Enquêtes au cœur du capitalisme des plates-formes

Enquêtes au cœur du capitalisme des plates-formes

« Les nouveaux travailleurs des applis », coordonné par Sarah Abdelnour et Dominique Méda. PUF, 128 pages, 9,50 euros.
« Les nouveaux travailleurs des applis », coordonné par Sarah Abdelnour et Dominique Méda. PUF, 128 pages, 9,50 euros.

Le livre. Le terme d’ubérisation a fait son entrée dans le dictionnaire. Il s’agit, d’après Le Robert, de « transformer [un secteur d’activité] avec un modèle économique innovant tirant parti du numérique ». D’après la définition, le numérique constitue donc une occasion, si ce n’est un prétexte, de transformer le fonctionnement d’un secteur d’activité et de modifier les règles du jeu en matière de travail et d’emploi. Mais s’agit-il de sortir du modèle ancien par le haut, en favorisant le progrès et l’émancipation, ou par le bas, par une dégradation du sort des travailleurs ?

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Entre une vision enchantée d’une économie innovante et collaborative et des inquiétudes sur la prolétarisation des travailleurs à la tâche, le débat est très polarisé et mérite d’être complété par des enquêtes empiriques approfondies, souligne Sarah Abdelnour. Maîtresse de conférences en sociologie à l’université Paris-Dauphine, elle coordonne avec Dominique Méda, professeure de sociologie dans la même université, l’ouvrage Les Nouveaux travailleurs des applis (PUF).

Fruit de la collaboration d’une équipe de chercheuses et chercheurs en sociologie, en sciences politique et en droit, le texte analyse les résistances et les régulations de ces nouvelles activités. L’équipe a interrogé des travailleurs des plates-formes par le biais d’enquêtes qualitatives et quantitatives. Certaines plates-formes externalisent du travail qui ressemble à de l’emploi, d’autres proposent des microtâches à réaliser en ligne, d’autres transforment des loisirs en source de revenu complémentaire, tandis que d’autres encore font venir en ligne des professionnels.

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La recherche collective s’est rassemblée derrière le concept de capitalisme de plate-forme. La notion met l’accent sur la création de valeur et son partage, inégalitaire, entre, d’une part, les détenteurs des algorithmes, sites et applications hébergées par les plates-formes et, d’autre part, les travailleurs présents sur celles-ci.

« Illusion romantique et trompeuse »

Parler de capitalisme de plate-forme permet de mobiliser d’autres concepts comme le « digital labor », une notion qui rassemble les « like » de Facebook, les commentaires laissés sur différents sites ou encore les codes dits « captcha » [tests d’identification] que l’on déchiffre régulièrement sur Internet.

Les enquêtes menées donnent lieu à plusieurs chapitres qui proposent chacun un prisme différent : « Quelle est la structuration sociale du capitalisme de plate-forme ? » « Quelles inégalités apparaissent derrière l’idéal collaboratif ? » « Quelles sont les fonctions exactes de la plate-forme ? » Ou encore « Quelles régulations sont mises en place face à ces nouveaux acteurs économiques » ?

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LJD

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