Dépendance : « Qu’on le veuille ou non, tous les Français sont ou seront un jour aidants »
Aménagement des horaires, télétravail, congés élargis et rémunérés, des solutions existent pour concilier vie d’aidant et vie professionnelle, expliquent dans une tribune au « Monde », les chefs d’entreprise Emma Berger et Anne-Béatrice Sonnier.
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Tribune. Certains les appellent les « invisibles », ces onze millions de Français, d’aidants qui accompagnent, au quotidien, un proche en situation de dépendance en raison de son âge, d’un handicap ou d’une maladie. Soit un Français sur six et un salarié sur dix. Or, 79 % d’entre eux estiment avoir du mal à concilier vie d’aidant et vie professionnelle. Pas simple, en effet, de rester concentré, motivé et disponible pour son travail et ses collègues lorsqu’on consacre 16 heures par semaine à un proche.
Si on y ajoute le coût engendré – plus de 2 000 euros par an – et les déplacements incessants – la distance moyenne entre l’aidant et son proche est de 226 kilomètres – on se rend compte de l’enjeu majeur que cela représente pour les entreprises et la société dans son ensemble. Avec une population de plus de 85 ans qui devrait tripler au cours des 30 prochaines années, il est temps de prendre le sujet à bras-le-corps.
Et c’est bien ce qui semble en train d’émerger. Pour permettre, enfin, à tous les Français de pouvoir concilier vie d’aidant et vie professionnelle, tout commence par un contexte législatif adapté et favorable. Si, bien sûr, les entreprises peuvent beaucoup, le législateur reste celui qui impulse le changement et déploie le cadre nécessaire.
Amélioration législative
Si les lois de 2015 et de 2019 ne répondent pas à tout, elles changent néanmoins la donne. Alors que la loi de 2015, dite « loi de l’adaptation de la société au vieillissement », apporte des réponses concrètes pour améliorer le quotidien des personnes âgées mais aussi des aidants en leur garantissant un droit au répit et un congé de « proche aidant », la loi de 2019 vient renforcer le dispositif.
Publiée le 9 mai, elle vise spécifiquement à favoriser la reconnaissance des aidants, notamment dans le cadre de leur vie professionnelle. Avec deux mesures-phares : la mention de l’aidant dans le dossier médical partagé (DMP) de la personne aidée, et inversement ; la prise en compte obligatoire du sujet des aidants dans les négociations collectives de branches (article 1). L’avancée est incontestablement majeure.