Des livreurs à vélo ubérisés reprennent leur destin en main

Des livreurs à vélo ubérisés reprennent leur destin en main

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Publié aujourd’hui à 00h43

Il y a une vie après Uber Eats ou Deliveroo. On le comprend vite en pénétrant chez Olvo, une coopérative de livraison à vélo cargo créée par d’anciens livreurs des plates-formes numériques. Dans son local animé de 1 000 m2, à Paris, on passe d’un lieu de stockage des commandes à un autre, réfrigéré, avant d’arriver dans les rayons d’une épicerie en ligne. Plus loin, il y a l’atelier de réparation des vélos-cargos, qu’Olvo assemble sur place et vend aussi, et encore d’autres espaces, sous-loués à des entreprises. La coopérative emploie trente-quatre salariés, dont vingt sont sociétaires.

De son bureau, Jeremy s’occupe de la régulation des livreurs, à Paris, le 19 avril.

Parallèlement à l’essor des ventes de la petite reine et de la livraison à domicile, provoqué par la crise sanitaire, des coopératives de cyclo-logistique fleurissent un peu partout. « C’est un modèle encore en construction, dans lequel nous insistons sur la qualité de l’emploi, qui n’existe pas dans les plates-formes numériques » recourant à des microentrepreneurs, souligne Fatima Bellaredj, déléguée générale de la Confédération générale des sociétés coopératives et participatives – les SCOP –, qui accompagne les porteurs de projets. Pour les aider, cette organisation a créé, cette année, CoopVenture, un fonds d’investissement destiné aux coopératives, notamment numériques, doté, pour le moment, de 4,5 millions d’euros.

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Ces projets sont presque tous lancés par d’anciens livreurs « ubérisés », désireux de reprendre, collectivement, la main sur leur travail, de se salarier et de participer à la prise des décisions, selon la règle « un homme, une voix ». « L’objectif est de lutter contre la précarisation du métier, de sauver des livreurs de l’ubérisation », explique Paul Roudaut, ancien livreur chez Take Eat Easy, la plate-forme belge qui a fait faillite en juillet 2016, et cogérant élu d’Olvo avec Leeroyd Levi, le cofondateur, qui est, lui, un ancien du britannique Deliveroo.

D’autoentrepreneur à salarié

Pour le moment, le nombre de ces SCOP reste modeste. Elles sont une douzaine en France. « Une dizaine de porteurs de projets par trimestre viennent frapper aux portes des unions régionales des SCOP pour être accompagnés, précise Mme Bellaredj. Et une trentaine de structures sont en train de passer du statut d’association à celui de coopérative. Il y a un véritable élan. »

Un livreur ajuste son vélo à côté d’employés en pause, à Paris, le 19 avril.

Pour commencer, certains collectifs créent, en effet, une association de préfiguration, où les livreurs passent progressivement d’autoentrepreneurs à salariés, comme chez Naofood, à Nantes. Née en novembre 2018, elle réunit 12 livreurs de repas de restaurants sélectionnés. « On se prépare au passage en coopérative, explique Guillaume Blanchet, cofondateur de Naofood. Travailler ensemble, se faire confiance, cela s’apprend. » Aujourd’hui, l’association a un salarié et compte en avoir « huit ou neuf en mai ».

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LJD

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