Des salariés à la recherche du sens perdu

Des salariés à la recherche du sens perdu

Le livre. Tout commence par un constat. Celui d’un « raz de marée ». « Aux Etats-Unis, depuis le printemps 2021, de 4 à 5 millions de salariés démissionnent chaque mois, un niveau sans précédent historique », expliquent Thomas Coutrot, statisticien et économiste, et Coralie Perez, socio-économiste, dans leur ouvrage, Redonner du sens au travail. Un phénomène aussi observé en France, « depuis les aides-soignantes et les employés de cafés-restaurants jusqu’aux magistrats ».

« Redonner du sens au travail. Une aspiration révolutionnaire », de Thomas Coutrot et Coralie Perez. Seuil, 160 pages, 13,50 euros.

Derrière ces départs, et les difficultés de nombreuses entreprises à recruter, « des salaires souvent bas, mais surtout des conditions de travail qui ne sont plus acceptées, du fait tout particulièrement d’un sentiment de perte de sens du travail ». « La crise du Covid est passée par là », jugent les auteurs. Elle aurait agi comme un révélateur, « pouss[ant] des millions de personnes à s’interroger » sur leur emploi et leur propre vie.

C’est précisément cette « perte de sens » que M. Coutrot et Mme Perez vont explorer au fil de leur essai. Quels en sont les ressorts ? Qui concerne-t-elle ? Quelles en sont les conséquences ? Quelles sont les tentatives menées par l’entreprise comme par les salariés pour « redonner du sens » ?

Pour ce faire, les auteurs questionnent notamment les statistiques, afin de mieux saisir le phénomène et d’écarter certains lieux communs sur le sujet. L’étude des données montre que les ouvriers sont tout aussi concernés par le sujet que les cadres. « Le sentiment d’inutilité, les conflits éthiques [ne pas être en accord avec ses propres valeurs éthiques et professionnelles] et l’impossibilité de développer ses aptitudes dans son travail font tout autant souffrir les salariés du bas de l’échelle que les autres », indiquent les auteurs.

Une hausse des conflits éthiques

De même, des enquêtes mettent en évidence que les professions en relation avec le public ou des clients trouvent davantage de sens à leur travail. Enfin, le recours massif au télétravail durant la pandémie a entraîné une hausse des conflits éthiques chez certaines professions.

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La financiarisation de l’économie, le management par le chiffre, les transformations digitales, la rigidité des process, les reportings incessants… Une conjonction de facteurs explique la perte de sens ressentie par les salariés. Des illustrations en sont données au fil des pages. On découvre des téléconseillers sous pression, dont le temps est toujours plus compressé pour répondre aux demandes des clients, des soignants qui doivent consigner toutes leurs activités et prendre en compte de multiples indicateurs, jusqu’au nombre de couches à distribuer aux résidents de maisons de retraite.

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LJD

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