, pour un avis qu’il doit remettre le 25 avril, et qui s’appuie sur une enquête publiée mi-février. Jean-François Naton, conseiller au CESE désigné par la Confédération générale du travail (CGT) et corapporteur de l’avis « Travail, santé-environnement », livre son analyse et des pistes pour mieux prendre en compte l’impact du climat sur la santé des travailleurs.

Existe-t-il une prise de conscience générale sur le changement climatique dans le monde du travail ?

Individuellement, les travailleurs ont conscience que les activités humaines sont à l’origine du changement climatique, et ils estiment que cela a ou aura des conséquences importantes sur les situations de travail. Notre enquête, qui s’appuie sur des auditions et une consultation en ligne ayant recueilli les réponses de 1 922 participants, suggère que cette prise de conscience est liée à la formation : 34 % des salariés ont suivi ou prévoient de suivre une formation sur le sujet, organisée par leur employeur ou de leur propre initiative. Les participants à notre enquête considèrent que le travail doit être une solution pour lutter contre le changement climatique et que sa transformation est nécessaire pour minimiser son impact négatif sur la planète. Une bascule est à l’œuvre.

Quels effets sur la santé au travail sont ressentis à cause du changement climatique ?

Certains métiers cumulent les pénibilités : transport, organisation et conditions de travail, manque de récupération, etc. Nous avons là une situation potentiellement explosive pour la santé des travailleurs. Pendant les périodes de canicule, les nuits non réparatrices entraînent une accumulation de fatigue et d’épuisement. En raison de la chaleur, les conditions de travail à l’intérieur, dans les bâtiments avec des baies vitrées par exemple, peuvent également se dégrader.

Les travailleurs sont confrontés – et le seront de plus en plus – à la promiscuité et à d’autres perturbations dans les transports entre leur domicile et leur lieu de travail. Par ailleurs, le changement climatique va accentuer le sentiment de perte de sens au travail. Notre pays souffre d’une crise du travail depuis plusieurs années. Pour un tiers des répondants à notre enquête, à cette question ancienne s’ajoute aujourd’hui ce que l’on appelle de l’éco-anxiété. Elle résulte des interrogations sur la finalité de l’engagement dans le travail : « Mon travail participe-t-il à la destruction de la planète ? » ; « En gagnant ma vie, est-ce que je détruis celle de mes enfants et petits-enfants ? » ; « Pourquoi je travaille ? » Il existe une vraie attente pour travailler autrement.

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LJD

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