En Afrique du Sud, le parcours des problèmes pour avoir un job

En Afrique du Sud, le parcours des problèmes pour avoir un job

Des partisans du nouveau président Cyril Ramaphosa, à Johannesburg, le 12 mai, lors d’un rassemblement après la victoire de son parti, le Congrès national africain, aux élections générales.
Des partisans du nouveau président Cyril Ramaphosa, à Johannesburg, le 12 mai, lors d’un rassemblement après la victoire de son parti, le Congrès national africain, aux élections générales. Ben Curtis / AP

Cyril Ramaphosa, le nouveau président sud-africain,  qui sera assailli samedi 25 mai, s’est fixé une mission : réduire un chômage endémique, qui touche 27,6 %  de la population active et marque un jeune sur deux.

« Vous lui direz ? Vous lui parlerez à Cyril Ramaphosa que je ne trouve pas de travail malgré mes deux diplômes ? » Maurice Zondo, 25 ans, écume Vilakazi Street, la rue la plus touristique de Soweto, à Johannesburg. A défaut d’un travail, le jeune homme mendie quelques pièces pour pouvoir manger. « Ma famille se plaint de moi. Mais j’ai fait des photocopies de mon CV, je les ai laissées partout depuis trois mois, et rien ! », se lamente-t-il.

Comme un jeune sur deux au pays de « Madiba », Maurice est sans emploi, un malheur qui touche 27,6 % de la population active, d’après les chiffres publiés mardi 14 mai par l’Institut sud-africain de statistiques. Suite directe d’une économie morose et d’un taux d’accroissement qui s’approche habituellement de zéro depuis 2008, le manque d’emploi sera la première des priorités de Cyril Ramaphosa, dont le parti – le Congrès national africain (ANC) – est sorti victorieux des élections générales du 8 mai. Et ce, malgré l’usure du pouvoir et le discrédit causé par des scandales de corruption qui ont plombé la présidence de Jacob Zuma (2009-2018). La performance est octroyée à Cyril Ramaphosa : rond et accommodant, il tranquillise les milieux d’affaires et apparaît comme l’homme de la situation pour rétablir l’économie.

Le triptyque chômage-drogue-criminalité

La tâche du nouveau président – qui sera assiégé samedi 25 mai à Pretoria – est grandiose : en Afrique du Sud, le chômage est structurel et devance les 20 % de la population active depuis 1994. Héritage du régime de l’apartheid sous lequel les populations noires ont été dépouillées de la terre et intentionnellement parquées en dehors des centres urbains où s’assemble l’activité économique, il se développe aussi par des raisons seulement démographiques : le nombre de créations d’emplois ne suit pas la croissance de la population. Comme ailleurs, la crise économique de 2008 et la dépendance du pays aux matières premières qui ont aggravé sa vulnérabilité aux nombreux licenciements dans le secteur des mines ont augmenté le phénomène. Enfin, le système éducatif, décrié de toutes parts, est au bord de l’implosion et ne fait qu’appuyer des différences qu’il serait censé corriger.

Dans le cas de Maurice, pas besoin d’explorer bien loin ce qui pourrait rejeter de potentiels employeurs : le jeune homme sort tout juste de prison, où il a parvenu ses certificats, en cuisine et en soudure. A lui seul, il incarne le triptyque infernal chômage-drogue-criminalité, qui intoxique la jeunesse sud-africaine, tout spécialement la génération des « Born Free », née après 1994, qui n’a pas connu l’apartheid.


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LJD

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