Dans les transports publics, une pénurie « gravissime » de conducteurs

Dans les transports publics, une pénurie « gravissime » de conducteurs

Tendu. Le mot revient sans cesse. En cette rentrée, la bonne organisation des transports publics se heurte à une réalité : il manque partout des chauffeurs de bus, de car, de tramway et de train. Les entreprises – SNCF et sa filiale Keolis, RATP, Transdev et les milliers de petites sociétés d’autocar – jonglent avec les horaires, les vacances et les emplois du temps de leurs salariés, d’intérimaires et parfois de retraités pour maintenir le service, mais ça ne suffit pas toujours.

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C’est maintenant en dehors des transports scolaires que l’inquiétude monte. Le problème est national. Dans la métropole bordelaise par exemple, lors de la dernière réunion du comité social et économique de Keolis Bordeaux Métropole (KBM, filiale de la SNCF), le 7 septembre, « la direction a demandé à des agents de maîtrise de reprendre le volant, sur la base du volontariat », constate Mathieu Obry, représentant CGT et conducteur depuis 21 ans. Pour lui, il manque 50 chauffeurs, pour la direction une trentaine, mais les deux parties reconnaissent le problème. « Le recrutement de conducteurs pour les réseaux urbains est difficile et ce depuis plusieurs mois. », note Pierrick Poirier, directeur de KBM. Ce sous-effectif chronique a d’ailleurs entraîné des mouvements de grève locaux très suivis un peu partout en France : à Pau, Brive, Clermont-Ferrand, Caen, Dijon…

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En Ile-de-France, avec 12 millions de voyageurs quotidiens, la vigilance est au maximum. « En grande couronne parisienne, nous avions l’habitude de manquer de conducteurs de bus, car ils partaient tous à la RATP, explique François Durovray, président LR du département de l’Essonne en Ile-de-France et membre du conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports. Mais cette année, le phénomène est plus grave : ils quittent un métier qui manque d’attractivité ». Autre nouveauté, soulignée par l’élu : « On voit des tensions sur le personnel apparaître à la SNCF, ce qui n’avait jamais été le cas jusqu’à maintenant. Les conditions et les pratiques sociales de cette entreprise lui ont toujours permis d’avoir une réserve de conducteurs, or là ils n’ont plus de marge ».

Pénalités

Les effets sur la qualité de service commencent à s’en ressentir. En Essonne, M. Durovray reçoit des plaintes d’usagers de bus quotidiennement « mais chaque jour à propos d’une ligne différente. Comme si Keolis ou Transdev faisaient tourner les bus supprimés pour que ce ne soit pas toujours les mêmes personnes qui en subissent les conséquences » . Pour Jacques Baudrier, adjoint communiste à la Mairie de Paris et lui aussi administrateur d’IDFM, « dans la région, il manque maintenant 1 500 chauffeurs de bus, 9 % de l’effectif, contre 500 il y a six mois, et l’offre qui n’est pas satisfaite est de l’ordre de 9 %, (entre 5 et 25 % selon les centres bus) contrairement aux 3 % qu’on nous annonce ». Les démissions ou abandons de postes se multiplient, selon lui, ce que dément la RATP. Mais elle a tout de même dû verser 50 millions d’euros de pénalités à la région au premier semestre et même 9 millions de surpénalités pour non-conformité du service rendu.

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LJD

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